Des eco-warriors au business de la radicalité
Dans Amer 7, la revue finissante explorait le thème de la bouffe à travers un exercice de gastrosophie littéraire où il était beaucoup question d’alimentation végétale et de critique du monde capitaliste. On ne sait pas trop comment en parle Marianne Celka dans son livre Vegan Order, mais on se dit qu’il doit y avoir à boire et à manger…
Serions-nous coupables de crime contre l’animalité ? Au fil des siècles, de nombreuses voix, de Pythagore à Henry David Thoreau, se sont élevées pour remettre en cause la domination brutale des hommes sur les animaux. Aujourd’hui, la société toute entière est concernée par ce sujet, poussé sur le devant de la scène par de nouveaux activistes : L214 dénonçant l’enfer des abattoirs, Sea Shepherd menant de véritables batailles navales ou encore PETA et ses campagnes choc. Pourtant, si le véganisme s’affirme de nos jours comme un mode de vie valorisant, la sensibilité animaliste qui l’inspire relève souvent d’un véritable fondamentalisme. Acheter des steaks végétaux fait-il de vous un révolutionnaire ? Qui sont les éco-warriors et de quelle manière veulent-ils imposer leur vision du monde ? Les gourous animalistes sont-ils en train de trahir la cause ? En embrassant les points de vue politiques, écologiques ou économiques et en interrogeant les contre-cultures punk ou straight edge, Marianne Celka jette un regard critique sur l’histoire tourmentée de la libération animale, parfois rattrapée par un capitalisme enivré des sirènes de la compassion.
Marianne Celka, est enseignante-chercheur à l’Institut de Recherches Sociologiques et Anthropologiques, à l’université de Montpellier. Elle a publié un ouvrage collectif, Les dynamiques de l’imaginaire et collaboré à la rédaction de l’ouvrage de J. Porcher et Olivier Néron de Surgy, Encore carnivores demain ?. Elle est également secrétaire de rédaction de la revue Les Cahiers européens de l’imaginaire, au CNRS.
Toujours dans Amer 7, ça causait aussi anthropophagie… Vient de sortir Cannibales d’Angelica Montanari.
On a longtemps dépeint les cannibales comme des êtres monstrueux et exotiques, des sauvages hantant les terres lointaines. Pourtant, nos ancêtres se délectaient eux aussi de chair humaine. Uniquement en cas de disette, pensez-vous ? Pas vraiment : en Occident, les situations où l’homme en vint à dévorer ses semblables sont nombreuses. De la préparation de précieux remèdes à base de cadavres aux rituels de vengeance destinés à outrager la dépouille de l’ennemi, jusqu’à l’anthropophagie maternelle : l’homme a souvent été un loup pour l’homme. Bons chrétiens, chevaliers, rois, tendres jouvencelles, malades ou femmes adultérines pouvaient goûter aux délices de l’anthropophagie. Il faut dire que les imaginaires étaient hantés de créatures perfides et affamées. Ogres, loups-garous et cynocéphales côtoient des sorcières friandes de chairs humaines. Autant d’histoires à découvrir en empruntant le dédale de documents historiques inédits, d’images et de textes brillamment assemblés par Angelica Montanari dans son histoire mordante du cannibalisme, entre croyances funestes et vérités crues.
Angelica Montanari est docteur en histoire médiévale, dipolmée de l’EHESS et ensignante-chercheur à l’université de Bologne. Elle est l’auteur de Il Fiero Pasto, Il Mulino, 2015.
Dans le numéro 8 de la revue consacré au nu, ça évoque aussi le survivalisme… Le livre de Bertrand Vidal en cause.
Réchauffement climatique, pandémie mondiale, tsunami géant, accident nucléaire, black-out généralisé et même… invasion zombie. Parce que les désastres à venir sont aussi nombreux qu’inéluctables, des individus se préparent. Ils entassent des réserves de nourriture, construisent des abris, achètent des armes et s’exercent à la survie en milieu sauvage. Du cinéma à la téléréalité, les industries culturelles se sont emparées du survivalisme, le propageant comme un virus à la culture mainstream, tandis qu’une véritable économie internationale se met en place. Le temps est venu de décrypter ce phénomène qui s’amplifie de jour en jour. Qui sont les survivalistes ? Quelles sont leurs motivations ? Sont-ils des individus lucides et prévoyants ou de nouveaux fanatiques de l’apocalypse ? Des Robinsons postmodernes ou des paranoïaques va-t-en-guerre ? Découvrez la première analyse de ce phénomène qui ne connaît plus de frontières, de la Silicon Valley aux endroits les plus reculés de la planète… et préparez-vous au pire !
Bertand Vidal est sociologue et chercheur à l’université Paul Valéry de Montpellier. Il s’est imposé comme une référence incontournable dans l’étude du phénomène survivaliste et intervient régulièrement dans de nombreux médias comme Le Monde, Libération, Vice ou Les Inrocks.
Et par contre on parle pas du tout de Surf (à part à propos de Futurs Morts), même si dans ce huitième opus d’Amer, ça devait causer piscines, bords de mer et bonnets de bain… On salut l’ami Perrache !
Surf trip, shaper, hang ten, tube, stoked : vous maîtrisez peut-être le vocabulaire du surf, mais saviez-vous que rien ne prédestinait le he’e nalu, une coutume ancestrale d’Hawaï, à devenir un phénomène d’ampleur mondiale ?
De la découverte des îles du Pacifique par le capitaine Cook à l’annexion de l’archipel par les États-Unis, les obstacles à son ascension furent nombreux et souvent dramatiques : guerres fratricides, épidémies mortelles et missionnaires brutaux ont bien failli faire sombrer l’art de la glisse dans l’oubli, en même temps que la culture hawaïenne.
Jérémy Lemarié retrace de manière inédite cette aventure extraordinaire, qui commence avec l’arrivée des premiers Polynésiens sur l’archipel et la naissance des premiers royaumes. Vous découvrirez que notre amour pour l’océan, le culte du corps, les rituels de baignade et l’art de chevaucher les déferlantes sont autant d’héritages issus de la culture insulaire. De Mark Twain à Jack London en passant par le Capitaine Cook et Duke Kahanamoku, jusqu’aux plages de Biarritz : une philosophie est née, avec ses légendes, ses héros, ses révolutions… et surtout, sa recherche éperdue de liberté. Le surf a enfin son histoire !
Jérémy Lemarié est docteur en sociologie, enseignant-chercheur à l’université Paris Sud, et rédacteur en chef de l’hebdomadaire anglophone Surf Blurb. Passionné de glisse, il a vécu à Honolulu, Long Beach, San Diego et a enseigné à l’université d’Hawaï.
Bref, tout ça chez arkhe éditions…
www.arkhe-editions.com/
Le huitième numéro de la revue Amer, lui, sortira le 13 juin 2018…
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21/05/2018