Profils perdus de Stéphane Mallarmé
Le profil perdu nous vient de la peinture : le sujet est saisi de dos, mais tourne la tête vers le spectateur, en sorte qu’on voit la moitié de son visage et le dessin de son profil.
De même, chaque chapitre du présent livre s’appuie sur une donnée partielle. Même en déployant aussi loin que possible les implications du détail choisi, l’analyse n’atteint jamais l’intégralité de Mallarmé. Mais les angles changent ; les profils, inclinés de diverse manière, finissent par recomposer une figure peu attendue.
Soucieux de la société, le poète pense, un temps, pouvoir la transformer. Précisément parce que la poésie ne vaut rien sur le marché, elle conteste la forme-marchandise. Travaillant sur la langue, elle observe ceux qui travaillent la matière. Jusque dans leur temps de repos, elle suit les mécanismes de leur assujettissement. Du hasard qu’elle n’a cessé de vouloir surmonter, elle découvre qu’il trouve sa réalisation ultime dans la foule moderne. Même si, au final, l’espoir s’éteint, jamais l’attention ne perd son acuité. Parmi tous les profils, l’emporte celui du veilleur.
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14/09/2019