«Jean Genet : traces d’ombres et de lumières» de Patrick Schindler
Enfant de l’Assistance publique tenté par l’éloge de la fuite, fugueur, prostitué, traître, voleur, Jean Genêt vagabonde à travers l’Europe dans les années 1930. En prison, il écrit ses premiers romans, réalistes, sulfureux, provocateurs.
Découvert par Cocteau, ce dernier le sauve in extremis des griffes de la Gestapo. Sartre l’encourage, mais la biographie trop intimiste qu’il fait de Genêt, Saint Genêt comédien et martyr, pétrifie ce dernier, qui mettra dix ans à s’en remettre, avant de se prendre de passion pour le théâtre.
Sa griffe décapante et crue lui vaut les foudres de l’extrême droite.
Dans les années 1970, on le retrouve engagé auprès des Black Panthers, du GIP (Groupe information prison) et pour la cause palestinienne. Avec excès, comme toujours. On le traite d’antisémite, d’apologue des beaux soldats de la Wehrmacht, des jeunes collabos et des beaux assassins. Rien que ça!
Ennemi du politiquement correct, Genêt qui vit de chambre d’hôtel en chambre d’hôtel, laisse dire et s’éteint, en marge…
Le but de cet ouvrage est de mieux comprendre qui se cache sous cet immense provocateur. Patrick Schindler s’arrête longuement sur son histoire atypique, revisite quelques-unes de ses œuvres clés, avant de s’intéresser aux motivations du Genêt militant engagé.
Je ne suis pas un homme d’adhésion, je suis un homme de révolte.
C’est ce Genêt que P. Schlindler découvre à l’âge de dix-sept ans. Genêt : une odeur de soufre et de poudre ! Dans les années 1970, l’homosexualité devait encore se cacher pour exister, et Genêt, comme Rimbaud, osait appeler un chat un chat. Un chanteur dandy, nommé Bowie, en fit une icône…
On le prétend aujourd’hui un auteur daté. Le dirait-on de Proust ou de Villon ? Que les jeunes générations découvrent la saveur, le parfum, les images Genet autant de cadeaux cachés et offerts…
Patrick Schindler est né au Perreux-sur-Mame [Seine] en 1956. Dès 1972, il adhère à la Federation anarchiste, puis participe aux réunions du FHAR [Front homosexuel d’action révolutionnaire). En 1974, il signe l’Appel des Cent, un manifeste réclamant le respect des droits fondamentaux pour les appelés incorporés à l’armée, avant de passer une année à lutter pour son application durant son service militaire.
De 1975 aux années quatre-vingt, il accompagne le lancement du quotidien Libération, puis celui du mensuel Gai Pied. Après des séjours dans divers pays européens, asiatiques et américains, Patrick Schindler traverse les « années sida » durant lesquelles il «perd plus de la moitié de ses amis figurant dans son carnet d’adresse ». Les décennies suivantes, dans le cadre de la Fédération anarchiste, il assume plusieurs mandats et milite dans diverses associations humanitaires. Depuis, il écrit régulièrement dans Le Monde libertaire et des revues proches, et se consacre enfin à ses passions l’écriture et la mémoire.
Dans la presse :
Marianne, n°995, 6 au 12 mai 2016
Le monde libertaire, n°1779, 15 mai au 15 juin 2016
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30/05/2016