Savoir vivre
« L’enchanteur Pourrissant » illustré par Derain en 1909
» – Moi j’ai trois noms explique Roger aux flics : Roger, Nini à l’orphelinat, et la Grenouille. La Grenouille, c’est pour me défendre.
Deux affluents convergent sur sa petite porte de gargotier : les toubibs et les artistes.
Picasso avait son atelier à quelques mètres, 7 rue des Grands-Augustins.
– Picasso d’être venu chez moi, j’ai connu un tas de peintres…
Derain amène ses 130 kikos :
– T’as du bon beaujolais Roger ! Si un gars vient t’emmerder, je le défonce.
Y avait pas de becs de gaz dans la rue, se rappelle Roger. Les barbeaux venaient régler leurs comptes au coin de la rue de Savoie et de la rue Christine.
Derain n’a pas peur :
– Tu cherches des crosses ? Je vais te le harponner, tu vas voir assure-t-il à Roger.
Roger explose quand la Grenouille est menacée. Il ne fait pas dans le toquard. Ni dans le barbeau. Roger n’engraisse pas la rapine, il lui saute au col.
– Les mecs, y croyaient faire la loi. Y en a un qui s’amène, y boit deux calva et refuse de payer. Je me suis battu avec lui par terre, d’ici jusqu’à la place Saint Michel. Chaque fois qu’il approchait, je lui mettais mon genou. Après je lui crochetais le nez. Il m’a payé… »
Roger la Grenouille, Claude Delay, Pauvert, 1978, p.69.
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27/02/2009