Que le diable m’emporte
Mary MacLane, jeune femme américaine de Butte, ville minière du Montana, se destine très tôt à l’écriture. Elle devient rédactrice du journal de son école en 1898 et, quatre ans plus tard, alors âgée de dix-neuf ans, publie son premier livre, Que le diable m’emporte. Dans ce journal confessionnel, Mary MacLane fait étalage de ses fantasmes, y proclame son génie tout en y défendant ses idées philosophiques scandaleuses. Elle y décrit une vie à contre-courant, bien différente de celle des jeunes filles du début du XXe siècle, issues des campagnes américaines. Une oeuvre anticonformiste, à la liberté souveraine, aussi sulfureuse que courageuse et qui fit sensation, puisque cent mille exemplaires se sont vendus dès le premier mois de sa sortie en 1902.
Une découverte !
En 1902, dans une ville minière du Montana nommée Butte, Mary MacLane, dix-neuf ans, publie un ouvrage dans lequel elle fait étalage de ses fantasmes, y proclame son propre génie tout en y défendant des idées iconoclastes, imbibées d’un parfum de scandale. Le livre, intitulé I Await the Devil’s Coming [J’attends la venue du Diable], l’un des premiers journaux confessionnels jamais écrits dans le pays, fait sensation, à tel point que cent mille exemplaires sont vendus le premier mois de sa sortie !
Extrait
Eh bien oui. Comme je l’ai dit, je me trouve vraiment, mais vraiment étrange. Mes diverses connaissances disent que je suis une drôle de fille. Elles disent : — Oh, Mary MacLane, la petite sœur de Dolly ? C’est une drôle de fille. Moi, j’appelle ça étrangeté. L’étrangeté, c’est ma marque de fabrique.
À une époque, il y a un an ou deux, j’étais une petite idiote excessivement sensible – sensible, au sens où ça me blessait profondément quand les jeunes autour de moi disaient que j’étais une drôle de fille, et me tournaient en dérision, d’une manière clairement inamicale. Mes années de lycée furent des années sans joie. Il y a deux ans, je n’avais pas encore surmonté ce genre de choses. J’étais une petite idiote trop sensible.
Mais cette sensibilité, je me réjouis de le dire, ne fait plus partie de moi. L’opinion des jeunes, ou des vieux, est désormais tout à fait incapable de m’affecter. Il semble bien que plus je suis au contact du conformisme, plus je deviens étrange.
“Why I Am a Thief” de Mary MacLane a été traduit de l’anglais (États-Unis) par Hélène Frappat. Le texte est extrait de l’ouvrage I Await the Devil’s Coming, publié pour la première fois en 1902 sous le titre The Story of Mary MacLane. © Mary MacLane, 1902.
Laisser un commentaire
4/01/2019