Futurités du traduire
18e édition de l’Odyssée de la traductologie
Colloque étudiant
Vendredi 5 avril 2019
L’Odyssée de la traductologie de 2019 sera consacrée au concept de futurités dans la pratique et la théorie de la traduction. Pour cette nouvelle édition, nous aurons le plaisir de recevoir à titre de conférencière Nicole Nolette, professeure adjointe au Département d’études françaises de l’Université de Waterloo.
La notion de futurités (employée indifféremment au pluriel ou au singulier) permettrait, selon Kuttner (2017), d’explorer les liens entre passé, présent et futur, et renverrait aux manières qu’a l’avenir de se définir, de se révéler et de transformer le présent. Comme l’énonce Gislain (2017) en résumant un aspect clé de la théorie de l’économiste J. R. Commons, « la futurité n’est pas le futur, celui-ci étant par définition incertain ou inconnu, mais ce que les humains savent, plus ou moins raisonnablement, et subissent, de façon plus ou moins contraignante ou libératrice, comme futur envisageable ». Comment, alors, penser la traduction et le sujet traduisant dans son rapport avec les futurités ?
Le terme futurités peut renvoyer à l’avenir même de la traduction, concept protéiforme qui relie de manière parfois inattendue de multiples pratiques communautaires, plurilingues, intersémiotiques ou intermédiales (Tymoczko, 2007). Dans le travail de Nolette (2015, 2018), la traduction figure au premier plan parmi les pratiques théâtrales hétérolingues déployées par les minorités francophones au Canada, chez qui elle peut cumuler les fonctions d’affirmation identitaire et d’exploration des possibles de la scène. Les recherches de Nolette donnent également l’occasion de penser les rapprochements entre communautés linguistiques qu’aurait le potentiel de créer ce théâtre sur des bases dénonciatrices, ludiques ou utopiques.
Nous devons le concept de futurités aux littératures minorisées et, plus spécifiquement, au genre de la science-fiction. Les œuvres mettant en scène des univers inventés de toutes pièces, des futurs imaginés ou des versions autres de la réalité, nous permettent d’entrevoir le présent sous un jour nouveau en éveillant à la fois appréhension et espoir. Et même si la question est le plus souvent implicite ou évitée (Mossop, 1996), le langage, l’interprétation et la traduction (que ce soit entre des humains et des machines ou encore des êtres venus d’ailleurs) demeurent des thèmes récurrents de plusieurs de ces récits. Quant à l’afrofuturisme (v. Rettova, 2017) et aux approches queers en littérature (v. MacFarlane, 2016), ils contribuent à la déconstruction des présupposés qui gouvernent nos sociétés et proposent de nouvelles fondations à partir desquelles imaginer le futur.
Les futurités de la traduction peuvent par ailleurs être pensées sous l’angle de l’obligation morale du sujet traduisant envers les minorités ethniques et religieuses. Larkosh (2006) va jusqu’à voir « l’avenir comme impératif éthique » en traductologie et propose, pour traduire, de se mettre dans la peau de l’autre, de l’opprimé, dans une perspective de responsabilité envers cet autre. Dans le même esprit, Basalamah (2005) prône la traduction citoyenne, soit une traduction engagée qui aurait pour but d’apaiser les tensions sociales et culturelles.
Enfin, il est impossible d’évoquer le futur de la profession sans penser aux avancées technologiques. Mises au service des techniques du sous-titrage, du surtitrage et de l’audiodescription, elles sont synonymes d’accessibilité (v. Laliberté, 2017). L’alliance des technologies de l’information et de la traduction facilite par ailleurs l’intégration des réfugiés aux sociétés qu’ils rejoignent (Cronin, 2016). Ces innovations peuvent toutefois être source d’incertitudes en ouvrant la voie à de nouvelles modalités controversées de la traduction, comme le crowdsourcing (v. Pérez-González et Susam-Saraeva, 2012). En filigrane se dessinent la question des rapports de pouvoir et l’enjeu de la maîtrise et de la distribution de ces nouvelles technologies.
Voici une liste non exhaustive d’autres sous-thèmes pouvant être explorés dans le cadre du colloque :
- Les défis posés par la traduction des productions de l’avant-garde
- Les échos contemporains de l’histoire de la traduction et l’avenir de la profession
- La terminologie et la traduction comme vecteurs potentiels de revitalisation linguistique
- L’avenir imaginé d’une traductologie décentralisée
- L’écotraduction ou la traduction en tant que réponse à la crise écologique actuelle
- La formation des traducteurs comme reflet du futur anticipé
- Les perspectives de la traduction audiovisuelle, multimédia ou intermédiale
Les propositions de communications orales (durée de 20 minutes, suivie d’une période de questions de 10 minutes) ou de communications par affiche portant sur ces sous-thèmes ou tout autre sujet lié au thème général du colloque sont les bienvenues. Votre proposition peut être rédigée en français ou en anglais et doit comprendre les éléments suivants : un titre, un résumé de votre communication (300 mots), votre nom, adresse courriel, université et programme d’études. Veuillez accompagner votre proposition d’une courte biobibliographie de 100 mots (présentation de votre parcours académique et de vos publications, le cas échéant). N’oubliez pas de nous indiquer toute préférence pour l’une ou l’autre des deux formes de communications. Étant donné le nombre limité de créneaux de communications orales, le comité organisateur pourrait vous offrir de faire une communication par affiche.
Veuillez soumettre votre proposition par courriel à tragrad1@gmail.com au plus tard le 21 décembre 2018.
Nous vous invitons à nous faire part de vos questions et commentaires à la même adresse.
Le comité organisateur de l’Odyssée de la traductologie
Elizabeth Birdsall, Isabelle Cossette, Kathryn Henderson, Julia Jones et Anne Raffolt
Étudiantes à la maîtrise en traductologie, Université Concordia
Laisser un commentaire
5/12/2018