Les âmes d'Atala

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de quelques livres

En cette fin d’année, avant de tirer de nouveau le rideau pour rejoindre la grève contre tout, voici un petit tour de quelques maisons d’édition amies ou que nous apprécions. C’est toujours bien d’emmener un bouquin sur un piquet de grève, dans une occupation ou en manif quand on est nassé. Au pire, malgré ce qu’en pensent quelques-un-es, ça peut servir de projectiles comme le rappelle le Comité des Bons Conseils dans une des meilleures productions de l’année 2019 (paru fin 2018, réimprimé courant 2019 par les éditions des idées lumineuses), intitulée : L’Art de lancer des choses. Aux éditions du Chat Rouge, Les fous de l’absinthe :

Les fous de l'absinthe

Une anthologie de textes d’écrivains de la fin du XIXe siècle tels qu’Alphonse Allais, Emile Zola, Maurice Rollinat, Charles Baudelaire, Paul Verlaine et Guy de Maupassant sur le thème de la « fée verte », à savoir l’absinthe. Toujours dans ce format plaisant, Haut de forme, à la longueur alléchante. D’après le site des éditions sus nommées, leurs parutions sont annoncées être en suspens. Cette anthologie verte folle vient le contredire !

Aux éditions Libertalia, trois chouettes parutions. D’abord Sylvia Pankhurst, Féministe, anticolonialiste, révolutionnaire signée Marie-Hélène Dumas et qui revient sur une figure du mouvement des suffragettes. Camarade d’Emma Goldman, Rosa Luxemburg, Clara Zetkin, Alexandra Kollontaï et Angelica Balabanova, militante de la IIIe Internationale, elle contribue à la fondation du Parti communiste britannique avant d’en être exclue parce qu’elle refusa d’en suivre la ligne. Fille à pédés de Lola Miesseroff. Pour l’autrice, en lutte depuis sa jeunesse contre « le vieux monde », l’amour et l’exultation des sens sont aussi des armes de combat. Un combat qui ne vaut que s’il est vécu dans la dérision et la fantaisie, ce qu’avaient déjà pu constater les lectrices et lecteurs de son Voyage en outre-gauche. Et enfin, Cas rudes de Thierry Pelletier qu’on ne présente plus. « Ce que je retiens des quatre années passées au sein du centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour les usagers de drogue (caarud) de Mantes-la-Folie, c’est une bienveillance générale, un énorme effort de tolérance mutuel malgré les difficultés de la vie quotidienne, un attachement profond à ce lieu et donc une attention collective à son respect. […] J’ai été fortement ébranlé par le profond et continuel questionnement moral, éthique et spirituel exprimé sans détours par la plupart des cas rudes. Si cet aimable ouvrage peut contribuer à faire évoluer les représentations habituelles des citoyens normaux sur les shlags, les junks, les toxicos, j’en serais ravi. Si les hommes et les femmes qui m’ont fait l’honneur de bien vouloir me confier des pans souvent intimes de leur existence ne se sentent pas trahis une fois cet opuscule imprimé, et si mieux encore, la lecture de leur propre parole leur permettait de prendre définitivement conscience de la valeur et de l’intérêt de celle-ci, alors là, je serais comblé… ». Vla.

Quatre livres aux éditions de l’Echappée. D’abord le deuxième volume de La librairie Guy Debord, Poèsie etc. Une mine. « Poésie, etc. » rassemble un ensemble de citations choisies par Guy Debord, dont les auteurs ne sont parfois aucunement des poètes. Mais elles se caractérisent toutes par un regard lyrique sur l’existence, et une concision qui les font accéder avec plus d’intensité et d’immédiateté au cœur de ce qui nous bouleverse.

Germaine Berton : Une anarchiste passe à l’action de Frédéric Lavignette : Les lecteurs et lectrices d’Amer connaisse Germaine. Pour Germaine Berton, une seule obsession : tuer Léon Daudet, l’un des dirigeants royalo-nationalistes de L’Action française. À défaut, son homologue Charles Maurras pourra faire l’affaire. C’est finalement le chef des Camelots du roi, Marius Plateau, qui essuiera les tirs de son pistolet. L’affaire Berton peut alors commencer.

