Paul Cuvelier au Nova
Paul Cuvelier – Enfants non admis
Conférence – projection dia
Paul Cuvelier (1923-1978), dessinateur virtuose et auteur des bandes dessinées de Corentin, a, pendant de longues années, fait les cents pas dans sa cage : la presse pour enfants. Le Journal de Tintin et Line, revues asexuées et bien-pensantes, ne lui permettent pas de garder ses figures à nu.
En 1950, les Beaux-Arts ne lui sont pas plus accueillants, les chantres de l’art moderne déclarant l’imitation de la nature dépassée. Les revues pour adultes ont, de leur côté, sacrifié le dessin à la photographie. Les carnations de Paul Cuvelier restent ainsi coincées dans ses fardes, seuls ses nus de chevaux peuvent galoper librement.
Au début des années 60, le corps renaît, la bande « libre » fait son apparition. Cuvelier s’y essaie avec « Epoxy », scénarisé par Jean Van Hamme. Provocateur mais pas suicidaire, l’éditeur Éric Losfeld tient à garder des sexes gommés. À sa sortie en mai 1968, si l’œuvre est perçue comme libératrice par le public, elle laisse un goût de bride à son créateur.
La cage s’entre-ouvre en 1969 : Paul Cuvelier s’envole pour la foire internationale SEX 69 à Copenhague (voir le documentaire « Pornography in Denmark »). Il en rapporte des diapositives érotiques qu’il montre à ses proches et se met ensuite à en dessiner de son cru. Mais Bruxelles n’est pas Copenhague, et ses créations restent circonscrites à un cadre privé. Ces centaines de dessins miniatures, du petit croquis crayonné à la figure détaillée en couleurs, sont restées à l’ombre depuis son décès.
La Fondation Paul Cuvelier et le Nova vous convient à une projection sur grand écran de ses petites esquisses sur carrés blancs.
A New Approach
Alex de Renzy, 1970, US, 16mm > video, vo ang , 77′
Ce documentaire offre une rare occasion de découvrir en images la première foire mondiale du sexe d’octobre 1969 à Copenhague, que visita Paul Cuvelier. Il montre à quel point l’abolition de la censure en matière d’obscénité au Danemark en juin 1969 (et la légalisation de facto de la pornographie) va transformer le pays en attraction touristique d’un nouveau genre. La Petite Sirène peut aller se rhabiller…
Le nouvel Eldorado du sexe voit fleurir sex-shops, cinémas porno et live-sex clubs, toujours bondés de touristes (les Danois s’en sont vite lassé). Les nouvelles opportunités commerciales et l’insatiable demande internationale permettent d’inonder le marché de magazines, films et autres objets érotiques aux couleurs danoises, disponibles jusque dans des distributeurs automatiques dans les lieux publics. La foire SEX 69, salon destiné aux potentiels exportateurs, attirera surtout des curieux du monde entier et connaîtra un succès phénoménal : 100.000 visiteurs en 5 jours, plusieurs centaines de journalistes internationaux couvrent l’événement.
Le jeune cinéaste Alex de Renzy se rend sur place pour enquêter sur l’esprit libre danois et ramener des images étonnantes à ses compatriotes. Ce documentaire – son premier film – mêle images touristiques, inévitables micro-trottoirs, visites de la foire, de clubs et magasins en tous genres ou encore d’un plateau de tournage. Entre deux analyses sociologiques un peu douteuses, on s’amusera à entendre de Renzy imaginer un cinéma pornographique qui gagnerait en qualité suite à sa légalisation, lui qui deviendra par la suite l’un des plus prolifiques réalisateurs de hard de sa génération…
Pour l’anecdote, « Pornography in Denmark » est le premier film contenant des images sexuelles explicites à avoir bénéficié d’une critique (positive !) dans la presse mainstream américaine, en l’occurrence le New York Times. La vague porno chic était sur le point de déferler.

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11/10/2017