BON CHIC MAUVAIS GENRE, votre soirée double programme consacré au cinéma transgressif, délirant, rare et précieux – programmée par les projectionnistes du cinéma Le Majestic de Lille en partenariat avec les sites MatièreFocale.com et la revue Distorsion – vous propose ce vendredi 6 décembre de découvrir l’univers d’un jeu réalisateur : Robert Eggers.
L’occasion de voir sur grand écran son HAL-LU-CI-NANT premier film THE WITCH, dont vous vous souviendrez toute votre vie, c’est une promesse.
Et nous pourrons découvrir avant tout le monde et en avant-première, son nouveau film THE LIGHTHOUSE avec Robert Pattinson et Willem Dafoe, comme de gros privilégiés !
Ne tournons pas autour du pot : c’est le Noël des cinéphiles !
Vous n’avez jamais entendu parler de Robert Eggers ? Alors, suivez le guide et lisez ce qui va suivre, je vais tout vous expliquer…
19H30 : THE WITCH (THE WITCH : A NEW-ENGLAND FOLKTALE) de Robert Eggers – Canada/USA – 2015 – 92min – VOSTFR- copie numérique (dcp).
Avec : Anya Taylor-Joy, Ralph Ineson, Kate Dickie, Harvey Scrimshaw Ellie Grainger, Lucas Dawson, Julian Richings, Bathsheba Garnett, Viv Moore…
1630, en Nouvelle-Angleterre, dans un pays qui ne s’appelle pas encore les Etats-Unis.
Parce qu’il conteste un point obscur de théologie, William, un homme puritain (au sens premier du terme) doit quitter son village et s’installer ailleurs, avec sa femme Katherine et leur cinq enfants dont un nouveau-né.
Pour ce nouveau départ et cette nouvelle vie, il choisit de s’installer à quelques jours de marche de là, dans une clairière, au bord de la forêt.
Tout en menant une vie pieuse, la famille doit tout reconstruire -maison, culture, champs, cheptel-, avant que l’hiver n’approche.
Quand le nouveau-né disparaît mystérieusement, la tension monte entre les membres de la famille, mais rien de laisse présager de l’horrible tension qui va s’installer…
Sorti du bout des doigts par un distributeur frileux, et peu soutenu par les programmateurs de salles de cinéma lors de sa sortie il y a quatre ans, THE WITCH est un film aussi époustouflant qu’original, et malgré tout, on se félicite de voir qu’il ait quand même pu, même laborieusement, se frayer un chemin vers les salles…
Original, c’est bien le mot. d’abord par son contexte inattendu (l’Amérique « archaïque » des premiers colons) mais aussi par sa thématique mêlant le stress d’une vie quotidienne très rude (y-aura-til du maïs à Noël ? Que faire si les chose se passent mal quand on est à trois jours de marche de toute vie humaine?) à une imprégnation totale de la Religion qui modèle les esprits, soutient les âmes et rythme la vie quotidienne.
Faire un film fantastique ou d’horreur dans ce contexte est déjà une forte belle idée en soi, mais là où se THE WITCH ne ressemble à aucun autre film c’est dans sa mise en scène, d’une part, et dans l’incroyable climat anxiogène qui s’y deploit.
Alors, accrochez-vous car, même si THE WITCH est un premier film, les éloges vont pleuvoir…
Car oui, la mise en scène est sublissime. Une photographie minutieuse, tout en nuances, qui peut à la fois évoquer la puissance de la Nature et de la vie quotidienne, mais aussi suggérer des sentiments et ambiances bien plus subjectifs, rehaussée -la photographie, suivez un peu peu, bon sang-, par un sens du cadre, du placement de la caméra qui laissent pantois. Rien que pour ça le film vaut le déplacement, et plutôt 100 qu’une. L’ambiance sonore, de l’enregistrement des voix à la construction des sons de la Nature est magnifique, et parfois ambiances et textures sonores semblent se construire avec un sens curieux et déviant de la musicalité. Si tout cela fonctionne, c’est par un montage efficace, parfois anxiogène en lui-même.
Rien que par la mise en scène, la narration prend chair et sens, même dans des scènes qui paraissent anodines, et bien que le scénario de THE WITCH soit remarquable, c’est d’abord cette réalisation qui est le coeur palpitant du film.
