Sur les traces du vagabond
La figure du vagabond a toujours peuplé des romans, des poèmes ou des pièces de théâtre, faisant penser à des picaros, des Candides ou des capitaines Nemo. Or, quoiqu’il semble partager le sort de l’aventurier, de l’explorateur ou du pèlerin, le vagabond diffère d’eux considérablement. Depuis bien longtemps les voyageurs se transforment en personnages qui errent au hasard, rôdent angoissés au travers du monde. En 1978 déjà, Ion Omesco caractérisait cette évolution du personnage dans La métamorphose de la tragédie[1]. Ainsi, ce comédien et metteur en scène définissait le vagabond comme un être asocial qui ne se retrouve pas dans la communauté et ne s’y identifie guère. Seul et anonyme, il se débat désespérement contre l’ennui qui déploie devant lui toutes ses teintes : lassitude, désillusion, décrépitude. En effet, le vagabond est déçu par sa vie et incapable de tirer la leçon des expériences qu’il a vécues. Pour se désennuyer, il ne lui reste que le jeu, fou et gratuit, car il ne parvient pas à trouver le sens de son existence dans le travail, l’amitié ou la famille. C’est que, à côté de l’ennui, la peur l’accompagne constamment, peur sans objet ni remède efficace, angoisse qui l’isole du monde et de l’autre[2]. Bref, le vagabond est « un être qui a parcouru le monde pour n’arriver nulle part et n’aboutir à rien »[3].
Le 4e numéro de Quêtes littéraires voudrait mettre la figure du vagabond au centre des réflexions et inviter à envisager plusieurs questions que fait naître la présence de ce personnage dans le cadre des littératures française et francophone. Le vagabond contemporain diffère-t-il de son homologue d’autrefois ? Comment un aventurier se transforme-t-il en vagabond et un vagabond en aventurier ? Quelle part y prennent le questionnement de l’identité, la quête de soi, la peur de la vie beaucoup plus que la peur de la mort ? Le jeu du vagabond, comment se manifeste-t-il ? Peut-on parler du vagabondage sans la vie errante ? Qu’en est-il des écrivains-vagabonds, dans quelle mesure leur vie a-t-elle influencé leur œuvre ?
Ces quelques questions ne font que tracer des pistes de recherches qui attendent d’être vérifiées, développées, mais aussi complétées par les spécialistes en la matière.
Calendrier
La date limite pour l’envoi de la proposition (titre + résumé d’environ 300 mots) est le 15 mai 2014, à l’adresse quetes-litteraires@kul.pl
Les propositions seront examinées par un comité de lecture.
Les auteurs des propositions seront avisés avant le 15 juin 2014.
Les normes de rédaction seront envoyées après l’acceptation de la proposition par le comité de lecture.
Langue des contributions : français.
Volume : 25 000 signes, notes et espaces compris.
Délai pour l’envoi des articles : le 15 septembre 2014.
La publication des contributions est prévue en décembre 2014 dans le cadre de la série Quêtes littéraires initiée par la Chaire de Littératures Romanes de l’Institut de Philologie Romane de l’Université Catholique de Lublin Jean-Paul II.
Site web : www.kul.pl/quetes-litteraires
Comité scientifique de la série Quêtes littéraires :
José-Luis Diaz (Université Paris VII)
Gérard Gengembre (Université de Caen)
Georges Jacques (Université Catholique de Louvain-la-Neuve)
Edyta Kociubińska (Katolicki Uniwersytet Lubelski Jana Pawła II)
Wiesław Malinowski (Uniwersytet im. Adama Mickiewicza, Poznań)
Bertrand Marchal (Université Paris IV)
Paweł Matyaszewski (Katolicki Uniwersytet Lubelski Jana Pawła II)
Zbigniew Naliwajek (Uniwersytet Warszawski)
Judyta Niedokos (Katolicki Uniwersytet Lubelski Jana Pawła II)
Daniel Sangsue (Université de Neuchâtel)
Gisèle Séginger (Université Paris-Est Marne-la-Vallée)
Magdalena Wandzioch (Uniwersytet Śląski)
Contact pour envoi des résumés et pour toutes informations :
Rédactrices de la série Quêtes littéraires
Edyta Kociubińska et Judyta Niedokos
[1] Omesco Ion, La métamorphose de la tragédie, PUF, Paris, 1978.
