Dans les rues de Londres, une aventure
Dans les rues de Londres, une aventure
Virginia Woolf & Antoine Desailly
traduit par Étienne Dobenesque
Les éditions du Chemin de fer
Quand la nature s’est mise à son chef-d’œuvre, la fabrication de l’homme, elle n’aurait dû penser qu’à une chose. Au lieu de quoi, tournant la tête, regardant par dessus son épaule, en chacun de nous elle a laissé se faufiler des instincts et des désirs qui sont en désaccord complet avec son être principal, si bien que nous sommes striés, panachés, tout mélangés ; les couleurs ont bavé. Le vrai moi est-il celui-ci debout sur le trottoir en janvier ou celui-là penché au balcon en juin ? Suis-je ici ou suis-je là ? Ou le vrai moi n’est-il ni celui-ci ni celui-là, ni ici ni là, mais une chose si diverse et errante que ce n’est qu’en donnant libre cours à ses souhaits et en le laissant aller son chemin sans entraves que nous sommes en effet nous-mêmes ?
Sous prétexte d’aller acheter un crayon, Virginia Woolf sort de chez elle un soir d’hiver pour errer dans les rues de Londres. Cette promenade est l’occasion de diverses rencontres étonnantes, et dans le flux de la ville, au long même des phrases, le réel se mêle à l’imaginaire, les souvenirs se confondent avec le présent.
Dans son journal, le 26 mai 1926, Virginia Woolf note : “Un de ces jours j’écrirai quelque chose sur Londres pour dire comment la ville prend le relais de votre vie personnelle et la continue sans le moindre effort”. Dans les rues de Londres, une aventure paraît un an après dans la Yale Review.
La traduction d’Étienne Dobenesque serre au plus près l’écriture de l’auteur de Mrs Daloway, et donne comme rarement au lecteur français l’occasion de se plonger dans le stream de Virginia Woolf, ce flot de langage, ce discours qui avance vers son inconnu comme elle-même dans les rues de Londres.
Antoine Desailly a choisi de s’attarder sur des bribes d’objets, auxquels habituellement nul ne prête attention, glanés au cours de ses promenades urbaines. Ces bouts de rien deviennent le sujet précieux des dessins méticuleux qu’il égrène au fil des pages traçant une cartographie personnelle du périple de Virginia Woolf.
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26/04/2014