Pas de fumée sans femmes
En couverture : « Pas de fumée sans femmes » (illustré par Marine Summercity).
La solidarité bloquée à quai – Laisser noyer les sans-papiers > En 2018, six personnes sont mortes chaque jour en essayant de traverser la Méditerranée. Pas assez pour l’Europe, qui fait tout pour empêcher le sauvetage des migrants par les ONG. Alors que l’Italie ferme ses ports et poursuit les secouristes en justice, les Pays-Bas donnent dans les tracasseries administratives. La France offre des bateaux aux gardes-côtes libyens, pourtant impliqués dans de sordides affaires de trafic d’êtres humains. À Tripoli, c’est la guerre ; viols et tortures sont quotidiens. Qu’importe : les victimes ne sont ni blanches ni riches.
Justice & Gilets jaunes – Comparutions immédiates : « La pièce était jouée d’avance » > Le 25 juin, quatre manifestants étaient jugés à Marseille, accusés d’avoir brûlé des poubelles et frappé des policiers lors d’une manifestation de Gilets jaunes. Leurs « armes » ? un parapluie, un sac à dos et des bouteilles d’eau. Depuis novembre, les tribunaux français condamnent à tour de bras, en quelques minutes et sans franchement s’embarrasser de preuves.
Guerre contre le terrorisme – La Rolls de la raison d’État > Quand deux de ses hommes ont perdu la vie en libérant des otages enlevés au Bénin, le commando Hubert a connu les honneurs de la Nation. L’histoire de cette unité d’élite comporte cependant des chapitres bien moins glorieux.
Bientôt trois mois de grève – Les femmes de chambre luttent (toujours) > En grève depuis le 11 avril à Marseille, les onze salariées d’Elior, sous-traitant de l’hôtel de luxe NH Hôtel, tiennent toujours leurs piquets. Pour l’instant, pas de quoi faire plier la direction, mais un brin d’espoir à l’horizon.
La casa del pueblo, unida, jamás será vencida – Gros comme une Maison du Peuple >Montpellier, Saint-Nazaire ou Caen avaient déjà la leur. Alors quelques Marseillais ont décidé de faire pareil : ouvrir une Maison du Peuple dans un bâtiment désaffecté, pour soutenir les luttes sociales du coin. C’était il y a un mois. Et ça tient méchamment la route.
Peste identitaire – L’Inde a la fièvre safran > Sur fond d’autoritarisme et de persécutions des minorités religieuses, les nationalistes hindou•es viennent de remporter les élections législatives pour la seconde fois consécutive. Menée par le sulfureux Premier ministre Narendra Modi, cette nouvelle vague safran [1] menace le pluralisme et le sécularisme affirmés par la Constitution indienne.
Contre la complicité répressive – Les révolutionnaires soudanais bousculent l’Europe forteresse > Depuis Paris, le collectif d’exilés soudanais Activists Sudanese United Against Dictatorships (Asuad [2]) alerte sur la situation au Soudan. Et dénonce les responsabilités de l’Europe dans l’essor de la junte militaire, via le financement d’une police anti-migratoire dans la Corne de l’Afrique.
Entretien avec une militante en exil – Colombie : la chasse aux « leaders sociaux » > Malgré l’accord de paix signé par les Farc en 2016, la répression s’abat durement sur les mouvements sociaux colombiens. Veronica Lopez Estrada en sait quelque chose. Menacée dans son pays, cette militante de 27 ans a pu s’installer en Europe en février grâce à un programme de protection temporaire pour les défenseurs des droits humains. Nous l’avons rencontrée le 15 mai dernier à Paris.
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Introduction – Féminismes : la preuve par meufs > L’enjeu est double : pas de lutte sociale sans remise en cause du patriarcat. Pas de remise en cause du patriarcat sans prise en compte des luttes sociales. Pour prendre le pouls de féminismes au carrefour des luttes, 20 pages à la rencontre de celles qui se mobilisent pour changer la donne.
Sur les ronds-points, les femmes – Les Gilettes au charbon > Dès novembre 2018, les femmes ont été nombreuses à investir le soulèvement fluo. Exposées à une plus grande précarité, elles ont trouvé là le moyen d’exprimer leur colère et leur volonté de changer l’ordre social. Rencontre avec une poignée de révoltées en gilet jaune.
Souffler sur les braises – Pétroleuses un jour, pétroleuses toujours > La légende de la « pétroleuse » a été inventée durant la Commune de Paris pour stigmatiser les femmes combattantes, mais aussi toutes celles qui n’entraient pas dans l’imaginaire étriqué de ce que devait être une femme. La pratique de stigmatisation n’a pas changé, mais l’expression « pétroleuse » désigne aujourd’hui le courage des femmes. Voilà que la fake news s’est retournée contre ses inventeurs.
Au bout du téléphone, il y a votre voix – Avortement : les oreilles du Planning familial > Joignable du lundi au samedi de 9 h à 20 h [3], le numéro vert « Sexualités, contraception, IVG » est anonyme et gratuit. Subventionné par l’État, il est pris en charge par le Planning familial. Reportage au côté de Reyzane, salariée de l’association, pendant une matinée d’écoute.
Dire l’avortement – Leurs corps, leurs choix > « Un enfant, si je veux, quand je veux », scandaient les féministes des années 1970, mettant au centre du combat la liberté de disposer de son corps. C’est dans cet héritage que s’inscrit l’excellent documentaire Si je veux, quand je veux. Une dizaine de femmes y témoignent de leur parcours d’IVG.
