Les enfants pillards
Préface Michel Pateau – llustrations et documents
Pendant l’été 1918, l’écrivain Jean Cayrol, alors âgé de huit ans, vit avec ses cousins sur le littoral de la côte girondine. À 700 km de Douaumont, la guerre a finalement rejoint les lieux de villégiature. Les batailles joyeuses des vacances d’été des petits et la guerre des grands se côtoient. Dans les jeux de plage, des enfants tourbillonnent et disparaissent. Que l’on assassine un écureuil ou que l’on sale un cormoran qui se décompose, la guerre grandit, et des tranchées se creusent parmi les dunes atlantiques. Un beau jour, on découvre une caisse de munitions, on parle des sous-marins au large, on échange des mensonges brutaux que tout le monde accepte – mais rien à voir avec la mythomanie pesante des adultes en proie à l’horreur vraie. Et puis, de temps en temps, surgit la folie meurtrière des adultes. Quand on découvre le cadavre d’un marin mangé par les crabes. Quand un aviateur fou, échoué sur le rivage, retourne se noyer dans l’océan. Quand André, Lucien, Jean-Baptiste et le jeune Cayrol lui-même blessent et capturent dans la dune un Alsacien qui herborise et le donnent au gendarme. Le mensonge à vie s’installe dans les têtes : il s’agissait bien entendu d’un espion.
Ce bouleversant recueil de souvenirs de petite enfance, qui nous ramène vers la fin de la Première Guerre mondiale, préfigure les jeux dangereux qui seront ceux des enfants de la Seconde.
L’auteur
Jean Cayrol (1911-1995) fut poète, romancier, essayiste, éditeur très actif au Seuil (où il a révélé Barthes, Sollers, Roche, Pleynet, Roberts ou Yacine), juré du Goncourt, cinéaste. L’expérience de la déportation pour activités de résistance instillera à son œuvre une profonde dimension métaphysique qui s’illustre dans Je vivrai l’amour des autres (Renaudot 1947) et le film Nuit et Brouillard qu’il co-écrit avec Resnais. Sa foi en l’humanité demeure et fonde ensuite une œuvre de résurrection.
Il s’agit d’une réédition, biensûr !
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2/09/2016