L’Assoiffée Marseille
« Tous les moyens sont bons ! Mais les plus occultes sont les meilleurs.
Du feu ! Du sang ! Du poison ! Pacte avec la mort ! »
Voilà ce que proposaient des anarchistes marseillais dans les colonnes de leur journal en 1884.
C’est ainsi qu’il nous plaît d’imaginer, aujourd’hui, l’idée intrinsèque à ces éditions. Pas une perspective populaire qui attend mais une conflictualité permanente et nécessaire. Continuer à souffler sur les braises, attiser la haine de ce monde mercantile et mortifère et du militantisme de la résignation, qui n’est que sa fausse opposition.
L’assoiffé n’est pas une fin mais un moyen qui la contient. Non pas une collection de textes politiques pour s’endormir sereinement le soir, mais des instruments d’agitation pour incendier la nuit.
Divertissons-nous, nous n’avons qu’une vie…
J’ai rêvé d’un monde en flamme tourbillonnant dans l’infini
Bruno Filippi
Soirée du dimanche 7 septembre 1919. La galerie Vittorio Emanuele II, à Milan. Ici, les richesses, matérialisées dans des pierres grises, et le privilège, célébré dans des voûtes monumentales, accueillent la haute bourgeoisie milanaise venue se reposer et digérer le travail hebdomadaire – l’exploitation des pauvres – aux petites tables des cafés chics. C’est la même bourgeoisie qui, quelques années avant, a fait des affaires grâce à la Grande Guerre ; la même bourgeoisie qui, il y a seulement six mois, dans cette même ville, a adoubé le fascisme pour se défendre de la menace subversive qui a émergé de la révolution russe. Tout à coup, en cette soirée de fin d’été, une explosion déchire l’air et sème la panique dans le présent. Une bombe, destinée peut-être au restaurant Biffi, peut-être au Club des Nobles, explose avant
le terme prévu. L’unique victime est l’auteur de l’attentat. Son nom est Bruno Filippi, il a à peine plus de dix-neuf ans. Mais, à cause de sa fougue antimilitariste, il a déjà connu la prison. À cause de son espoir dans une catastrophe palingénésique, il a déjà combattu dans les tranchées. À cause de son impatience révolutionnaire, il s’est déjà confronté avec les réformateurs de gauche. Anarchiste individualiste, d’un côté il n’aime pas la foule qui se lamente et implore un paradis futur ; d’un autre côté, il hait la clique qui commande et opprime dans l’enfer du présent. Pour la première, il diffusera ses écrits iconoclastes, à la seconde, il jettera sa dynamite et son vitriol.
145 pages, format A5, 6 €
Coup pour coup
Émile Henry
Apologie d’Émile Henry. Il pouvait devenir un parfait bourgeois, il a choisi d’être anarchiste. Il pouvait gagner un salaire, il a choisi de parier sur le vol. Il pouvait construire des œuvres publiques, il a préféré chercher à les détruire. Apologie d’Émile Henry. Au côté du frère aîné Fortuné, créateur de communes bucoliques, il a incarné l’éternel dilemme de l’anarchisme : reconstruire ou détruire ? Et c’est lui qui l’a démêlé – on ne peut pas faire la révolution sans piétiner les plates-bandes. Apologie d’Émile Henry. Solidaire avec les grévistes de Carmaux, il a cherché à faire sauter le siège de leur patron. Solidaire avec les victimes de la répression, il a ciblé les commanditaires de leurs bourreaux. Apologie d’Émile Henry. Avant d’agir, il n’a pas attendu les ordres du parti. Alors qu’il agissait, il n’a pas offert, en guise de réparation, sa vie en échange. Après avoir agi, il n’a pas cherché la pitié de la société. Il n’en avait pas besoin, il avait sa conscience avec lui. Apologie d’Émile Henry. Avec la haine au cœur et la tête en flamme, il n’a pas porté l’Évangile de la guerre sociale mais en a déchaîné la foudre : les ennemis doivent être exterminés. Ce n’est pas une entreprise impossible, il suffit d’unir volonté et détermination. Apologie d’Émile Henry. Ils pourront le calomnier, l’oublier, l’insulter, le mystifier, mais son geste continuera à se libérer du carcan pour troubler la vie tranquille de la bourgeoisie, et sa parole continuera à s’évader des bibliothèques pour fracasser la survie tranquille des révolutionnaires.
119 pages, format A5, 6euros
Commandes à : lassoiffe@riseup.net
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21/12/2017