L’Harmas
La demeure était aussi abandonnée que le terrain. L’homme parti, le repos assuré, l’animal était accouru, s’emparant de tout. La Fauvette a élu domicile dans les lilas ; le Verdier s’est établi dans l’épais abri des cyprès ; le Moineau, sous chaque tuile, a charrié chiffons et paille ; au sommet des platanes est venu gazouiller le Serin méridional, dont le nid douillet est grand comme la moitié d’un abricot ; le Scops s’est habitué à y faire entendre le soir sa note monotone et flûtée ; l’oiseau d’Athènes, la Chouette, est accourue y gémir, y miauler. Devant la maison est un vaste bassin alimenté par l’aqueduc qui fournit l’eau aux fontaines du village. Ce nom voulu par le naturaliste désigne pour nous à la fois la maison et l’aire de végétation laissée à l’état sauvage, harmas, ou herme comme cela se dit pour une terre inculte en langue provençale. mais aussi ses abords dans un sens plus général. Nous ne saurions envisager une anthologie relative à l’Harmas sans prendre en compte non seulement l’habitation et le terrain attenant mais aussi les garrigues sérignanaises, les collines rocheuses avoisinantes et le mont Ventoux, autant de biotopes, que Fabre parcourut, aima pour leur beauté, leur richesse botanique et entomologique. (Yves Delange)
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6/08/2019