Les Ravages des écrans : Les pathologies à l’ère numérique de Manfred Spitzer, Traduit de l’allemand par Frédéric Joly. Tout est dans le titre dit-il en pianotant sur son clavier d’ordinateur !

Et enfin Samedi soir, dimanche matin d’Alan Sillitoe Traduit de l’anglais par Henri Delgove,  Préface de Jacques Baujard (libraire à Quilombo à Paris).  Œuvre majeure du groupe des « Angry Young Men » et de la littérature anglaise, Samedi soir, dimanche matin raconte avec une extraordinaire justesse les ravages du capitalisme industriel au sein de la classe ouvrière et la révolte quotidienne de ces rebelles désormais sans cause. Un roman culte, adapté avec succès au cinéma, qui a inspiré quantité d’artistes aussi divers que John King, Ken Loach, Madness, The Smiths ou encore les Arctic Monkeys. Notez la recension de Linda Lê dans En attendant Nadeau : « Alan Sillitoe l’enragé ».

Notez que l’Echappée, c’est aussi le nom d’une association, à Lille, qui a pour mission principale d’informer, soutenir et accompagner les personnes victimes de viols et d’agressions sexuelles. L’équipe de l’échappée est à votre disposition du lundi au vendredi, de 9h à 18h sur rendez-vous. Elles recevoivent les victimes au 19 Place Vanhoenacker à Lille. Vous pouvez les contacter par téléphone au 06 30 89 27 33 ou par e-mail, à info@lechappee-lille.fr.

Les éditions Jérôme Millon. Tout est évidemment à lire chez elles. Mais les trois dernières parutions devraient ravir les plus fidèles lecteurs et lectrices des Âmes. D’abord,  Vacher l’éventreur, Archives d’un tueur en série de Marc RENNEVILLE. Assassin de jeunes innocents, égorgeur, violeur, éventreur, récidiviste, Vacher incarne à la fois l’ogre des contes ancestraux et la figure du monstre criminel contemporain. Lorsque survient enfin l’arrestation en 1897 de celui qui fut nommé le Jack l’éventreur du Sud-Est, sa renommée surpasse celle de son prédécesseur londonien. En prison, le tueur en série parle et s’explique. Affirmant être un grand martyr, bras armé d’un dieu vengeur, Vacher tuait au hasard de ses rencontres pour punir la France. Plusieurs ouvrages ont été consacrés à ce tueur hors du commun depuis le film de Bertrand Tavernier, Le juge et l’assassin, sorti en 1976. Au regard de cette production, ce livre est une vraie nouveauté et fait rupture, s’appuyant sur un grand nombre d’archives jamais sollicitées. Il plonge le lecteur dans le temps de l’affaire, de l’enquête au jugement et éclaire les enjeux d’un cas criminel qui nous parle encore au présent.

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Dans ce bref récit biographique, Huysmans explore une période tourmentée, le Moyen Âge finissant, pour suivre l’itinéraire d’une figure d’exception, compagnon d’armes de Jeanne d’Arc et futur Barbe-Bleue de la légende. Retiré sur ses terres, ruiné par une vie d’excès, le baron de Rais va user de sorcellerie, s’adonner à l’hyperviolence et commettre le crime parfait. Gilles de Rais. La sorcellerie en Poitou n’avait plus paru depuis son édition originale en 1897. Le texte est ici suivi des passages que son éditeur avait alors censurés. Un incontournable pour les amateurs et amatrices de décadentisme.

Enfin, Traité sur les causes de la cruentation, de François RANCHIN, édition établie par Eva Yampolsky et précédée de « La médecine en modernité, au croisement des savoirs ». Postface de Serge Margel : « La part christique de la cruentation. Les exégèses bibliques de la voix du sang ». Vous ne trouverez pas ce genre de livre chez quelqu’un d’autre que Jérôme Millon ! Dans la Chanson des Nibelungen, les plaies de Siegfried se mettent à saigner à l’approche de son assassin. Dans Richard III de Shakespeare, alors que le convoi funèbre de Henri VI traverse Londres, les plaies du défunt roi se remettent à saigner au moment où apparaît le meurtrier. Pendant plusieurs siècles en Europe, il était classique de croire qu’un cadavre saignait lorsqu’il était mis en présence de son assassin. Devenu une référence majeure dès sa parution en 1640, le traité de Ranchin n‘a jamais été réédité. Il est resté important dans l’étude des pratiques médicales en matière juridique, de l’histoire de la justice, mais aussi des rapports étroits entre médecine et religion. Les textes réunis parlent de la cruentation, et aussi des «maladies et accidents qui restent après la géhenne, ou torture et estrapade des criminels», des «maladies et accidents  qui arrivent à ceux qui courent la poste». Ils vantent les vertus de l’huile rosat, du sambuc, de la poudre de roses, de myrtilles ou de myrte, des fleurs d’hypéricon, du bouillon-blanc, de l’absinthe, du sirop violat ou de nénuphar…

