Toutes sauf les actrices
Appel à communications pour la journée d’études (Atelier de la SERD)
Toutes sauf les actrices. Les « autres » femmes de spectacle au XIXe siècle
Vendredi 20 mars 2020, Théâtre Montansier, Versailles
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ARGUMENTAIRE :
L’industrie du spectacle au XIXe siècle est principalement une affaire d’hommes. Un club exclusif pour gentlemen only d’où les femmes sont exclues pour de nombreuses raisons à la fois sociologiques, économiques et morales. Premièrement, les planches sont encore entourées au XIXe siècle d’une aura peu respectable, héritage de siècles de condamnations religieuses ou laïques (1). Deuxièmement, qui dit théâtre dit industrie du spectacle, milieu particulièrement peu favorable aux femmes puisqu’il exigeait d’elles « des qualités de gestionnaire » auxquelles, comme l’a fait remarquer Odile Krakovitch, elles « étaient mal préparées et qui, suivant l’opinion des contemporains, supposaient soit une force de caractère incompatible avec la « fragilité féminine », soit des connaissances du milieu que les bourgeoises avaient rarement (2) ». Enfin il leur manquait trop souvent la connaissance tout court, vu l’extrême inégalité d’éducation, et donc plus tard de compétences, entre garçons et filles. L’éclat de l’actrice éclipse tout autre corps de métier : une femme de spectacle ne peut être qu’une femme de scène, mais il existe des exceptions comme des stratégies de contournement, de conformité ou de contestation qu’il nous faudra éclairer.
Nous souhaitons aborder le plus grand nombre de professions du spectacle, qu’on pourra considérer selon trois grandes catégories :
Métiers entrepreneuriaux
– directrices de salles, organisatrices de tournées, femmes qui organisent des théâtres de société, toute la partie structurelle et, hum, événementielle du spectacle
Métiers de diffusion
– journalistes, traductrices, essayistes qui participent à faire connaître ou diffuser un genre de théâtre, une théorie ou un auteur (en marge de l’œuvre d’autrui)
Métiers de création (à l’exclusion des comédiennes et chanteuses)
– dramaturges, adaptatrices, compositrices, cheffes d’orchestre, musiciennes, [peintres/décoratrices/scénographes]
La journée d’études proposera des communications qui auront à cœur de n’être pas qu’une galerie de portraits (quel que soit notre désir de ramener à la lumière ces oubliées de l’histoire des spectacles), mais d’émettre des hypothèses sur la façon dont se jouent, au féminin, les questions de censure ou d’auto-censure, de clientélisme, de création etc. Elle se clôturera sur une table ronde qui estimera ces questions à l’aune de nos pratiques d’aujourd’hui.
Notes :
(1) Voir Clotilde Thouret et François Lecercle, « Misogynie et théâtrophobie : les femmes et les controverses sur le théâtre », Alternatives théâtrales, n° 129, 4e trimestre 2016.
(2) Odile Krakovitch, « Les femmes dramaturges et la création au théâtre », Pénélope, n. 3, 1980, p. 30
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Les propositions de communications (un titre accompagné d’un projet d’une quinzaine de lignes) seront à envoyer d’ici le 1er décembre 2019 aux adresses suivantes: Florence.fix@univ-Rouen.fr, valentina.ponzetto@unil.ch
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BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE :
Cecilia M. Beach, French Women Playwrights Before the Twentieth Century: A Checklist, Westport – London, Greenwood Press, 1994.
Aurore Evain, « Introduction », Théâtre de femmes de l’Ancien Régime, vol. I, Paris, Garnier, 2014, p. 7-25.
Aurore Evain, « Les autrices de théâtres et leurs œuvres dans les dictionnaires dramatiques du XVIIIe siècle », Rencontres de la SIEFAR, juin 2003, en ligne : http://www.siefar.org/wp-content/uploads/2015/09/Evain-autrices-Dicos-Th%C3%A9%C3%A2tre.pdf
Alison Finch, Women’s Writing in Nineteenth Century France, Cambridge University Press, 2000. Ch. 8 : « The invisible women of French theatre ».
Andrea Del Lungo et Brigitte Louichon (dir.), La Littérature en bas-bleus, Tome I : Romancières sous la Restauration et la monarchie de Juillet (1815-1848), Paris, Classiques Garnier, 2010.
Andrea Del Lungo et Brigitte Louichon (dir.), La Littérature en bas-bleus, Tome II : Romancières en France de 1848 à 1870, Paris, Classiques Garnier, 2013.
Frederic William John Hemmings, The theatre industry in nineteenth-century France, Cambridge University Press, 2006.
Joyce Johnston, Women Dramatists, Humor, and the French Stage, 1802-1855, New York, Palgrave and Macmillan US, 2014.
Odile Krakovitch, « Les Femmes dramaturges et la création au théâtre », Pénélope, n°3 : « Les Femmes & la création », 1980, p. 29-36.
Odile Krakovitch, « Les Femmes dramaturges et les théâtres de société au XIXe siècle », in Jean-Claude Yon et Nathalie Le Godinec (dir.), Tréteaux et paravents : le théâtre de société au XIXe siècle, Créaphis éditions, 2012, p. 183-200.
Christine Planté, La Petite sœur de Balzac, essai sur la femme auteur, nouvelle édition révisée, préface inédite de Michelle Perrot, postface inédite de l’auteure, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2015.
Rachel Sauvé, « Stratégies de légitimation et dramaturgie au féminin au XIXe siècle », L’Annuaire théâtral : revue québécoise d’études théâtrales, n° 34, 2003, p. 45-57.
Martine Reid, Des femmes en littérature, Paris, Belin, 2010.
Martine Reid (dir.), Les femmes dans la critique et l’histoire littéraire, Paris, Champion, 2011.
Clotilde Thouret et François Lecercle, « Misogynie et théâtrophobie : les femmes et les controverses sur le théâtre », Alternatives théâtrales, n° 129, Ecriture et création au féminin, 4e trimestre 2016.
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1/11/2019