DE MORTE
Le roman De morte paru en 1975 fait partie de ces oeuvres-monuments qui jalonnent et grandissent les littératures nationales par les portes qu’elles ouvrent avec plus ou moins de violence et de radicalisme stylistique et idéologique à l’image du Voyage au bout de la nuit de Céline en France, du Finnegan’s Wake de Joyce en Irlande, ou de l’Infinite Jest de David Foster Wallace aux États-Unis. Situé dans un no-man’s-land où vivent en parfaite réclusion d’étranges moines, De morte s’inspire du séjour de quarante jours dans les limbes décrit dans le Livre tibétain des morts pour tisser un roman complexe qui emprunte autant au roman policier qu’aux traités les plus ésotériques du bouddhisme et du christianisme. Écrit dans une langue qui défie et malmène le langage ordinaire, ce roman impose une poésie et une littérarité intransigeantes qui ne laisseront personne indifférent.
Park Sang-ryung, né en 1940 dans le Sud de la péninsule coréenne, fait un usage particulier du dialecte de sa région natale, mais aussi de termes anciens et de néologismes, pour, dit‑il, “dépasser les limites de la langue coréenne”. Cette quête du dépassement se retrouve aussi dans le contenu de son oeuvre, toute tournée vers la réalisation de la transcendance du corps aussi bien que de l’esprit. Émigré au Canada depuis 1969 où il a longtemps tenu une librairie,
Park Sang-ryung jouit d’une érudition peu commune avec notamment une connaissance pointue de textes peu accessibles en Corée même, que l’on trouve déployée le long de son roman phare, De morte, traduit ici en français pour la première fois. |
Simon Kim |
Kim Simon, traducteur, enseignant et chercheur à l’université Korea à Séoul, a fait sa thèse de doctorat sur l’univers littéraire de Kim Dong-in, dont il a publié le recueil de nouvelles Les Recherches du professeur K à l’Atelier des Cahiers. Il a travaillé sur la traduction de De morte pendant plus de dix ans.
simonkim@korea.ac.kr |
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23/02/2018