Études sur le combat
Année de parution: 1978
« Le combat est le but final des armées et l’homme est l’instrument premier du combat ; il ne peut être rien de sagement ordonné dans une armée – constitution, organisation, discipline, tactique, toutes choses qui se tiennent comme les doigts d’une main – sans la connaissance exacte de l’instrument premier, de l’homme, et de son état moral en cet instant définitif du combat.
Il arrive souvent que ceux qui traitent des choses de la guerre, prenant l’arme pour point de départ, supposent sans hésiter que l’homme appelé à s’en servir en fera toujours l’usage prévu et commandé par leurs règles et préceptes. Mais le combattant envisagé comme être de raison, abdiquant sa nature mobile et variable pour se transformer en pion impassible et faire fonction d’unité abstraite dans les combinaisons du champ de bataille, c’est l’homme des spéculations de cabinet, ce n’est point l’homme de la réalité. Celui-ci est de chair et d’os, il est corps et âme ; et, si forte souvent que soit l’âme, elle ne peut dompter le corps à ce point qu’il n’y ait révolte de la chair et trouble de l’esprit en face de la destruction.
Le cœur humain, pour employer le mot du maréchal de Saxe, est donc point de départ en toutes choses de la guerre ; pour connaître celles-ci il le faut étudier. […]
Certainement, la bataille a toujours des surprises, mais elle en a d’autant moins que le sens et la connaissance du réel ont présidé davantage à l’éducation du combattant, ou sont plus répandus dans ses rangs. Étudions donc l’homme dans le combat, car c’est lui qui fait le réel. »
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20/06/2018