Les âmes d'Atala

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Sadafricain

Sade au miroir des littératures africaines francophones

Érotisme, violence et obscénité

Colloque international

Sorbonne Université, Faculté des Lettres

23-25 janvier 2020

CIEF – CELLF

ITEM/CNRS

EA 1337 – CONFIGURATIONS LITTÉRAIRES  

 

Responsables

Jean-Christophe Abramovici, Romuald Fonkoua, Céline Gahungu

 

Argumentaire

Lorsqu’on considère les processus transtextuels à l’œuvre dans les littératures africaines francophones, évoquer Sade ne peut manquer de susciter l’étonnement. Longtemps réputée illisible, vouée, en France, à une circulation souterraine jusqu’au début des années soixante, l’œuvre de Sade semble à contretemps des réalités qui ont animé les littératures francophones, et singulièrement africaines. La quête de légitimation dans laquelle se sont lancées les premières générations d’écrivains a interdit tout écho avec une œuvre où s’entremêlent sensualisme radical et poétique de l’ultra-violence, du moins dans sa partie clandestine. Qu’elles soient liées aux représentations fantasmatiques de sociétés africaines « traditionnelles », à l’attente d’une littérature de combat ou à des impératifs religieux (Pierre Halen, Florence Paravy 2016), les normes et demandes formulées d’une maison d’édition à l’autre ont rendu difficile l’amorce d’un dialogue transtextuel. Sur le versant de l’extrême contemporain, la circonspection s’impose également : au sein de la plupart des États d’Afrique francophone, le marché du livre demeure fragile et Sade ne fait pas partie des classiques que les lecteurs – les écrivains, au premier chef – sont susceptibles de se procurer. Sur le continent ou dans les diasporas, les écritures africaines actuelles sont le lieu de dynamiques transtextuelles qui, souvent ouvertes à une littérature mondiale, semblent ignorer Sade. Parfois perçu comme l’expression d’une violence occidentale dont la colonisation et ses avatars seraient l’illustration, l’univers sadien paraît donc échapper aux relations étroites tissées entre la littérature française et les littératures africaines (Corinne Grenouillet, Anthony Mangeon 2017).

À bien regarder cependant, tout un matériau textuel – œuvres publiées, archives inédites d’écrivains et de maisons d’édition – révèle une situation plus complexe. Si, selon une tradition viatique (Romuald Fonkoua 1999), il existe une présence de « l’Afrique » chez Sade – cœur des ténèbres, le royaume de Butua est le territoire où se retrouvent Sainville et Léonore, protagonistes d’Aline et Valcour ; par l’intermédiaire du récit de Jean-Louis Castilhon, Zingha, reine d’Angola : histoire africaine, Zingha est un modèle présenté aux personnages féminins de La Philosophie dans le boudoir et Histoire de Juliette –, en retour l’écrivain et, plus largement, des affabulations sadiennes apparaissent dans tout un pan des littératures africaines. Du « Dieu‑Foutre » qui hante Le Destin glorieux du Maréchal Nnikon Nniku, prince qu’on sort (Tchicaya U Tam’si 1979 : 33), aux références sadiennes d’écrits de Sami Tchak ou Hemley Boum, des Mille et une Bibles du sexe (Yambo Ouologuem 1969, 2015), parodie grimaçante des Cent Vingt Journées de Sodome, à l’érotique de Généalogie d’une banalité issue de Salò (Sinzo Aanza 2015 : 56), il serait possible de multiplier les exemples d’échos tantôt textuels et cinématographiques, tantôt fondés sur un « folklore sadique » (Jean-Christophe Abramovici 1996 : 53). Les discours médiatiques, quant à eux, convergent souvent vers un même point lorsqu’il est question d’érotisme : « Sades tropicaux » et « Sades africains » sont évoqués. Devenu un signifiant fantasmatique susceptible de charrier réflexions et représentations, Sade scande d’ailleurs les champs  les plus variés. Via la pornologie, concept utilisé par Dany-Robert Dufour pour explorer un ultra-libéralisme pulsionnel et destructeur (La Cité perverse 2009), l’anthropologue Joseph Tonda envisage un « triomphe de Sade » dans des sociétés africaines postcoloniales livrées à tous les désordres (L’Impérialisme postcolonial 2011 : 219).

