Nudité et sauvagerie
CAHIERS DE LA SIELEC n° 2
Actes réunis par Michel Naumann
Paris, Kailash, 2004, 198 pages
Nudité et sauvagerie, fantasmes coloniaux
La pensée occidentale se veut une rupture radicale, mais l’univers qui en naît est très inquiétant. A l’ordre mythique et majestueux des traditions se substitua dès le XVIème siècle l’aventure de mondes ouverts à la conquête commençait alors l’âge des grandes découvertes, des conquistadores, de la traite négrière et des empires coloniaux suivi par le néo-colonialisme et une mondialisation où domine encore le monde occidental.
L’individu qu’inquiète d’autant plus le monde qu’il le prend dans ses filets et qu’il ne peut imaginer ses victimes que pleines de colère et de ressentiment, tourne le dos l’appel vers l’autre. Pour faire taire ses peurs et ses doutes, il se livre à la magie des représentations: il est le maître désigné d’une matière à laquelle il imprime une forme, des hommes nus et sauvage auxquels il impose un vêtement et sa loi, d’un autre à la fois menaçant et inférieur, donc promis à la défaite Mais si ces représentations ne sont que des mythes liés aux idéologies qui justifient l’agression, si elles n’ont que peu voir avec le réel, ne sont-elles pas dès lors autant de fantasmes nés d’une situation coloniale ?
Cet ouvrage étudie ces représentions dans les littératures anglaises et françaises et même dans la peinture occidentale. Le regard des écrivains abordés se pose sur l’Afrique du Nord, l’Afrique au sud du Sahara, Madagascar, l’Inde et 1es Amériques. Grande littérature, littérature coloniale, ouvrages pour enfants, récits de voyage, essais, discours coloniaux sont passés au crible grâce à diverses contributions qui évoquent cinq siècles de domination occidentale sur le monde et soulignent souvent, derrière le fantasme, des interrogations sur le corps, l’identité, l’innocence, le rapport à l’autre et à soi-même qui alimentent les angoisse d’hommes contraints de vivre avec leurs démons et leur fragilité.
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15/06/2018