Hécate
La lune, certaine nuit, saigne,
Rouge d’on ne sait quel affront;
Tout un flot ténébreux la baigne,
Un débordement d’Achéron.
Hécate alors, dans ce domaine
Des ombres, cher aux meurtriers,
Vient, pour chasser la race humaine,
Découpler ses noirs lévriers.
Leur course en silence s’effrène
A travers l’abîme mouvant;
Ils vont, accompagnant leur reine,
Au gré des caprices du vent.
Et quand la bête est éventrée,
Que les derniers os sont rongés,
On les voit, après la curée,
Fixer leurs profils allongés
De loups sur le disque écarlate
Où, déposant son carquois d’or,
Rêveuse, leur maîtresse Hécate
Auprès d’eux se couche et s’endort.
Marie Dauguet, A Travers Le Voile, 1902.
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18/06/2019