Mecislas Golberg
On évoque l’écrivain dans nos Lunes décadentes.
Jugé bourgeois, décadent et pessimiste, proscrit, Kafka l’est toujours par le régime politique de la Tchécoslovaquie de 1983, quand cette série d’émissions en trois parties est diffusée pour le centenaire de sa naissance. Dans le dernier volet, deux spécialistes de Kafka, Claude David et Eduard Goldstücker, se penchent sur le destin d’une œuvre sauvée de la destruction à laquelle l’avait condamné son auteur, peu lue avant la fin de la Deuxième Guerre et la défaite du nazisme, mais qui a connu aussitôt après un retentissement mondial.
L’œuvre de Kafka n’a eu droit de cité en Tchécoslovaquie que tardivement, au début des années soixante, après une lente déstalinisation. Tardivement et brièvement, puisqu’après 1968 et l’intervention soviétique qui marque la fin du Printemps de Prague, ses livres ont à nouveau disparu des librairies et des bibliothèques.
C’est l’universitaire Eduard Goldstucker, professeur de littérature allemande, grand germaniste et traducteur des livres de Kafka, qui nous raconte les aléas de l’œuvre de l’écrivain pragois. Il rappelle que Kafka n’a jamais été traduit complètement en tchèque. Considéré comme pessimiste et décadent, on lui reprochait, sans le dire, d’être un écrivain juif, en le taxant plutôt d’être un auteur “sioniste”.
L’éditeur Claude David explique en quoi l’œuvre de Kafka, écrivain difficile et audacieux, est restée longtemps incomprise et mystérieuse en Occident, et sujette à différentes interprétations depuis la fin de la guerre. Il refuse la récupération politique qui en a été faite de considérer Kafka, mort en 1924, comme un prophète et un adversaire du totalitarisme.
Retrouvez l’ensemble du programmes d’archives « Dans le monde de Kafka », proposé par Albane Penaranda.
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/kafka-l-irresistible-ascension-d-un-decadent-5323726
Fiches : ce coffret est un laboratoire, un laboratoire Kafka. Il ouvre à plusieurs lectures : textuelles, graphiques, visuelles, sonores. Il comprend une traduction inédite des « Fiches de Zürau » de Kafka par Robert Kahn, deux séries de dessins de Marc-Antoine Mathieu — Les environs de l’impossible et Le cercle restreint —, ainsi que des lectures de multiples textes de Kafka par Denis Lavant et des créations musicales de Wilfried Wendling. Kafka a vécu huit mois, de septembre 1917 à avril 1918, à Zürau, dans la campagne de Bohême, auprès de sa sœur Ottla. Il considérait cette période comme la plus heureuse de sa vie, avant la tuberculose qui allait l’emporter. À Zürau, Kafka a rassemblé des notations, des remarques. Il a recopié ces fragments sur des fiches. Elles ont pour objet des thèmes philosophiques, moraux et esthétiques. Chacune fait partie d’un ensemble, mais en même temps constitue une unité autonome. D’où le choix éditorial du principe aléatoire, ce que ne permet pas la publication en volume. Les fiches détachées renvoient à la totalité de l’univers de Kafka, mais elles forment aussi une puissante constellation, restituée ici dans sa matérialité même. « Il est vain de vouloir illustrer la littérature de Franz Kafka. Chercher à la représenter revient à s’en éloigner immanquablement. Mais de loin, que voit-on ? En voyageant autour, des points de vue sont possibles. On peut tenter d’en saisir quelques-uns ; non pour voir le monde de Kafka, mais pour préparer le chemin du retour. » [Marc-Antoine Mathieu] |
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Si vous voulez devenir écrivain, il y a avant tout deux choses que vous devez impérativement faire : lire beaucoup et beaucoup écrire. Il n’existe aucun moyen de ne pas en passer par là, aucun raccourci.
Je suis un lecteur lent et je ne lis en général que soixante-dix ou quatre-vingts livres par an, surtout des romans. Pas pour apprendre les trucs du métier, mais parce que j’aime lire. Je bouquine le soir, confortablement installé dans mon fauteuil bleu ; et si je lis surtout des romans, c’est pour le plaisir, pas pour apprendre à en écrire. Il n’empêche qu’un certain apprentissage se fait ainsi. Chaque livre comporte sa ou ses leçons, et on apprend souvent davantage des mauvais livres que des bons.
Stefen King
Christian Buat a reçu cette demande…
» Dans L’Homme foudroyé, Cendrars déclare qu’en 1908, Gourmont lui aurait dit « qu’en consacrant deux heures par jour à la lecture, à une lecture systématique, on épuiserait non seulement la Bibliothèque Nationale en moins de dix ans, mais encore qu’on aurait fait le tour de toutes les connaissances humaines, tellement les livres se répètent […]. ». La rencontre en 1908 évoquée par Cendrars est bien sûr tout à fait imaginaire, mais je me demande si Gourmont n’a pas écrit quelque part ce que rapporte Cendrars (ou quelque chose s’y rapprochant), dans la mesure où cela lui arrive fréquemment de faire passer ce qu’il a lu pour des propos qu’on lui aurait tenus. Dans les divers articles évoquant la présence de Gourmont dans l’œuvre de Cendrars, je n’ai pas trouvé d’éclairage de ce passage (les spécialistes se sont plutôt focalisés sur Bourlinguer). Ce pseudo-souvenir de Cendrars vous évoquerait-il un texte de Gourmont ou ne doit-on le tenir que pour une invention, Cendrars mettant dans la bouche de Gourmont une idée à lui ? »
A bientôt.
Vendredi 15 novembre 15-17h : permanence du café des allocs + Bibli avec Permafrost 18h à l’Anamorphose, 48 rue du long-pot, Lille-Fives
Le café des alloc’s est un réseau d’entraide et de luttes d’allocataires sociaux, CAFard.e.s et chômeur.euses.s. On y parle des problèmes qu’on peut rencontrer avec la caf, france travail, et le département pour essayer de les résoudre à plusieurs.
PERMAFROST, présentation et discussion
Après quelque neuf années d’absence, le fanzine Permafrost a fait un retour fracassant avec deux numéros sortis coup sur coup à quelques moins d’intervalles, sous format tabloïd cette fois, mais toujours avec la même recette, mêlant contre-cultures punk et assimilées et subversion carabinée, voire carrément lutte des classes. La bibli accueille le fanzine pour parler de son quatrième numéro, mais également de la maison d’édition Niet, sise entre Marseille et Montreuil, et des liens et passerelles qui existent entre les deux. Ou comment faire des livres comme des punks.