Le Désarroi
Le Mercure de France réédite, après Sixtine, Le Désarroi de Remy de Gourmont. Ce roman dit anarchiste, longtemps inédit, qui a été publié pour la première fois en 2006 par Nicolas Malais aux éditions du Clown Lyrique, eut un avant-texte symboliste, Le Destructeur, dont plusieurs chapitres parurent dans Le Journal et dans quelques autres périodiques entre 1894 et 1896. D’après Mikaël Lugan, qui a contribué avec Christian Buat à la parution de ce texte en 2009 aux Âmes d’Atala (à la suite d’Histoires hétéroclites, recueil de texte aujourd’hui épuisé), Gourmont, qui avait dispersé partie de la matière romanesque dans son recueil de contes D’un pays lointain, remania et recomposa son manuscrit à la fin du XIX e siècle pour en faire Le Désarroi, où s’entremêlent occultisme et anarchisme.
Bref, Le Désarroi…
Pour se reprendre et se rejeter dans la nuit, Salèze recula vers le passé, courut après ses amours mortes et, les ayant saisies à la gorge, il les maintenait sous son regard, à genoux devant lui, les yeux pâles et la bouche tremblante : il se donnait le pouvoir d’arrêter les larves et de surprendre leur fuite vers le fleuve de sable dont elles sont les nymphes.
À la toute fin du XIXe siècle, dans un Paris secret, se préparent de sanglantes exactions anarchistes. Salèze, grand cérébral, financier occulte d’attentats, destructeur de valeurs morales et religieuses, manie la métaphore avec éclat – entre Blake, Dante et Maldoror – pour tenter d’attirer dans son monde extraordinaire et nihiliste la belle mais rétive Élise. Ésotérisme, anarchisme, paradis artificiels : tous les moyens semblent bons aux personnages du Désarroi pour «se délivrer de la chaîne des causes». Mais viendra l’heure des choix ou de la catastrophe annoncée…
Laisser un commentaire
3/08/2018