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Aux éditions du Sandre, le dernier sorti s’appelle Graphzine Graphzone de Xavier-Gilles Néret . C’est pas ce qu’on préfère dans la vie mais vla.

Vous pouvez toujours vous rabattre sur l’Anthologie Pataphysique De l’antiquité à nos jours : La pataphysique est universelle. Inventée par le Père Ubu lui-même, cette science de l’universelle Aberrance est aussi antique que lui : il naquit, on le sait, « des milliers d’années avant notre ère, du commerce d’un Homme-Zénorme avec une sorcière tartare », Elle est aussi éminemment contemporaine, l’actualité, tant politique que cultureuse ou autre, ne cessant de justifier sa définition par le même Ubu : « La pataphysique est une science que nous avons inventée et dont le besoin se faisait généralement sentir. »

Les éditions l’Assoiffé de Marseille, le tout dernier paru, Sante Caserio, Ce fut mon cœur qui prit le poignard :

Au moment où les derniers cavaliers de l’escorte passaient en face de moi, j’ai ouvert mon veston. Le poignard était, la poignée en haut, dans l’unique poche, du côté droit, à l’intérieur sur la poitrine. Je l’ai saisi de la main gauche et d’un seul mouvement, bousculant les deux jeunes gens placés devant moi, reprenant le manche de la main droite et faisant de la gauche glisser le fourreau qui est tombé à terre sur la chaussée, je me suis dirigé vivement mais sans bondir, tout droit au président, en suivant une ligne un peu oblique, en sens contraire du mouvement de la voiture. J’ai appuyé la main gauche sur le rebord de la voiture, et j’ai d’un seul coup porté légèrement de haut en bas, la paume de la main en arrière, les doigts en dessous, plongé mon poignard jusqu’à la garde dans la poitrine du président. J’ai laissé le poignard dans la plaie et il restait au manche un morceau de papier du journal. En portant le coup, j’ai crié, fort ou non, je ne puis le dire : « Vive la Révolution ! »

 

 

 

 

 

 

Un autre chouette livre au très beau titre : Je jure de venger par le verbe et par le sang, d’Evgenia Iaroslavskia-Markon.

« Avertissement : ne soyez ni étonnés ni troublés par ma sincérité. En fait, je suis convaincue que la sincérité est toujours avantageuse pour l’homme car si noirs que soient ses actes et ses pensées, ils le sont beaucoup moins que ce qu’en pense son entourage…  Autre avertissement : je n’écris pas cette autobiographie pour vous, messieurs des services de police (si vous étiez les seuls à en avoir besoin, je n’aurais jamais commencé à l’écrire !) – j’ai simplement envie moi-même de fixer ma vie sur le papier. […] J’écris pour moi. Écrire pour falsifier la réalité, ça n’a aucun intérêt. D’autant plus que je n’ai rien à perdre. Voilà pourquoi je suis sincère. »

 

 

 

 

 

 

Aux éditions Ni fait, ni à faire, que nous ne connaissons, le livre de quelqu’un qu’on connait bien, fidèle lecteur des âmes, abonné à LADA et contributeur dans le tout premier numéro d’Amer, revue finissante : Johan Grzelczyk. Il signe un livre de poésie qui se lit d’un trait, avec quelques fulgurances : Données du réel.

 

Chez La Contre Allée, Les enfants verts d’Olga Tokarczuk évidemment.