Au-delà des relations transtextuelles avec l’univers sadien, c’est toute une part des créations littéraires africaines analysées avec un outillage conceptuel à géométrie variable – l’érotisme, la violence, l’obscène – qu’il est nécessaire d’examiner. Les écritures de la sexualité ont pris une telle importance ces dernières années qu’elles génèrent une multitude d’analyses. Sur le plan de l’édition, on peut voir dans cette vogue l’émanation de choix guidés par des représentations racialisées selon lesquelles l’érotisme et les mondes africains auraient partie liée (Claire Ducournau 2017 : 147-148) ; sur le plan de la création, ces écrits sont aussi le lieu de riches réflexions métatextuelles et de discours axiologiques et poétiques. Une tension est donc à questionner : bien que le désir de rompre avec un imaginaire colonial érotisé soit régulièrement réactivé au point de rendre suspectes des démarches créatrices érotiques, certaines des « nouvelles écritures africaines » ont tenté d’entrelacer esthétique et politique. De transgressions en subversions, ces écritures qui interrogent une production littéraire, parfois iconographique, apparue au tournant du XVIIIe siècle (Marcus Wood 2002 : 89-93) au moment même où Sade imagine son œuvre, s’en prennent, plus généralement, à tous les rapports de pouvoir et se constituent en contrepoint fécond à interroger. Dans ce domaine, les écrivaines jouent un rôle important et la parution, en 2015, de l’anthologie exclusivement féminine dirigée par Léonora Miano, Volcaniques. Une anthologie du plaisir, est l’un des derniers actes de cette dynamique. Lieux de débats et de frictions, l’érotisme et ses catégories connexes pourront être analysés selon les orientations suivantes :

  • Au tournant des Lumières, dans quelle mesure l’œuvre de Sade a-t-elle participé à un vaste processus de construction littéraire et philosophique de « l’Afrique » ? Selon quelles modalités l’univers sadien apparaît-il dans les littératures africaines ? Ces échos avec l’univers sadien sont-ils médiatisés par d’autres œuvres littéraires, voire par d’autres arts ?  Dans le champ de la littérature et, plus largement, dans celui des sciences sociales, quels sont les usages et déclinaisons des affabulations sadiennes et des figures mythiques de Sade ?
  • Au plan éditorial, comment les écritures érotiques africaines se sont-elles affirmées ? Dans quelle mesure l’érotisme a-t-il pu être constitué en ligne éditoriale ? – On s’intéressera, par exemple, à l’évolution de la collection « Continents noirs » de Gallimard. Dans quelle mesure les archives des écrivains et des maisons d’édition éclairent-elles ces processus ?
  • En quoi le choix de l’érotisme, de l’obscène et de l’ultra-violence peut-il être le vecteur de discours politiques, éthiques et sociaux conçus dans le champ d’une contre‑littérature (Bernard Mouralis 1975, 2011) ?
  • Quelle réflexion l’érotisme et ses catégories connexes engagent-ils sur les hiérarchies génériques à l’œuvre dans la littérature ? Quelle réflexion métatextuelle charrient-ils sur l’écriture littéraire ?
  • Dans les différents genres littéraires, quelles sont les formes empruntées par l’érotisme et ses catégories connexes ? Quels rapports aux langues impliquent-ils ? En quoi conditionnent-ils des poétiques ?

 

Modalités de participation

Envoi des propositions de communication : au plus tard le 15 septembre 2019 

Les propositions (titre et résumé : 500 mots) et un bref CV doivent être envoyés aux adresses suivantes :

  • Jean-Christophe Abramovici <jean-christophe.abramovici@sorbonne-universite.fr> ;
  • Romuald Fonkoua <romualdfonkoua@yahoo.com> ;
  • Céline Gahungu <cgahungu@hotmail.fr>

Réponse du comité : 15 octobre 2019

Dates du colloque : 23-25 janvier 2020

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5/07/2019

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