Quand je peux, si je peux – Lorsqu’il est trop tard pour avorter : « Je ne viens vous voir que maintenant, parce que ça y est, j’ai la Sécurité sociale » > En France, les femmes n’ont le droit d’avorter qu’au cours des douze premières semaines de leur grossesse. Ce délai insuffisant pousse des milliers d’entre elles à aller l’interrompre à l’étranger… quand elles en ont les moyens et la possibilité. Entretien avec Raphaëlle Morel, conseillère au Planning familial de Marseille.
S’affranchir du diktat de la maternité – Femmes sans enfant : le choix de passer son tour > C’est un des nombreux aspects du contrôle patriarcal sur le ventre des femmes : leur assignation au travail invisible et gratuit de la reproduction. Résistant à une pression sociale persistante, certaines disent non. Témoignages.
Repenser la vieillesse – Sois vieille et ouvre-la > Plus que les hommes, les femmes ont peur de vieillir. Sitôt leurs jeunes années passées, leur corps est déconsidéré et elles se retrouvent souvent exclues du « marché » de la séduction. Pourquoi ? Vieillissement et ménopause sont longtemps restés des impensés du féminisme. Mais quelques collectifs commencent à s’emparer du sujet.
Petite histoire de la presse féminine – Délivrons-nous du mâle ? > L’histoire de la presse féminine ne se distingue guère de celle de la presse en général. Peut-être parce que dans les coulisses, ce sont majoritairement des hommes qui sont à la manœuvre.
Au Mexique, « pas une morte de plus » – La rue et la nuit nous appartiennent aussi ! > Au Mexique, le féminicide est un phénomène qui ne cesse de s’amplifier. Face à ces crimes sexistes, les femmes se mobilisent pour que l’impunité cesse.
Au Mexique, « Pas une morte de plus » – Rap féministe : les rimes pour armes > Contre les féminicides et les autres oppressions de genre, des Mexicaines s’emparent du micro et rappent un féminisme à l’intersection des luttes. Zoom sur l’artiste Mare Advertencia Lirika.
« La victime était presque parfaite » – Culture du viol : le défi du déni > Une culture du viol à la française (Libertalia) est un livre dur, implacable. La militante féministe Valérie Rey-Robert y démonte les ressorts des violences sexuelles, ramenant au plan culturel, sociétal, ce que l’on s’entête trop souvent à penser en termes individuels et pathologiques.
We feed the porn – Pornographie : la contribution féministe > Encensée par les uns, vilipendée par les autres, la pornographie féministe suscite des débats houleux. En pleine expansion, le phénomène entend produire des contenus radicalement différents. Pari réussi ?
Décoloniser féminisme et société – Irréductibles et inassimilables > Avec son livre un féminisme décolonial, Françoise Vergès défend un féminisme au carrefour des luttes et pointe du doigt une certaine pensée coloniale qui continue de structurer la société. État des lieux d’un courant qui dérange.
Queen Kong – Voile, prostitution : piège à cons > Le voile et la prostitution ont supplanté depuis longtemps, parmi les féministes françaises, les fameux « religion et politique » interdits pendant les repas de famille pour éviter les bastons. On les contourne, y échappe, les repousse : et l’auteure de cette chronique sait bien quel amour du risque névrotique l’amène à en parler ici.
Au delà de la langue – Dans l’intimité du cours de français > Marseille, printemps 2016. Un bruit court. Il y aurait urgence à mettre en place des cours de français « non mixtes » à destination des femmes. Un rendez-vous hebdomadaire se met en place.
Après Bouteflika, le patriarcat – Féminisme algérien : « Il faut s’organiser tout de suite » > La révolution d’abord, l’émancipation féminine ensuite ? Dans les cortèges qui continuent de secouer l’Algérie, bien des femmes refusent cet ordre de priorité. Entretien avec Wissem Zizi, jeune militante en Kabylie.
Libérées, délivrées – Mixité choisie : une histoire de chiottes > Derrière leurs portes recouvertes de graffitis ou leurs rideaux de fortune, les toilettes publiques posent la question d’une non-mixité parfois nécessaire. C’est l’analyse d’Aude Vidal, qui fera paraître en octobre La Conjuration des ego [4]. Un livre dans lequel elle critique certains féminismes traversés d’idées individualistes et libérales.
Yes we CAN – Foot féminin : occuper le terrain > La Coupe du monde féminine a montré que le football et l’enthousiasme qu’il peut susciter ne sont pas l’apanage des mecs. Chez les filles aussi, on tape le ballon dans les city-stades, hors des clubs et des institutions sportives. Reportage dans le 18e arrondissement de Paris.
Foot féminin – Poing levé, balle au pied > Avec des taux d’audience jusque-là inégalés, le Mondial féminin de football a rencontré un vrai succès populaire. Une attention médiatique qui permet de mettre en lumière les revendications féministes des footballeuses.
[1] Couleur de l’hindouisme et des nationalistes.
[2] En français : « Activistes soudanais unis contre les dictatures ».
[3] Le lundi jusqu’à 22 h. Il s’agit du 0.800.08.11.11.
[4] Éditions Syllepse.
Le numéro 177 de CQFD (32 pages, 5 €) est en kiosque du 5 juillet au 5 septembre.
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6/07/2019