Jean Genet : L’Enfant Criminel (1949 )
L’arbre de Pierre Louÿs
La petite communiste qui ne souriait jamais
Parce qu’elle est fascinée par le destin de la miraculeuse petite gymnaste roumaine de quatorze ans apparue aux jo de Montréal en 1976 pour mettre à mal guerres froides, ordinateurs et records au point d’accéder au statut de mythe planétaire, la narratrice de ce roman entreprend de raconter ce qu’elle imagine de l’expérience que vécut cette prodigieuse fillette, symbole d’une Europe révolue, venue, par la seule pureté de ses gestes, incarner aux yeux désabusés du monde le rêve d’une enfance éternelle. Mais quelle version retenir du parcours de cette petite communiste qui ne souriait jamais et qui voltigea, d’Est en Ouest, devant ses juges, sportifs, politiques ou médiatiques, entre adoration des foules et manipulations étatiques ? Mimétique de l’audace féerique des figures jadis tracées au ciel de la compétition par une simple enfant, le romanacrobate de Lola Lafon, plus proche de la légende d’Icare que de la mythologie des “dieux du stade”, rend l’hommage d’une fiction inspirée à celle-là, qui, d’un coup de pied à la lune, a ravagé le chemin rétréci qu’on réserve aux petites filles, ces petites filles de l’été 1976 qui, grâce à elle, ont rêvé de s’élancer dans le vide, les abdos serrés et la peau nue.
« C’est un dialogue fantasmé entre Nadia Comaneci, la jeune gymnaste roumaine de quatorze ans devenue, dès son apparition aux J. O. de 1976, une idole pop sportive à l’Ouest et « plus jeune héroïne communiste » à l’Est, et la narratrice, « Candide occidentale » fascinée, qui entreprend d’écrire son histoire, doutant, à raison, des versions officielles. L’histoire d’une jeune fille face à ses juges, qu’ils soient sportifs, politiques, médiatiques, désirée et manipulée également par les États, qu’ils soient communistes ou libéraux. L’histoire, aussi, de ce monde disparu et si souvent caricaturé : l’Europe de l’Est où j’ai grandi, coupée du monde, aujourd’hui enfouie dans une Histoire close par la chute d’un Mur.
Comment raconter cette « petite communiste » à qui toutes les petites filles de l’Ouest ont rêvé de ressembler et qui reste une des dernières images médiatiques non sexualisée de jeune fille sacralisée par un Occident en manque d’ange laïque ?
La Petite Communiste qui ne souriait jamais est l’histoire de différentes fabrications et réécritures : réécriture, par CeauŞescu, du communisme dans la Roumanie des années 1980, fabrication du corps des gymnastes à l’Est comme à l’Ouest, réécriture occidentale de ce que fut la vie à l’Est, réécriture et fabrication du récit par l’héroïne-sujet, qui contredit souvent la narratrice et, enfin, réécriture du corps féminin par ceux qui ne se lassent jamais de le commenter et de le noter…
C’est cette phrase-là, à la une d’un quotidien français, commentant Nadia Comaneci aux J. O. de Moscou, qui m’a décidée à écrire ce roman : « La petite fille s’est muée en femme, verdict : la magie est tombée. » Ce roman est, peut-être, un hommage à celle-là, qui, d’un coup de pied à la lune, a ravagé le chemin rétréci qu’on réserve aux petites filles, ces petites filles de l’été 1976 qui, grâce à elle, ont rêvé de s’élancer dans le vide, les abdos serrés et la peau nue. »
L. L.
Mobilités dans les récits et dans les arts visuels de fantastique et de science-fiction
Colloque CERLI (Centre d’études et de Recherches sur les Littératures de l’Imaginaire)
IUT Sénart-Fontainebleau (Université Paris Est Créteil), 20-22 novembre 2014
Responsables : Patricia CROUAN-VERON (IUT Sénart-Fontainebleau, Université Paris Est-Créteil), Arnaud HUFTIER (Université de Valenciennes)
Mobilités dans les récits et dans les arts visuels de fantastique et de science-fiction (XIX-XXIe siècles) : quête et enquête(s)
Les récits dits de fantastiques ou de science-fiction partent, on le sait, à la rencontre de l’Autre ou /et d’un Ailleurs. Toutefois, une telle visée s’impose a posteriori, quand la confrontation « effective » propose une véritable trouée qui avale et avalise le parcours préalable. Dès lors, au gré des différentes re-lectures des textes, les détours, détournements et contournements sont perçus comme autant de stases « ornementales », comme autant de zones de concrétion, à l’aune d’un point d’arrivée qui fige, dans des formes variées de sidération, une quête enfin aboutie, une enquête enfin terminée. Pivots diégétiques ou ressorts psychologiques, ces détours, détournements et contournements participeraient de la sorte d’une mobilisation du sens entièrement sous-tendue par la confirmation progressive d’une quête, initialement assumée ou simplement « ressentie », l’enquête consistant à esquiver ou instrumentaliser ce qui détourne.
Une simple question s’impose alors : comment juger et appréhender le parcours (quête et enquête) si l’on oublie la fin pour se concentrer sur les aléas de l’itinéraire, la trajectoire, ce qui est vu et ce qui permet de voir ? Autrement dit, ne pourrait-on dégager, si l’on refuse l’emprise téléologique, un imaginaire de la mobilité, laissant ouverts jusqu’au dénouement les récits de fantastique et de science-fiction ?
Plus précisément, pour cerner cet imaginaire de la mobilité, il importe dès lors de re-lier les découpages génériques – eux aussi généralement conçus a posteriori. Autour des termes « quête » et « enquête », les schèmes des récits de voyage, des parcours oniriques, des romans d’aventures et de l’aventure, des différentes formes de mystère, n’irrigueraient-ils pas les récits relevant prétendument du fantastique et de la science-fiction ? A partir de là, plus qu’un changement de focalisation qui se contenterait des « moyens » comme supports de l’intrigue, nous entendrions faire de ces « moyens » le foyer réflexif : qu’il s’agisse de supports technologique, physique ou psychique. Ce qui importe dans cette perspective, ce n’est pas tant « voyager » que « ce qui fait voyager » ; ce n’est pas « y aller », mais « comment y aller », le « comment » ne pouvant que sous-tendre à son tour différents « pourquoi ». Détours, détournements et contournements redéfinissent de la sorte une quête en actes et en action, le sensitif du déplacement s’appariant non à la mobilisation d’un sens, mais à la mobilité de sens, les récits étant perçus comme des enquêtes où ce qui apparaît au final comme des leurres fait sens. Lire la suite »
TRAITRE à la ferme !
- 23 et 24 avril – Tournée tambour inda cambrousse (et + encore!) à la ferme de Mauriac (12) Avé le Mercredi : Toys’R’Noise + Traître + Autonoma paradise und the dread locks terror de puta madre de mi corazon por la vida + Ursula misère et pis le Jeudi (apéro concert vers 19h aux Hauts-Parleurs avec : Formiga & Cigale) pis après cassos à Mauriac pour Krinator + Judas Donneger + Grrzzz . Les deux jours ateliers de sérigraphies, bières maison, tentative de sérigraphie sur bouffe, et bouffe tout court, et sans doute encore d’autres trucs, le tout à prix libreuh, ça claque quand même…