Mirbeau et le théâtre
LE THÉÂTRE D’OCTAVE MIRBEAU
Dans le cadre de la commémoration Mirbeau, la Comédiathèque a sorti, dans la collection Libre Théâtre (http://comediatheque.com/2016/12/libre-theatre.html), deux volumes de pièces de Mirbeau, de quelque 120 pages chacun (14 €).
* D’une part, « Le Foyer », qui fit scandale en 1908, au terme d’une bataille qui a duré plus de deux ans :
Le baron Courtin, sénateur bonapartiste et académicien, est l’auteur de nombreux ouvrages sur la charité chrétienne. Il préside également un foyer charitable pour adolescentes. Mais plusieurs scandales le menacent : l’argent du Foyer a été détourné, la directrice sadique flagelle les pensionnaires, parfois sous le regard de vieux messieurs, et une fillette vient de décéder, oubliée dans un placard. Pour échapper à la prison et à la ruine, Courtin se résout à demander de l’aide à l’ancien amant de sa femme, Biron, qui lui propose un marché. Biron récupèrera de manière indirecte le Foyer, pour exploiter davantage le travail des fillettes. Contre le silence de Courtin dans un débat sur l’enseignement à la Chambre, le gouvernement ne le poursuivra pas. Enfin, sa femme se dévouera pour renouer avec son ancien amant.
Le sujet de la pièce et son dénouement immoral ont fait scandale à l’époque. Après le succès des « Affaires sont les Affaires », Jules Claretie, l’administrateur de la Comédie-Française, avait demandé à Mirbeau une nouvelle pièce. Il accepte « Le Foyer » fin décembre 1906, mais exige une réécriture des passages les plus polémiques. Jules Claretie arrête brusquement les répétitions, début mars 1908. Mirbeau lui intente alors un procès qu’il gagne : les répétitions reprennent et la pièce est créée le 7 décembre 1908 à la Comédie-Française. Les débats continuent après la création et plusieurs représentations sont annulées lors de la tournée en province.
Cette œuvre conserve aujourd’hui toute sa force : l’exploitation des enfants qui est dénoncée dans cette pièce, apparaît d’autant plus révoltante que la noirceur des principaux personnages est teintée d’une certaine humanité.
* D’autre part, « Farces et moralités », recueil de six petites pièces en un acte, publié en 1904 : « Vieux ménages », « Les Amants », « L’Épidémie », « Scrupules », « Le Portefeuille » et « Interview », jouées pour la première fois entre 1894 et 1904 :
Utilisant la parodie, la satire ou la farce, Octave Mirbeau propose une critique féroce de la société bourgeoise de son époque, qui trouve d’étranges résonances avec le monde d’aujourd’hui. La modernité de l’écriture et des thèmes abordés préfigure à la fois le théâtre de Brecht et celui de Ionesco, tout en développant un humour très corrosif. gour 2 à 10 comédiens ou comédiennes.
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28/10/2017