le lycanthrope
Œuvres poétiques et romanesques
Textes choisis et présentés par Michel Brix
« Le chemin de la poésie est étroitement dépendant de celui des idées révolutionnaires, mais il existe une tradition révolutionnaire spécifiquement poétique. De Pétrus Borel et de Nerval, ce chemin passe par le pays de Baudelaire pour rejoindre les régions de Lautréamont, de Tristan Corbière et de Rimbaud. »
Tristan Tzara
Le volume contient :
Rhapsodies
Champavert. Contes immoraux
Madame Putiphar
Fictions en prose et poésies diverses
[Vers]
Les Pressentiments. Médianoche
Jérôme Chassebœuf
Vendrapédrou (traduit de l’anglais)
Janiquette
Yariko
Le Capitaine François de Civille
Miss Hazel
La Nonne de Peñaranda
Le Trésor de la caverne d’Arcueil
Gottfried Wolfgang
Daphné
Mab Ivin de Roscof
Le Fou du roi de Suède
Annexe I
Le Petit Cénacle et la police de Louis-Philippe
Annexe II
Pétrus Borel, destinataire d’un billet de Gautier ?
L’histoire littéraire a retenu le rôle fédérateur de Borel, au début des années 1830, mais semble s’être beaucoup moins intéressée au contenu de ses œuvres. Or, même si celles-ci sont restées dans l’ombre à l’époque de leur publication (l’échec de Madame Putiphar entraîna d’ailleurs la ruine des ambitions de l’écrivain, qui se résolut quelques années plus tard à devenir fonctionnaire colonial en Algérie, où il mourut), elles se distinguent néanmoins par leurs qualités formelles, leur noire puissance et la profonde humanité de leur propos.
Baudelaire lui-même, dont les avis sont des plus décisifs, a invité la postérité à ne pas oublier Borel, alias le «lycanthrope» : sans lui, remarquait l’auteur des Fleurs du Mal, il y aurait une «lacune» dans le romantisme français. Autre caution, non moins prestigieuse : celle des surréalistes. André Breton a salué le génie de Borel, lui a réservé une place dans son Anthologie de l’humour noir et l’a présenté comme le «bouc émissaire» du romantisme – «cela parce qu’il se montra dans sa foi [romantique] plus irréductible qu’aucun autre». Mais ce que les surréalistes apprécient davantage encore chez Borel, c’est de voir celui-ci s’emparer de la tradition du roman gothique, dans laquelle s’était inscrit avant lui M. G. Lewis, l’auteur du Moine. Tzara, quant à lui, a vu en Borel une des figures emblématiques de ce que le Maître Dada appelait la poésie «activité de l’esprit», à savoir celle qui – comme chez Rimbaud – se manifeste autant dans la vie que dans l’œuvre de l’écrivain.
Tous ceux qui liront ce recueil pourront convenir que Baudelaire, Breton et Tzara ne se sont pas trompés. À l’évidence, la voix du «lycanthrope», l’«homme-loup», est puissante et porte toujours jusqu’à nous ; quant à ses ouvrages, ils n’ont rien perdu, aujourd’hui, ni de leur pertinence, ni – ce qui est mieux encore – de leur impertinence.
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24/04/2017