Janie (R.I.P)
UNE GRANDE ÂME S’EN EST ALLÉE…
ADIEU, JANIE !
C’est avec une infinie tristesse qu’il me faut annoncer à tous mes amis à travers le monde, et aux amis d’Octave Mirbeau, et à toutes les féministes des trois dernières générations, la disparition de ma compagne tendrement aimée depuis un demi-siècle : Janie Michel, née Frostin. Elle s’est éteinte paisiblement cet après-midi, à Angers, et j’ai pu rester près d’elle pendant ses dernières heures, lui parler et lui caresser les mains, avant le grand départ et la douloureuse séparation.
Alors que ses origines ne l’y prédisposaient nullement, Janie s’est engagée avec ferveur dans les luttes des femmes au début des années 1970. Elle a fondé le MLAC à Angers, hébergé chez nous des avortements clandestins, puis a rejoint le Planning Familial du Maine-et-Loire, qu’elle a présidé pendant un quart de siècle. Formée sur le tas et devenue, grâce à son expérience, une spécialiste reconnue des viols par inceste, elle a été une psychothérapeute d’une exceptionnelle efficacité et a rendu d’éminents services à quantité de femmes en difficulté et en quête de soutien, notamment des femmes battues, violées ou incestuées.
Elle a fondé S.O.S. Femmes à Angers en 1985 et est devenue en 2002, présidente nationale de la F.N.S.F. (Fédération Nationale Solidarité Femmes), dont elle a été proclamée présidente d’honneur à sa sortie de charge, en 2008. C’est cet inlassable dévouement à la cause des femmes qui lui a valu d’avoir droit à une notice dans le Dictionnaire des féministes.
Janie m’a aussi accompagné dans mon travail de mirbeaulogue. Adhérente de la Société Octave Mirbeau dès sa fondation, en novembre 1993, elle a été constamment associée à la vie de l’association et m’a suivi à bien des colloques et des conférences, en France et à l’étranger. Elle a aussi accueilli et hébergé quantité de mirbeauphiles venus du monde entier. Pendant plus de vingt ans, les réunions du conseil d’administration se sont déroulées chez nous et elle en a été l’hôtesse, toujours chaleureuse et souriante. Et les assemblées générales de notre association, qui ont eu lieu le plus souvent à Angers, ont été autant d’occasions pour elle d’instaurer, parmi les amis d’Octave, un extraordinaire climat de convivialité. Elle n’a, certes, rédigé aucun article dans les 26 numéros des Cahiers Octave Mirbeau, mais, par sa connaissance des effets traumatisants des viols, et notamment des viols incestueux tels que celui du petit Sébastien Roch, elle m’a aidé à comprendre bien des choses dans le parcours d’Octave Mirbeau et, au premier chef, dans un roman tel que Sébastien Roch.
Par ailleurs, pendant un tiers de siècle, routards désargentés d’abord, puis routards de luxe par la suite, nous avons parcouru le monde et connu bien des aventures inoubliables.
Sa générosité, son dévouement, sa joie de vivre, sa cordialité et son rire nous manqueront terriblement. Ma seule consolation de cette perte irréparable est de savoir qu’elle a été heureuse pendant nos cinquante ans d’amour partagé, et que, selon son désir, elle aura vécu pleinement et « jusqu’au bout ».
— Pierre MICHEL
Les Amis d’Octave Mirbeau
10 bis rue André Gautier
49000 – ANGERS
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2/12/2020