Pâlir de ta paleur
N’ayez pas cet accent sec, cassé, persifleur,
Ces gestes, ces regards bornés par la colère ;
J’ai beau n’avoir rien fait qui puisse te déplaire,
Je ne sais pas ne pas pâlir de ta pâleur.
Pourquoi de tout l’amour n’aimer que la douleur,
Pourquoi du jour choisir l’heure crépusculaire ?
Quand on brise à son front le nimbe qui l’éclaire,
Le bonheur d’adorer s’enfuit comme un voleur.
L’amour plein de soleil est le plus noir des gouffres,
Je ne vous ai rien fait et cependant tu souffres,
Le plus doux des amours est comme un mauvais roi.
Qui s’étonne et n’est pas le maître de son ordre,
Cœur chéri que je vois te débattre et te tordre
viens que je te console infiniment de moi.
Jane Catulle-Mendès, Mercure de France, le 1er mai 1912
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27/12/2017