Cultures de l’intime au dix-neuvième siècle
Cultures de l’intime au dix-neuvième siècle
26-27 avril 2019
Conférencières invitées:
Dominique Bauer, KU Leuven
Monique Eleb, l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Malaquais
Le dix-neuvième siècle a été qualifié de ‘siècle de l’intime’ [Diaz et Diaz 2009]. Désignant une relation proche durant le dix-septième et le dix-huitième siècle, ‘intime’ a ensuite adopté une signification plus large. Au cours du dix-neuvième siècle, le sens a évolué, passant d’un registre scientifique et philosophique (l’essence d’une chose) à une perspective individuelle et psychologique (ce qui est à l’intérieur d’un individu).
Le mot a gagné en popularité durant la seconde moitié du dix-neuvième siècle, représentant même un facteur de vente sur le marché littéraire. Un discours abondant et un intérêt généralisé à propos de ce qui est perçu comme intime (la sexualité, la famille, le ménage…) sont caractéristiques de cette époque. Ces phénomènes montrent la pertinence du concept pour les sphères privée et publique. En outre, l’intime se comprend d’emblée comme une notion paradoxale, qui renvoie à quelque chose de privé et, en même temps, souvent destiné à être dévoilé. En ce sens, le dix-neuvième siècle a ouvert la voie à la complexification et à la multiplication des acceptations du mot, aboutissant à notre situation actuelle, où partager des détails intimes de notre vie avec un large public n’est pas perçu comme une contradiction.
Jusqu’à présent, l’analyse de la modernité s’est concentrée sur l’espace public au détriment de l’espace privé. Le concept de l’intime, compris comme un besoin crucial associé avec un individu plutôt qu’avec un espace ou un contenu donné, nous donne la possiblité de dépasser la division entre le public et le privé afin de mettre en évidence les interactions, réciprocités et continuités entre ces deux sphères. Il nous permet également de questionner les oppositions binaires sous-jacentes dans notre compréhension traditionnelle de la modernité: masculin/féminin, public/privé, beaux-arts/arts décoratifs, actif/passif, héroïsme/tâches ménagères, ainsi que le discours des ‘separate spheres’ [sphères distinctes] qui les soutient.
Cette conférence bilingue (français et anglais) et multi-disciplinaire souhaite rassembler des spécialistes internationaux pour échanger autour de cette thématique.
Organisatrices: Claire Moran, Senior Lecturer in French, Queen’s University, Belfast; Apolline Malevez, chercheuse Marie Curie et doctorante à la Queen’s University, Belfast.
Nous invitons des propositions et des panels (en français et en anglais) qui explorent l’intime au cours du long dix-neuvième siècle (ca. 1830-1910), au travers de plusieurs disciplines (histoire de l’art, sociologie, littérature et architecture, entre autres).
Liste de sujets potentiels:
– Écrits intimes (lettres, journaux, etc)
– L’intimité dans la littérature
– Représentations de l’intime
– Maisons, foyers, “chez-soi”, …
– Théories hygiénistes
– Représentations d’intérieurs
– L’architecture domestique et la décoration d’intérieur
– Les lieux d’exposition intimes
– Les maisons ou ateliers d’artistes
– La théorie des ‘sphères distinctes’
– Les familles dans l’art et la litérature
– La sexualité dans l’art et la litérature
– Perspectives de genre et de classe
– Le modernisme intime
– Présentations dédiées à un artiste, un architecte ou un auteur
– Présentations dédiées à une région ou un pays
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Les propositions, de 200 mots maximum, doivent être envoyées, pour le 7 janvier 2019 à Apolline Malevez a.malevez@qub.ac.uk. Elles seront accompagnées d’un cv d’une page.
Une publication d’une sélection d’articles tirés de la conférence dans une revue internationale est prévue.
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28/11/2018