Et bientôt, le nouveau bouquin d’Amandine Dhée, A mains nues : Dans À mains nues, Amandine Dhée explore la question du désir à la lumière du parcours d’une femme et de ses expériences sexuelles et affectives. Comment devenir soi-même dans une société où les discours tout faits et les modèles prêts à penser foisonnent? La narratrice revisite toute sa vie, de l’ enfance à l’âge adulte et se projette à l’âge de la vieillesse. La réflexion féministe apparaît à chacun de ces âges de la vie. Amandine Dhée poursuit ainsi la réflexion entamée en 2017 avec La femme brouillon sur la représentation des femmes dans l’imaginaire collectif et leur émancipation.

http://www.lacontreallee.com/sites/default/files/mainsnues-couv.jpg

Aux éditions L’Insomniaque : Tant qu’à lire un livre sur les Gilets Jaunes, ça sera celui-ci. Il n’y avait que l’Insomniaque pour sortir ce petit opuscule : Ahou ! Ahou ! Ahou ! Novembre 2018- avril 2019 : les dos prennent la parole et les échines se redressent. Livre Collectif

Au printemps 2018, la classe dirigeante se frottait les mains : elle avait solidement installé sur le trône de France le plus fidèle exécutant de son projet de domination totale. Un an plus tard, le pouvoir, massivement conspué et contraint à la reculade, est aux abois. Le peuple s’est éveillé. La plus formidable, la plus persistante des révoltes sociales depuis un demi-siècle a éclaté, donnant naissance au mouvement des Gilets jaunes et à son cortège d’actes de rébellion. Une prise de conscience collective a eu lieu sur les ronds-points, dans les défilés sauvages, dans les échanges de points de vue – et face aux mensonges et dissimulations des grands médias publics et privés. Des citoyennes et des citoyens, réunis par la colère, se sont mis à palabrer, à chanter leurs rêves et hurler leurs dégoûts, à échanger leurs idées et à dépasser leurs préjugés. Nombre d’entre eux ont inscrit quelques mots, qui leur venaient des tripes, au dos de leur gilet fluo. La réunion d’une centaine de ces dos en verve, dans un petit album photo loquace, forme une contribution, modeste mais instructive, aux débats qui sont nés du mouvement. À ces dos – qui parlent et grondent, qui crient et rient –, nous avons joint des propos de Gilets jaunes, ainsi que quelques informations et quelques observations de notre cru.

Excellent aussi, Les communautés affinitaires et dissidentes, des origines jusqu’au XXe siècle de Kenneth Rexroth, traduction : Hervé Denès, encore chez l’Insomniaque.  Les communautés affinitaires dissidentes remontent à la plus haute antiquité. C’est leur histoire tumultueuse que Kenneth Rexroth relate dans ce livre, publié aux États-Unis en 1974, au soir de sa vie de poète et d’en-dehors. Les millénaristes du Moyen Âge et de la Renaissance puis les communautés utopiennes des deux derniers siècles ont incarné la quête optimiste, du partage des ressources et des émois, inspirée par le rejet de l’ordre établi. Ces courants très divers – ascétiques ou orgiaques, mystiques ou « matérialistes » – constituent une tendance historique constante que Rexroth nomme le communalisme. Ce récit montre comment une foi teintée de messianisme a continué d’imprégner les tentatives de mise en commun, même quand elles étaient laïques et « scientifiques » – comme celle des fouriéristes, icariens et autres anarchistes, à une époque où la révolution ne semblait pas impossible. Rexroth évoque aussi longuement les communautés affinitaires qui se sont formées aux États-Unis jusqu’en 1974. Ce livre sortira, en France, en mai 2019 – en un printemps qui suivra un « hiver du mécontentement » et pourrait fort bien le prolonger. Ces périodes de troubles sociaux sont généralement propices aux interrogations, sur la nature inégalitaire et grisâtre, coercitive et lacrymogène de la société.

