Pour les coupables et les innocents !
Here’s to you Nicola and Bart !
Le journal des I.W.W du 13 août 1927,
annonçant la future exécution de Sacco et Vanzetti
Dans la nuit du 22 au 23 août 1927, malgré une mobilisation et une réprobation internationale sans précédent, Nicola SACCO et Bartolomeo VANZETTI sont exécutés (peu après minuit) sur la chaise électrique du pénitencier de Charleston, État du Massachusetts, USA. La nouvelle de ces exécutions déclenchera à nouveau un immense mouvement de colère ponctué de violences contre le gouvernement américain.
» » L’année 1925 est marquée par de nombreux attentats anarchistes : les responsables politiques sont touchés, comme le maire de Seattle ou celui de Cleveland, chez lequel une bombe explose. Les bureaux de la banque Morgan à Wall Street sont soufflés par un attentat qui fait 38 morts et 200 blessés. Les autorités prennent des mesures de répression contre les anarchistes mais aussi contre les communistes et les socialistes américains. Certains sont emprisonnés, d’autres contraints de s’exiler. La presse bourgeoise amalgame les grévistes, les étrangers et « les Rouges ». Elle craint la progression du bolchévisme en Europe, le terrorisme de gauche et se méfie des immigrés récemment arrivés qui parlent à peine l’anglais. Cette période est connue sous le terme de « Peur rouge ».
Le premier procès
Le premier procès débute le 22 juin 1920. Sacco et Vanzetti sont accusés de deux braquages ayant eu lieu dans le Massachusetts : le premier est un hold-up manqué contre une fabrique de chaussures par un gang motorisé le 24 décembre 1919 à Bridgewater, l’autre le 15 avril 1920 à South Braintree, dans la banlieue de Boston. Durant ce dernier braquage, deux hommes, Frederic Parmenter caissier de la manufacture de chaussures « Slater and Morril » et son garde du corps Alessandro Berardelli, sont abattus à coups de revolver par deux hommes dans la rue principale. 15 000 $ sont volés.
Un certain nombre de témoins à charge qui n’ont vu le braquage que de loin affirment avoir « reconnu » des Italiens, notamment l’un portant une moustache comme celle de Vanzetti, le débat portant sur la longueur de cette moustache. Les témoins à décharge, des immigrés italiens soupçonnés d’accointance avec les milieux anarchistes, sont ignorés bien qu’ils fournissent un alibi à Vanzetti. Le 16 août 1920, Vanzetti seul est condamné pour le premier braquage de 12 à 15 ans de prison, Nicola Sacco ayant pu prouver qu’il avait pointé à l’usine le jour de ce premier braquage.
Le second procès
Le second procès qui a lieu à Dedham du 31 mai au 14 juillet 1921 met surtout en scène l’expertise en balistique, encore balbutiante à cette époque, Vanzetti portant selon l’accusation un pistolet de calibre 38 qui aurait appartenu à l’une des victimes et Sacco un Colt automatique de calibre 32 (les quatre balles trouvées sur les lieux du braquage avaient été tirées par un pistolet de même calibre). Ce second procès les condamne tous les deux à la peine capitale pour les crimes de South Braintree, malgré le manque de preuves formelles. Carlo Tresca et Aldino Felicani (vieil ami de Vanzetti), deux militants de l’Industrial Workers of the World [2] et quelques représentants de la bourgeoisie libérale bostonienne lancent une campagne médiatique nationale et internationale en leur faveur, montant dès le 9 mai un comité de défense qui parviendra à lever pendant 7 ans un fonds de 300 000 dollars, fonds dans lequel puisera leur avocat californien Fred Moore, spécialisé dans les procès politiques, pour effectuer ses propres enquêtes.
Dès lors, des comités de défense se mettent en place dans le monde entier pour sensibiliser l’opinion sur cette injustice. Comme Sacco en 1923, Vanzetti est placé début 1925 en hôpital psychiatrique. Le 12 mai 1926, leur condamnation à mort est confirmée. En novembre 1926, un bandit dénommé Celestino Madeiros, cependant déjà condamné à mort dans une autre affaire, avoue de sa prison être l’auteur, avec des membres du gang de Joe Morelli, du braquage de South Braintree, mais le juge Webster Thayer, qui n’aimait ni les Italiens, ni les anarchistes, refuse de rouvrir le dossier. Malgré une mobilisation internationale intense et le report à plusieurs reprises de l’exécution, Nicola Sacco, Bartolomeo Vanzetti et Celestino Madeiros sont exécutés par chaise électrique dans la nuit du 22 au 23 août 1927, à la Prison de Charlestown dans la banlieue de Boston, par le célèbre bourreau Robert G. Elliott, suscitant une immense réprobation » » (l’article complet ICI)
Sources utilisées : Ephéméride anarchiste, Wikipédia
Pour approfondir :
Ronald Creagh, L’affaire Sacco et Vanzetti, Lyon, Atelier de création libertaire, 2004.
John Dos Passos, Devant la chaise électrique, Sacco et vanzetti : histoire de l’américanisation de deux travailleurs étrangers, Arcades Gallimard, 2009
Pierre Duchesne, Sacco et Vanzetti, Paris, Presses de la Cité, 1971.
Francis Russell, L’affaire Sacco-Vanzetti, Paris, Robert Laffont, 1964.
http://www.lemonde.fr/ameriques/video/2017/08/23/en-1920-l-affaire-sacco-et-vanzetti-l-une-des-plus-grandes-controverses-judiciaires-du-xxe-siecle_5175565_3222.html
Laisser un commentaire
23/08/2017