En mot, THE WITCH est esthétiquement sublime…
Il est difficile de décrire l’impact que le film peut avoir sur le spectateur. Si le rythme est curieusement posé pour un film contemporain (tout le contraire de la stupide bande-annonce « catchy » qui en a été faite et que je vous déconseille formellement de regarder) -car Eggers sait prendre son temps et déployer son jeu avec nuance et suspens, si le rythme est posé et même assez lent donc, le spectateur n’a pas le temps de s’ennuyer ou de se reposer, car ce qui caractérise THE WITCH, c’est son incroyable sentiment de tension, de malaise qui monte, même dans les moments calmes. Eggers nous immerge dans un monde d’inquiétude et de sensations, fait à la fois de peur primale et de tensions psychologiques. Sur ce point, le film est une grande claque, et il faut chercher loin dans le cinéma fantastique pour avoir le souvenir d’une telle sensation de peur et d’horreur. On pense à un autre film où la cellule familiale était en jeu : le ROSEMARY’S BABY de Polanski qui partage avec THE WITCH la même sensation, faite à la fois d’abstraction et de sensation, qu’une horreur abyssale va nous engloutir.
Tout cela est possible aussi, et surtout, grâce à une distribution très très impliquée et dont on ne peut qu’applaudir la force et la précision. Ralph Ineson (second couteau régulier des grosses productions hollywoodiennes, aperçu aussi dans GAME OF THRONES ou CHERNOBYL), dans le rôle du père est hallucinant. Et que dire de la jeune Ana Taylor-Joy, totalement scotchante dans un rôle incroyablement fragile et -vous me permettrez le terme- « casse-gueule » ?
THE WITCH est un film en tout point formidable, très marquant pour le spectateur qui veut bien tenter l’aventure, et pour peu qu’il arrive à vous intéresser, je peux vous garantir que sur grand écran, on le sent non seulement « passer », mais on en garde aussi un souvenir intense et intact pendant très très longtemps.
THE WITCH est un film incroyablement audacieux et courageux. Et simplement beau.
21H30 : THE LIGHTHOUSE de Robert Eggers – USA – 2019 – 109min -V.O.s.t.f. Dcp.
Avec : Willem Dafoe, Robert Pattinson, Valeria Karaman …
En Nouvelle-Angleterre,au XIXéme siècle, deux hommes sont chargés de s’occuper d’un phare isolé au milieu de l’océan. Très vite, l’isolement, l’ennui et la solitude les guettent. Pour ne pas sombrer dans la folie, ils s’acharnent sur leur travail le jour et se saoûlent avec la même application le soir venu…
Mais, ils ne savent peut-être pas encore que leur univers va basculer vers des ténèbres étranges où se cachent peut-être des forces obscures… A l’extérieur comme à l’intérieur, quelque chose d’inquiétant se trame…
Nous n’allons vous raconter des balivernes : à l’heure où ces lignes sont écrites, et ce pour la première fois dans l’histoire de BON CHIC MAUVAIS GENRE depuis 11 ans, nous n’avons pas encore vu THE LIGHTHOUSE.
Mais si vous avez lu les lignes qui précédent à propos de THE WITCH, vous comprendrez que nous étions prêt à signer un chèque en blanc à Robert Eggers, à lui donner les clés de notre maison, et à faire trôner dans la hall du cinéma Majestic, une statut à son effigie.
Malgré tout, le film, qui fut présenté à la Quinzaine des Réalisateurs cette année à Cannes, a été fort bien accueilli, et quelques-uns de mes petits espions avec qui je partage des goûts sûrs et proches, m’ont assuré deux choses (ils ne voulaient rien révéler du film, les insolents!) : esthétiquement c’est renversant (la photo noir et blanc -au format 1.37 est époustouflante) et les acteurs sont, je cite, « en feu ». C’est aussi ce qu’on dit les journalistes qui ont vu le film à Cannes. Tant mieux car tout tourne autour du formidable Willem Dafoe et du courageux (et fort bon) Robert Pattinson qui décidément sait toujours se retrouver dans les projets originaux ou hors-normes bien loin de l’affreuse série TWILIGHT qui l’a vu naître ! [Il était tout à fait formidable dans le COSMOPOLIS de Cronenberg]
Bref, THE LIGHTHOUSE se présente, sur le papier, sous les meilleurs auspices. Il n’y a plus qu’à vérifier ça ensemble et sur grand écran !
Dr Devo.
Dress-code de la soirée (1 dvd à gagner pour le meilleur déguisement !): paysan, bébé, tout ce qui a trait à la religion, animaux de la ferme, sorcièr(e), bûcheron, marin, costume du XVIIéme ou du XIXéme, plongeur, prêtre, trappeur, braconnier, Michel Drucker ou spectateur du Majestic. Les prix pour le concours de déguisement sont donnés au début de la deuxième séance !
Réservations possibles dés le lundi 2 décembre à la caisse du Cinéma Majestic à Lille. Soirée proposée par le site Matière Focale.com, le magazine Distorsion et les projectionnistes du cinéma Majestic. Tarifs: 13 euros les deux films / 1 film aux tarifs habituels.
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30/11/2019