Chez les autres copains et copines des Éditions du bout de la ville qu’on salue évidemment, Plein le dos. Et ouais, toujours ! Depuis novembre 2018, le gilet jaune est devenu l’emblème de la lutte, son talisman. Il donne de la force à celles et ceux qui le portent, et des cauchemars au gouvernement. Au dos du gilet, chacun, chacune, raconte la survie quotidienne, le travail, la violence policière, les espoirs de changement, de révolution. Des blagues, des insultes, des chansons, des citations aussi. Une culture populaire, fière et fraternelle, s’affirme face à l’exploitation ordinaire et au mépris de classe. Ce livre propose une sélection de 365 dos de gilet. Il a vu le jour grâce au collectif Plein le dos, qui recueille des milliers de photographies depuis le début du mouvement. Les bénéfices seront reversés à des caisses de solidarité avec les blessé.e.s et les inculpé.e.s

Aux éditions Gay Kitsch Camp, Au Poiss’ d’or roman paru en 1929 et qui capture toute la gouaille, la truculence – et la violence – d’un Paris bohème aujourd’hui disparu. Alec Scouffi explore les marges, raconte les bas-fonds et dresse la chronique d’une époque où l’homosexualité se vivait sous la menace permanente de la répression. Il fut d’ailleurs lui-même une personnalité de ce monde souterrain, au point que plusieurs romans de Patrick Modiano se font l’écho de l’aura mystérieuse entourant son existence sulfureuse (Livret de famille, 1977 ; Rue des boutiques obscures, 1978 ; Paris Tendresse, 1990).

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En passant, vous pouvez télécharger ICI la nouvelle livraison du bulletin Négatif au format pdf ! Merci Claude.

Chez Lux, Pour elles toutes, femmes contre la prison de Gwenola Ricordeau. «Comprendre comment s’est tissée notre dépendance au système pénal est un travail long et minutieux. Il faut détricoter de ce côté-là pour pouvoir, de l’autre, tisser ensemble féminisme et abolitionnisme pénal. Parce que féministe tant qu’il le faudra et abolitionniste tant qu’il y aura des prisons.» Les luttes féministes et les luttes pour l’abolition du système pénal et de la prison sont souvent présentées comme antagonistes. Le présent ouvrage vise à délier ce nœud en explorant les formes de protection que les femmes peuvent (ou non) attendre du système pénal et en mettant en lumière les manières dont celui-ci affecte leur existence, qu’elles soient incarcérées ou qu’elles aient des proches en prison. Le système pénal protège-t-il les femmes? Que fait-il aux femmes qui y sont confrontées? Faut-il inscrire les luttes féministes sur le terrain du droit? En répondant à ces questions, Gwenola Ricordeau dénonce la faiblesse de la proposition politique des courants féministes qui promeuvent des réponses pénales aux violences contre les femmes. Critique du «féminisme carcéral», elle plaide pour des formes d’autonomisation du système pénal. Ce livre expose d’abord un ensemble de critiques du système pénal formulées par l’abolitionnisme et qui constitue mon cadre d’analyse (chapitre 1).  Il décrit ensuite comment les femmes sont spécifiquement affectées par l’existence du système pénal, et de la prison en particulier, qu’elles soient victimes (chapitre 2), judiciarisées (chapitre 3) ou qu’elles aient des proches en prison (chapitre 4).  Il montre ensuite que, du point de vue de ces femmes, l’analyse de certains développements répressifs du féminisme suggère fortement d’articuler, sur les plans théorique et politique, le féminisme et l’abolitionnisme pénal (chapitre 5). Il propose enfin des pistes concrètes pour s’émanciper du système pénal et construire notre autonomie (chapitre 6).

Chez Les Belles lettres, plein de jolies choses évidemment. Et pourquoi pas La Guerre du Péloponnèse de Thucydide, traduit par Jacqueline de Romilly, Louis Bodin et Raymond Weil. Écrire « un trésor pour l’éternité » telle était l’ambition de Thucydide. Elle fut amplement satisfaite : La Guerre du Péloponnèse n’a jamais cessé d’être lue et reste de nos jours un des chefs-d’œuvre de la littérature antique.

La Guerre du Péloponnèse

Au rayon pas encore sorti, on signale Lettres volées, roman d’aujourd’hui de Robert d’Humières aux éditions ErosOnyx. Dans les mémoires de Jacques Porel parus en 1952, on lit : « […] Je commençai à penser que la chance n’avait jamais servi cet homme, brillant, exceptionnel, qu’il n’avait pas eu sa place, qu’il ne l’aurait jamais. Il ne l’a toujours pas. Il m’arrive de parler de lui à Colette, quand je la vois. Elle pense comme moi : Robert d’Humières, grand traducteur, était aussi un bel écrivain. Il a écrit un roman, Lettres volées, que peu de gens ont lu. Le livre est beau et mériterait d’être réédité. On devrait le faire et en demander la préface à Colette qui a très bien connu d’Humières. » Ce sera chose faite en 2020. Avec une préface d’Alain Stoeffler et deux dossiers, qui s’appuient sur Proust et Colette, autour de Robert d’Humières, pour tenter d’éclairer le secret qui entoure le personnage complexe qu’il fut.

