Lettre ouverte à un prédateur littéraire
Le Mercure de France a publié en août dernier un roman sur Mai 68 signé Yves Bichet, et intitulé Trois enfants du Tumulte.
Claire Auzias, auteure de Trimards. « Pègre » et mauvais garçons de Mai 68, publié aux éditions de l’Atelier de création libertaire en 2017 est citée nommément et sans son accord dans cette fiction où elle se retrouve plongée, elle et quelques autres de ses ami-es, en tant que personnage, dans une histoire qui n’est nullement la sienne.
Claire Auzias a réagi dans une lettre ouverte publiée par la revue en ligne À contretemps, bulletin de critique bibliographique, qui en a réalisé une version pdf que vous pouvez télécharger ici.
Après avoir cité Jean Richepin, Claire Auzias écrit en préambule :
« Regardez-les passer ! Eux, ce sont les sauvages.
Ils vont où leur désir le veut, par-dessus monts,
Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages,
L’air qu’ils respirent ferait éclater vos poumons.
[…]
Regardez-les, vieux coq, jeune oie édifiante !
Rien de vous ne pourra monter aussi haut qu’eux.
Et le peu qui viendra d’eux à vous c’est leur fiente.
Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux. »
Jean Richepin
» Vous pillez nos livres, vous vous appropriez nos luttes, nos pratiques, nos extravagances, mais surtout nos rêves, des rêves dont vous n’avez pas la moindre idée. Et comment l’auriez-vous, pauvre littérateur sans estomac, quand vous pataugez dans l’obscène d’un temps où les « enfants du tumulte » sont devenus matière à vendre du papier gras et à toucher des royalties. Le Mercure rapporte, surtout quand il s’agit, en principe, de faire la charité en rendant hommage « aux bousillés, aux petites mains ». Ma main, je vous la foutrais bien sur la tronche. Il fut un temps où le duel lavait l’offense. À défaut, je m’en tiendrais aux mots. Pour être « enragée » – oui, toujours enragée ! –, on n’en a pas moins l’usage ; on sait aussi les manier. Pour le coup, ils seront sans retour. Aucun dialogue, sachez-le, n’est possible entre nous « .
La chose, sans mauvais jeu de mot, à le mérite d’être claire cette fois, contrairement à Bichet et son « roman ».
Si vous souhaitez lire cette lettre sur le site où il a été d’abord publié, accompagné d’un texte d’introduction rédigé par la revue qui l’accueille, vous pouvez vous rendre sur le site d’À contretemps : Lettre ouverte à mon prédateur littéraire.
Pour lire l’histoire de Claire Auzias telle qu’elle-même la raconte, vous pouvez vous procurer Mimmo Puciarelli, Claire l’enragée, entretien avec Claire Auzias, Lyon, Atelier de création libertaire, 2006.
Un commentaire pour “Lettre ouverte à un prédateur littéraire”
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18/09/2018
chers Atala
en ce jour où Le Monde publie à son tour un petit article élogieux sur mon prédateur littéraire, je découvre votre publication et je veux vous en remercier chaleureusement!
à bientôt j’espère sous de plus gais auspices
Claire auzias