Et filii
Patrick Da Silva
Entre lyrisme et crudité, polar et ethnologie, Patrick Da Silva poursuit son étude du monde rural. Après Au Cirque, il nous offre avec et filii un nouveau roman polyphonique et dense.
Dans un coin négligé de France, la vie suit un cours tragique. L’usine du pays, qui a fermé ses portes, nourrit les rancœurs. Un homme, obsédé par sa révolte, s’est suicidé. Un couple de Hollandais est retrouvé dans une cave sordidement assassiné. L’institutrice est en prison. Un artiste, aveugle, sculpte le visage des morts pour imprimer « une cicatrice fugace des coups de vent, de soleil, de tonnerre, de neige qu’ils ont été »… C’est dans ce monde en naufrage qu’un jeune séminariste se décide à recueillir les paroles de chacun pour suivre sa propre quête.
« On les a condamnés à cette mort-là et bannis dans leur propre pays qui est devenu un cimetière de macchabées ambulants. On les a radiés de la condition commune qui veut que l’on gagne par son travail sa fierté et son pain. On les a condamnés, on a exécuté la sentence mais on les méprise au point de ne pas le leur dire en face. On les afflige de bienveillance et on leur joue la comédie, on les convie à la table des négociations. Ils vont y discuter la généreuse aumône qui les fera consentir au néant où l’on a relégué leurs pénates. »
Patrick Da Silva lit et filii
L’Auteur
« Si je lis c’est d’abord que j’ai entendu lire ; et ce n’était pas le soir dans mon lit, ni à l’école, des histoires pour enfants – certes on m’a bien offert quelques albums ; je me souviens de Frou le lièvre et de Bourru l’ours brun, des images surtout – non, c’était le dimanche et c’était à la messe. »
Patrick Da Silva, in du dimanche
« Ses mains sont larges, son regard attentif. Ses silences sont de ceux qui éprouvent et rendent difficile les simagrées. Ses paroles peuvent d’un même élan questionner les
fondements de la chrétienté, les tragédies grecques ou la vie d’une proche voisine. Le vin, dans la cabane qu’il s’est construite au bord d’une rivière, se boit dans des coupelles
et succède généralement à une balade dans les champs où il s’occupe de ses bêtes. Et pourtant, aussi inhabituelle que sa vie sylvestre se présente, Patrick Da Silva reste un homme du commun. Ceux qui le rencontrent devinent qu’il s’est donné pour seules règles l’attention aux autres et l’existence la plus simple. Lui, qui habite depuis soixante ans sur des terres qui l’ont vu naître et qu’il quitte rarement, façonne depuis son territoire une langue singulière avec laquelle il fouille le monde. Ainsi poursuit-il, à travers des textes qui mêlent sans façon le patois aux mots rares, mais aussi des films, un chemin qui lui est propre. À l’occasion de la parution de deux nouveaux livres – et filii et Les Pas d’Odette – nous avons préparé ce bref dossier pour envisager un peu mieux cet auteur qui attache plus d’importance à la parole partagée et à la quiétude qu’aux reconnaissances littéraires. » Le Tripode
Laisser un commentaire
26/02/2018