A paraître toujours, une affiche en guise de livre : Citrouillage (fort imminent) du prince aux éditions Pontcerq.  Ce livre est, en son apparence même, étonnant : une fois déplié il ne contient aucune page ; il n’est que sa couverture (umgestülpt). Il ressemble alors à une affiche – en est-il une ? – et en cela suit un précepte proposé par W. Benjamin : contre le geste ambitieux et universel du livre, tenter celui de l’affiche – adapté à l’urgence de l’époque – qu’après tout il nous faut bien nous aussi, éditeurs, libraires, diffuseurs, tâcher de prendre au sérieux, de quelque manière… Alors en effet ce Citrouillage (fort imminent) du prince est à comprendre comme la transformation en affiche de L’Apocoloquintose, publié en mai 2019 par les éditions Pontcerq. Le livre rejoint le mur, la rue.

Chez les copains copines de Nada éditions, un classique à (re)paraître : Boxcar Bertha Sœur de la route : États-Unis. Années 1930. La Grande Dépression. Bertha Thompson, alias Boxcar Bertha, n’a pas un sou en poche, mais soif de liberté. Elle part brûler le dur. À travers les aventures de cette vagabonde anarchiste, c’est une autre histoire des États-Unis qui  nous est contée, celle des Hobos, prolétaires itinérants, des syndicalistes révolutionnaires et des bohèmes, des laissés pour compte du progrès et des victimes de l’exploitation capitalise, des hors-la-loi et des marginaux. Publié pour la première fois en 1937 et porté à l’écran par Martin Scorsese en 1973, Boxcar Bertha est un classique du road novel et un témoignage vivant sur l’Amérique d’en bas.

Bon, tout le monde y va du sien : La Révolte des gilets jaunes Luttes de classes en France par le collectif Ahou Ahou Ahou chez Niet éditions. Ça devrait sortir début 2020 : Les Gilets jaunes semblent défier le pouvoir autant que l’analyse. Basé sur des expériences directes, ce petit livre interroge les pratiques qui s’y sont déployées – et parfois confrontées. Alors que chaque nouvelle séquence de la lutte a semblé effacer la précédente, on en retrace ici l’enchaînement : des blocages aux émeutes, des occupations de ronds-points aux assemblées populaires, des appels à l’unité avec les forces de l’ordre à la critique de la répression. Surgie et demeurée en dehors des cadres des forces politiques classiques, que nous dit cette révolte du cours de la lutte des classes ? Quels sont les mouvements qui l’agitent ? Quels débordements de l’ordre social laisse-t-elle entrevoir ?

Au éditions du Murmure qu’on aime bien aussi : Céroplastie, Immortaliser le corps de LATOUR Nathalie,  Quelle réalité précise recouvre ce terme ? Il s’agit de l’art étrange qui consiste, à l’aide de cire alliée à la connaissance de techniques anciennes, à reproduire les corps, l’anatomie du vivant. La texture de la cire, sa translucidité et sa vaste gamme chromatique en font le matériau idéal pour immortaliser, rendre le corps permanent pour ainsi le ravir à la destruction naturelle. Cet ouvrage inédit propose de dresser le récit historique de la céroplastie en associant œuvres et artistes dans le contexte de création de ces derniers siècles. Il vise à restituer l’importance de ces sculptures tant dans le domaine artistique que dans celui des avancées de la connaissance.