[2] Cf. ibid., p. 41-49.
[3] Ibid., p. 48.
La Vengeance de Baudelaire
La Vengeance de Baudelaire est un roman policier historique dont l’action se déroule dans le Paris assiégé par l’armée prussienne (1870). La crème de la société tente d’échapper à la situation désespérée en organisant des orgies et des séances de spiritisme. Les ouvriers et les pauvres sont pris au piège comme des rats. Bientôt circulent des histoires étranges sur des actes de cannibalisme qui se seraient produits dans des venelles de la capitale. Les tensions sociales atteignent leur paroxysme en raison des hésitations et de la faiblesse de Napoléon III, de l’attitude hautaine des industriels et du gratin de la ville, des maladresses des généraux. Dans ce pandémonium, quotidiens et hebdomadaires usent de leur popularité croissante et donc de leur pouvoir pour monter en épingle des crimes étranges et en tirer une histoire pleine de mystère et de sang afin de distraire les masses des injustices et de la guerre. Ces meurtres, qui se suivent à un rythme soutenu, ont une chose en commun : sur chaque cadavre, on découvre quelques vers de Charles Baudelaire, poète vomit de son vivant, mais qualifié de génie trois ans après sa mort. Le commissaire Lefèvre, qui a combattu en Algérie, est chargé de résoudre cette énigme ; mais il se trouve bientôt, avec son assistant mélancolique Bouveroux, empêtré dans un drame familial qui a des ramifications jusqu’à la cour et qui symbolise les excès des Temps Nouveaux. Au cours de son enquête, le commissaire doit faire face à la débauche effrénée et de plus en plus répandue que ni l’Église ni l’État ne sont plus à même de réprimer et qui met en échec les principes moraux de la religion et de la société.
Moonstomping
Quoique sur l’Alamblog !
Gloire au préfet maritime !
Vie éternelle à Quoique !
… quoique…
Dans les rues de Londres, une aventure
Dans les rues de Londres, une aventure
Virginia Woolf & Antoine Desailly
traduit par Étienne Dobenesque
Les éditions du Chemin de fer
Quand la nature s’est mise à son chef-d’œuvre, la fabrication de l’homme, elle n’aurait dû penser qu’à une chose. Au lieu de quoi, tournant la tête, regardant par dessus son épaule, en chacun de nous elle a laissé se faufiler des instincts et des désirs qui sont en désaccord complet avec son être principal, si bien que nous sommes striés, panachés, tout mélangés ; les couleurs ont bavé. Le vrai moi est-il celui-ci debout sur le trottoir en janvier ou celui-là penché au balcon en juin ? Suis-je ici ou suis-je là ? Ou le vrai moi n’est-il ni celui-ci ni celui-là, ni ici ni là, mais une chose si diverse et errante que ce n’est qu’en donnant libre cours à ses souhaits et en le laissant aller son chemin sans entraves que nous sommes en effet nous-mêmes ?
Sous prétexte d’aller acheter un crayon, Virginia Woolf sort de chez elle un soir d’hiver pour errer dans les rues de Londres. Cette promenade est l’occasion de diverses rencontres étonnantes, et dans le flux de la ville, au long même des phrases, le réel se mêle à l’imaginaire, les souvenirs se confondent avec le présent.
Dans son journal, le 26 mai 1926, Virginia Woolf note : “Un de ces jours j’écrirai quelque chose sur Londres pour dire comment la ville prend le relais de votre vie personnelle et la continue sans le moindre effort”. Dans les rues de Londres, une aventure paraît un an après dans la Yale Review.
La traduction d’Étienne Dobenesque serre au plus près l’écriture de l’auteur de Mrs Daloway, et donne comme rarement au lecteur français l’occasion de se plonger dans le stream de Virginia Woolf, ce flot de langage, ce discours qui avance vers son inconnu comme elle-même dans les rues de Londres.
Antoine Desailly a choisi de s’attarder sur des bribes d’objets, auxquels habituellement nul ne prête attention, glanés au cours de ses promenades urbaines. Ces bouts de rien deviennent le sujet précieux des dessins méticuleux qu’il égrène au fil des pages traçant une cartographie personnelle du périple de Virginia Woolf.
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