Anticonformisme
Dans le cadre du festival Littérature, hors-norme, etc.
Jeudi 19 octobre 20h (ouverture à 19h) > L’hybride 18 rue Gosselet Lille
Philippe Artières est né en 1968. Historien, directeur de recherches au CNRS à l’Institut Interdisciplinaire d’Anthropologie du Contemporain de l’EHESS-Paris, il a été président de l’Association pour le Centre Michel Foucault de 1995 à 2013. Il a publié de nombreux essais qui explorent la question de la norme, ainsi qu’un récit Vie et mort de Paul Geny et le catalogue de l’exposition L’Asile des photographies avec le photographe Mathieu Pernot. Il est également l’auteur de l’appareil critique de Intolérable du Groupe Information sur les Prisons et de Rêves d’histoire. Cependant, pour Littérature, hors normes, etc., il a choisi de lire, avec son cousin comédien Nicolas Gény, un texte inédit : Devenir oiseau, écrit à partir du journal personnel d’Émile Nouguier, détenu condamné à mort. Ce journal a été tenu du 3 février 1899 au 8 février 1900, veille de son exécution.
« Je viens d’avoir la visite de M. le Docteur Lacassagne. Il m’a encore demandé à ce que je lui écrive ma vie au point de vue moral. C’est une tâche que je n’ose guère entreprendre car je ne me suis jamais bien préoccupé des différents états de mon esprit après chaque pas dans le vice. En prenant la plume je n’avais que l’intention de dire que j’avais reçu la visite du Dr Lacassagne et de le remercier une fois de plus de sa bonté pour les 2 fr. qu’il m’a laissés. » Extrait du journal d’Emile Nouguier
Née en 1971 à Chartres, Gaëlle Obiégly a fait des études d’art puis de russe avant de publier dans la collection L’Arpenteur cinq romans dont Gens de Beauce (2003), Faune (2005) et La Nature (2007). Elle est également l’autrice de Petit éloge de la jalousie (Folio, 2008). En 2011, elle a rejoint les éd. Verticales avec Le Musée des valeurs sentimentales, puis Mon prochain. Elle collabore occasionnellement à des revues, notamment L’Impossible et Chroniques purple. Dans son dernier roman, N’être personne (2017), une hôtesse d’accueil reste accidentellement enfermée un week-end entier dans les wc de son entreprise, elle va endurer cette épreuve avec les moyens du bord (de la sagesse, du papier hygiénique, un stylo bic) en improvisant un cabinet d’écriture. Au gré de remémorations, apparemment chaotiques, elle se trouve peu à peu traversée par toutes les questions de tous les âges de la vie. Elle lira avec la comédienne Lyly Chartiez- Mignauw, toutes deux dirigées par la metteuse en voix Fanny Bayard.
« Un 14 décembre, j’ai rencontré dans une galerie d’art une adolescente de quatorze ans. Elle m’a plu. Tout de suite. Sans doute parce qu’elle a instauré un échange où nous avions le même âge. Le sien. J’étais comme à quatorze ans, face à une fille dont l’immaturité ravivait la mienne. Un an plus tard, j’ai revu l’adolescente admirée. Par hasard, pourtant cela me semble avoir été un rendez-vous. À nouveau, nous nous rencontrons dans une galerie d’art. Tout ce qui m’a plu lors de notre première conversation est devenu digne de mépris. La collégienne est devenue une espèce de dame. Elle prend des airs extasiés en exposant son goût pour l’art. Elle-même en fait à présent. Elle est inscrite quelque part, dans un lycée qui prépare à la profession d’artiste. Cette fois encore elle instaure un échange où nous avons le même âge. La quarantaine, alors. » N’être personne, Gaëlle Obiégly
Les deux auteurs s’entretiendront tour à tour avec l’infinie Milady Renoir, puis nous projetterons Belle de nuit de Marie-Eve de Grave le dernier film sur la grande écrivaine Grisélidis Réal introduit par son éditeur Yves Pagès. Grisélidis Réal est un météore. Sa vie est digne d’un roman. Elle s’est prostituée dans les bordels munichois, aux bras de G.I. Noirs. Elle a trafiqué de la marijuana. Elle a fait de la prison. Dans les années 70, elle devient « la Catin révolutionnaire ». Elle écrit : « la Prostitution est un Art, une Science et un Humanisme ». L’amour fou l’a consumée. Ses clients aussi. Grisélidis peint, elle dessine et écrit sa vie qu’elle invente à chaque instant. Tout avec elle, devient précieux, passionné, passionnant, bouleversant, fou. Grisélidis, c’est la révolte. C’est la femme sauvage qui traverse la nuit en hurlant, parée, fardée, sublime.
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19/10/2017