En octobre 2020 sortira chez Agone, Race et sciences sociales Une socio-histoire de la raison identitaire de Stéphane Beaud et Gérard Noiriel. D’ici, là débrouillez-vous, ah ah ! « Ce livre aborde une question sensible dans les sciences sociales contemporaines. Sur le terrain de la “race”, toute prise de position est perçue comme une concession à l’adversaire, voire à l’ennemi. L’urgence d’y voir clair n’en est que plus grande. D’abord parce que le langage identitaire est devenu incontrôlable et peut servir toutes les manipulations. Ensuite parce que dans les discours publics, la “race” fonctionne désormais comme une variable bulldozer qui écrase toutes les autres. Enfin parce que le langage identitaire prive le combat anti-raciste de son référent universaliste. Notre ambition est d’éclairer comment les sciences sociales d’aujourd’hui peuvent subir cette évolution ou y contribuer, et de rappeler qu’on ne peut rien comprendre au monde dans lequel nous vivons si l’on oublie que la classe sociale reste le facteur déterminant auquel s’arriment les autres dimensions de l’identité des personnes. » Stéphane Beaud et Gérard Noiriel montrent comment l’explosion du langage racialisant s’enracine dans une longue histoire, qui commence à l’époque du premier empire colonial et aboutit à une rupture dans les années 1980. Le clivage qui opposait une droite associée à la nation à une gauche centrée sur la classe s’effondre alors, et des élites de tous bords convergent pour placer les polémiques identitaires au centre du débat public, qu’elles ne quitteront plus.

couverture

Et toujours chez Agone,  Les Anarchistes dans la ville Révolution et contre-révolution à Barcelone (1898-1937) de Chris Ealham. Chris Ealham donne une étude complète du mouvement anarchiste barcelonais, épicentre de la révolution de l’été 1936 en Espagne. À rebours de l’image bien connue de la Barcelone de Gaudi, symbole de l’utopie moderniste, il rappelle la réalité cauchemardesque d’une capitale de la misère grandie trop vite. Le fossé entre les deux villes, bourgeoise et populaire, y est plus profond qu’ailleurs, et tourne à l’affrontement au tournant du xxe siècle, avec les attentats à la bombe, suivis des premières grèves insurrectionnelles. Puis le retour de la République en 1931 ouvre une période clé de l’histoire du mouvement anarchiste : c’est le cycle répression-radicalisation, avec la multiplication des grèves et la pratique de l’expropriation armée. La montée des forces réactionnaires débouche ensuite sur le ralliement des anarchistes au Frente popular, puis sur l’immense soulèvement qui suit le putsch de Franco.

couverture

Et nous commencions cette petite revue des livres utiles et coruscants  en vous parlant de L’Art de lancer des choses. On apprend que le livre va être édité chez Goater, comme quoi, tout se perd, ou tout se vend, ou un truc comme ça (6,50, quand même, c’est pas modique)… Le livre reste indispensable à lire !  » Cet ouvrage essentiel consacré au lancé a circulé sous le manteau dans sa première édition. Il s’agit là d’une édition pour les librairies, revue et proposé à prix modique. Coédition Les Bricoles et les Éditions des idées lumineuses sous le parapluie des éditions Goater« .

Nous, on jette pas l’éponge, plus sûrement le bébé avec l’eau du bain, et toujours un œil (et le bon) sur ce qui s’passe. A bientôt, ici ou là !

2 commentaires pour “de quelques livres”

  1. Jo Tom 2 janvier 2020 à 13:36

    Merci pour cette petite biblio 2019. Impatient de lire Beaud et Noiriel.

    Bons voeux !

  2. DUCHEMIN GERALD 4 janvier 2020 à 19:37

    Merci ! Grand Merci chers amis des âmes d’Atala ! En effet, nous allons réactualiser le site du Chat Rouge. LES FOUS DE L’ABSINTHE sont bel et bien disponibles, dans un MAX de librairies sur Paris (ainsi que les librairies du Petit Palais et du Grand Palais), mais aussi au Furet du Nord (Lille), Ombres Blanches (toulouse), Sauramps et le Grain des Mots (Montpellier). Vous pouvez aussi commander le volume à n’importe quel libraire; et vous pouvez aussi le commander sur le Net à la Fnac et Gibert Joseph et Librairie MOLLAT (Bordeaux). C’est une résurrection car Jean-luc Catanzano, qui avait créé cette petite maison d’éditions en 2002, est brutalement décédé cet été. Il avait 58 ans. Il nous a fallu renaître… Ces Fous de l’absinthe viennent d’obtenir un bel article dans le… FIGARO LITTERAIRE!… Et nous préparons activement pas moins de 3 titres pour ce printemps 2020, et sans doute 2 autres en octobre 2020…

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31/12/2019

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