Les âmes d'Atala

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Une chronique de Chryseia Von Sourde

Merci à Virginie L. pour cette chronique du petit Lorrain fraichement sorti aux âmes, publié sur son blog https://litteraemeae.wordpress.com

Un bouquet fin-de-siècle : Jean Lorrain en quelques textes méconnus

Écrivain prolifique de la décadence, Jean Lorrain (1855-1906) a, comme ses collègues, publié un grand nombre de textes dans des journaux et revues. Beaucoup ont été rassemblés en recueils par divers éditeurs. Aujourd’hui, les Âmes d’Atala font paraître le leur, sous le joli titre un tantinet désuet de Miscellanées – nom parfaitement adapté dans la mesure où, comme le confesse d’ailleurs l’éditeur scientifique des textes, ce recueil propose un mélange hétéroclite. Les écrits choisis sont regroupés en cinq sections : des contes, des impressions de voyage, deux récits inspirés par l’amitié tournée au vinaigre entre Lorrain et Jeanne Jacquemin, des textes autour de Salomé et enfin deux histoires de crimes. Tous les textes ne se valent pas, me semble-t-il ; certains sont assez anecdotiques. D’autres, en revanche, sont de petits bijoux qui reflètent à merveille l’art de Lorrain, son style ciselé et son imaginaire violent et bigarré.

Dans les contes, les nains fantastiques de l’araignée du Néthou précèdent les oies féeriques de Normandie, objets d’un récit légèrement patoisant. Un pastiche de conte de princesse est entrecoupé de scènes mettant en scène deux Anglaises contemporaines assez vulgaires, tandis que des rêveries ouvrent la porte à des visions cruelles et esthétiques.

Du côté des impressions de voyage, la vision très stéréotypée d’une Espagne pétrie de dévotion morbide et d’excès précède une promenade pittoresque au fil de la Seine, laquelle est suivie d’une plongée dans les quartiers de la prostitution à Marseille, où les femmes perdues sont tout à la fois viande et masques.

Les textes mettant en scène la « peintresse des yeux » Jeanne Jacquemin parlent d’art, d’esprit et de sensualité. Ils sont intéressants notamment en ce qu’ils montrent la technique du remploi littéraire : d’un texte à l’autre, nombre d’expressions, de phrases sont reprises. Une économie d’effort fréquemment observée chez les auteurs qui publiaient beaucoup dans les journaux. Ils illustrent aussi la fameuse dent dure de Lorrain envers ses contemporains.

Les textes associés à Salomé, figure chérie de la fin du siècle, évoquent ici la tentatrice fatale, là les avatars artistiques de la Danseuse. Dans l’un, les masques font leur retour sur un mode burlesque, tandis qu’un autre est l’occasion d’un portrait d’Oscar Wilde, auteur d’une Salomé théâtrale qui fit date.

Les deux derniers venus dans le livre sont très dissemblables. Le premier, fort réussi, est une fiction qui fait d’une couleur l’origine d’un meurtre (il fallait y penser !), alors que le second se présente comme le récit d’une visite à la morgue et sur les lieux supposés d’un crime. Tous deux exaltent un macabre emprunt de fascination propre à l’esprit décadent.

Somme toute, ce recueil varié se lit avec plaisir et permet d’envisager diverses facettes de l’art de Jean Lorrain, dont le visage aux yeux lourds orne la couverture du volume. Pour ne rien gâcher, le livre est charmant avec son costume violet au toucher délicieusement doux. Le violet dont Lorrain écrit, dans la nouvelle Le Vieux Rose : « Le violet est cruel, humble, rampant, sinistre ; les crimes des évêques, trahisons et supplices, flamboient dans ses reflets », et qui revêtait déjà, dans une nuance un peu différente, les couvertures de la célèbre Bibliothèque décadente des éditions Séguier… Bref, une couleur parfaite pour accompagner ces mots fin-de-siècle.

Si vous souhaitez vous procurer cet ouvrage, vous pouvez écrire directement à l’éditeur. Vous trouverez les informations de contact sur son site : https://zamdatala.net/

Pour lire les autres chroniques de Virginie : https://litteraemeae.wordpre..

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27/02/2019

« Le Cabaret du cœur fendu à Bxl Traitre à l’Ouest »

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