Vie et mort d’un étang
Bon voilà, il y a des océans ignorés dans l’Amer eaux, évidemment. Et tant mieux. Par exemple, les livres de Marie Gevers. Disponibles aux éditions Espace Nord, à prix accessibles, ce qui est assez rare pour être noté…
Vie et mort d’un étang est avant tout un jeu de miroir sur la mémoire. Miroir de l’eau d’abord, que la narratrice convoque par le biais de l’étang chéri de son enfance qui constitue, bien plus qu’elle-même ou sa famille, le personnage principal du roman. Miroir du temps ensuite, que cette dernière scrute, en suivant le fil de ses souvenirs ranimés par la magie du lieu. Avec une subtilité confondante, Marie Gevers frôle le fil des mots comme on longe celui de l’eau pour évoquer, sans les effaroucher, les choses essentielles et conclure que nos seuls bonheurs impérissables résident dans les réminiscences que nous en conservons.
La Comtesse des digues : C’est le roman du fleuve, de l’Escaut-roi, du mariage, toujours à préserver, des eaux avec les terres qu’elles irriguent et qu’elles minent. C’est le roman d’une femme attachée au fil des saisons, à la surveillance des digues, au combat d’amour avec l’eau. Mais il arrive que les digues cèdent, que le désir soit plus fort. Alors il faudra que la Comtesse des digues choisisse et qu’elle trouve entre l’homme qu’elle va épouser et le fleuve une nouvelle harmonie.
La Grande marée : Pour Gabrielle, coincée entre la boutique de ses sœurs et son tout nouveau diplôme d’institutrice, la grande marée de l’Escaut qui menace les digues du village correspond à sa découverte de l’amour. Réfugiée dans une ferme en compagnie de Raymond, jeune commis-voyageur, de Simone, serveuse au Boma, et de la famille de celle-ci, Gabrielle éprouve la douleur d’aimer un homme, Raymond, que sa sœur doit épouser… La violence de la nature n’a d’égale que la force des sentiments amoureux…
Marie Gevers a passé toute son enfance dans le domaine familial de Missembourg, où elle reçut cette éducation mi-francophone mi-flamande dont on retrouve les traces dans son univers romanesque. Entrée en littérature avec la poésie, qui la fera remarquer de Verhaeren et d’Elskamp, elle s’adonne au récit à partir de La Comtesse des digues (1931). Comme ses deux chefs-d’œuvre Madame Orpha (1933) et Vie et mort d’un étang (1950) le donnent à voir, ses thèmes majeurs sont le souvenir et la communion de l’homme avec la nature.
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5/05/2021