Nathalie Savey
Premier ouvrage consacré à l’œuvre photographique de Nathalie Savey, qui reproduit ses principales séries accompagnées de poèmes et proses de Philippe Jaccottet qui accompagnent et éclairent son travail. Trois études inédites par Héloïse Conésa, Michel Collot, Yves Millet.
« Il suffit d’être possédé par le songe dans ses profondeurs et de savoir trouver l’accord de ces quatre mots. » (Philippe Jaccottet)
Je souhaite que chaque photographie soit une expérience poétique, où l’immédiat, le lieu, et mon désir d’image entrent en dialogue. Aller à l’essentiel à travers l’expérience du paysage, marcher en s’oubliant, percevoir l’immanence du réel, contempler toujours, oser la poésie, être.
Le ton, les doutes, la quête, l’émotion, l’exigence, la beauté de l’œuvre de Philippe Jaccottet m’ont toujours accompagnés. Reconnaître ce qui est le plus proche de soi est le plus difficile à voir, se reconnaitre dans l’autre est une chance et une résonnance. Voir et écrire, sont comme deux personnes en regard. Trouver l’accord de la note entre ces deux verbes est une quête, la donner à entendre dans un espace où le souffle d’un instant est retenu par la beauté est un bonheur.
J’ai porté en moi les écrits de Philippe Jaccottet, comme cette phrase citée plus haut, en me disant : voici ce que je voudrais faire en photographie. Il existe un espace non défini entre le visible et l’invisible, à voir à travers l’épaisseur du visible. Et certainement, avant tout, le gout très particulier, indescriptible, d’aimer marcher dans la montagne, le long des rivières, que je signifie dans le silence de mes images en tentant d’ouvrir un espace imaginé que j’entends dans les écrits de Philippe Jaccottet.
(Nathalie Savey)
Pour cette édition, Nathalie Savey a tiré spécialement deux photographies : Les Envolées n° 2 et une photographie extraite de la série Je suis peut-être enfoui au sein des montagnes.
Extraits
Nathalie Savey est une promeneuse. En préalable à ses photographies, elle choisit un itinéraire sur une carte, marche, observe, attend puis déclenche. Dans son viseur, la nature est ramenée à ses éléments primaires : l’eau, l’air, le végétal, le minéral. Ce ne sont pas des photographies de paysages qu’elle propose : le pittoresque, le sublime sont absents de ses images dans lesquelles la réunion d’une nature objective et d’une intime sensation joue sur la part d’illusion que génère parfois le réel. Ainsi le rocher se transmute en montagne, la photographe se fait alchimiste.
De l’art oriental et de la tradition des images du monde flottant qu’elle affectionne tant, Nathalie Savey retient cette volonté de se fondre dans le paysage, d’en faire l’expérience comme s’il s’agissait d’un nouvel être-au-monde. Plus que le moment romantique de la projection, où les états d’âme de l’artiste trouveraient dans la contemplation de la nature un écho, Nathalie Savey cherche à matérialiser cette frontière indécidable entre la réalité et le ressenti, le visible et l’invisible. En ce sens, la photographe nous donne à observer un « paysage mental ».
(Héloïse Conésa)
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18/11/2015