Un étrange phénomène
Sidney Davidson voit loin, très loin, trop loin… Victime d’un accident dans son laboratoire, le voilà capable de voir, par-delà les océans, une île déserte balayée par les alizées, le corps pourtant prisonnier au cœur de la vieille Angleterre. Don hors du commun, cette ubiquité devient une infirmité, mettant les nerfs du héros et de ses compagnons, à rude épreuve. H.G. Wells transforme les supers pouvoirs en malédiction, les rêves d’enfant en invalidité d’adulte et invente la science-fiction trente ans avant que le genre ne fasse école. Il nous livre une intrigue à suivre les yeux fermés, de Londres à l’île des Antipodes.
Le texte que nous avons choisi de reproduire ici dans une nouvelle traduction, est un petit joyau d’anticipation. Cette courte nouvelle d’H.G. Wells date en effet de 1895, une époque où les discussions sur la quatrième dimension et les voyages dans le temps et l’espace étaient en vogue dans les sociétés scientifiques. C’est ce qui inspire à Wells le récit d’une vision à distance à travers un « nœud dans l’espace » qui permet, en fermant les yeux, d’observer l’autre côté de la planète. Un étrange phénomène devance d’une quarantaine d’années la théorie du « trou de ver », sorte de raccourci à travers l’espace-temps, dont l’existence n’a été suggérée par Einstein et Rosen qu’en 1935 !
Partant de cette théorie, qui reprend l’analogie de la feuille de papier pliée pour rapprocher deux points distants, nous avons souhaité que les lecteurs puissent exercer leurs talents manuels, en réalisant une mise en page en forme d’origami qui suit le récit à recomposer soi-même, de temps à autre, par pliage. La lecture est à reconstruire, notre vision de la page et de l’histoire à reconstituer. Le regard apprivoise cette nouvelle présentation de la surface du livre, faisant de la lecture un voyage dans l’espace dont vous ne pourrez pas en croire vos yeux ! Allez y jeter un œil ou même deux !
Photos : Camille Cier
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29/10/2018