Ferdinand Brunot
Le 3 juin 1911, Ferdinand Brunot, linguiste et professeur d’histoire de la langue française à la Faculté des lettres de Paris, inaugure les Archives de la parole qu’il a créées au sein de la Sorbonne avec l’aide de l’industriel Émile Pathé.
Ces Archives sont la première pierre d’un Institut de phonétique voulu par l’Université de Paris. Les Archives de la Parole se situent dans la perspective de l’histoire de la langue puisqu’il s’agit, grâce au phonographe, d’enregistrer, d’étudier et de conserver des témoignages oraux de la langue parlée.
La grande originalité des Archives de la Parole – s’inspirant en cela des Phonogrammarchiv de Vienne en Autriche – va être de produire et de créer ses propres archives sonores. Guillaume Apollinaire, Émile Durkheim, Alfred Dreyfus, etc., mais aussi nombre de locuteurs « anonymes » ou étrangers vont laisser le témoignage de leur voix aux Archives de la Parole.
Trois cents enregistrements sont ainsi réalisés entre 1911 et 1914. Ferdinand Brunot lancera le projet d’un atlas linguistique phonographique de la France. Entre 1912 et 1914, cet atlas va connaître une ébauche de réalisation avec trois enquêtes de terrain. La première est menée dans les Ardennes franco-belges en juin-juillet 1912, dans le Berry en juin 1913, puis le Limousin en août de la même année.
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Les Archives de la Parole se situent dans la perspective de l’histoire de la langue puisqu’il s’agit, grâce au phonographe, d’enregistrer, d’étudier et de conserver des témoignages oraux de la langue parlée, « la parole au timbre juste, au rythme impeccable, à l’accent pur comme la parole nuancée d’accents faubourien ou provincial ». Et si la firme Pathé fait don d’un nombre conséquent de disques de son catalogue, la grande originalité des Archives de la Parole – s’inspirant en cela des Phonogrammarchiv de Vienne…
La mission dans les Ardennes est la première pierre de l’atlas linguistique phonographique rêvé par Ferdinand Brunot avec les Archives de la parole. Elle a lieu en juin-juillet 1912, Brunot y est assisté par l’un de ses anciens élèves : Charles Bruneau, qui vient de soutenir une thèse sur les parlers ardennais. Cette enquête dialectologique sur le terrain est la première en France à utiliser le phonographe. Elle est aussi la première à employer l’automobile comme moyen de transport…
Après sa première enquête phonographique dans les Ardennes de 1912, Ferdinand Brunot retourne sur le terrain pour une collecte sonore dans le Berry en juin 1913. Mais F. Brunot n’est plus accompagné ici d’un dialectologue comme précédemment. Le résultat de l’enquête s’en ressent. D’une mission à l’autre, les proportions s’inversent. Les récits de vie et les conversations majoritaires dans l’enquête ardennaise, deviennent minoritaires, laissant la place aux chansons, aux chants de travail…
Effectuée en août 1913, la mission dans le Limousin a lieu dans la continuité de l’enquête berrichonne. Pour Ferdinand Brunot, l’enquête faite en Limousin devait à ses yeux « servir d’expérience pour déterminer ce que dans un temps donné on pouvait recueillir sur un terrain limité où on se transporterait par chemin de fer et par voiture ». Du 22 au 30 août, sur 92 disques plats Pathé Saphir de 30 cm de diamètre, F. Brunot réalise 72 enregistrements de 38 sujets répartis dans dix localités corréziennes…
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6/07/2019