hommage à la classe ouvrière
Xavier Mathieu, ancien délégué syndical de la CGT de Continental à Clairoix, devenu comédien était invité du Grand Journal sur Canal Plus, pour commenter l’arrestation des 6 salariés d’Air France au petit matin.
Il commence ainsi : « Ça fait 4-5 jours que je refuse toutes les télés, toutes les radios, parce que j’en peux plus ». « Je suis là pour Leny Escudero, uniquement pour lui ».
Parce que je rage depuis quelques jours de ce que je vois, le lynchage, je suis écœuré, du lynchage que tous les médias ont fait envers mes camarades qui se battent, parce que moi j’ai vécu ce qu’ils ont vécu, les Contis on a vécu ce qu’ils ont vécu. Et je suis dégouté en fait, je vous le dis franchement, parce que le carnage que ça provoque des licenciements, c’est quoi à côté d’une chemise arrachée, d’un mec qui s’est fait simplement un peu molester. Et encore molester …
– Quelqu’un a été dans le coma, l’interrompt Maïtena Discoursdevérité Biranen. C’est grave.
– Ouais, et alors ? Il y a 5 contis qui se sont suicidés. Il y en a un qui s’est jeté devant les rails de chez Continental. C’est quoi ça, c’est rien ? Parce que la Une, vous l’avez tous faite la Une, lorsqu’on a pété la sous-préfecture. Quand le directeur de chez Continental il a pris des œufs sur la gueule, vous avez tous fait la Une. Par contre… Continental a fermé en 2009, ils ont évoqué des licenciements économiques […] 1500 personnes dehors, des familles entières, une région dévastée. Aujourd’hui Continental a été condamné 5 fois parce qu’il n’y avait aucune raison économique à la fermeture de cette entreprise. Vous avez fait la Une des oeufs dans la gueule de ce directeur, vous avez crié au scandale, vous nous avez traité de voyous. […] Les dirigeants de Continental ils n’ont jamais été en garde-à-vue, jamais. Et pourtant il y a eu des morts. Il y a 500 mecs qui sont encore au chômage aujourd’hui. 400 divorces. 5 suicides. Voilà les conséquences. […] Cette chemise arrachée… C’est honteux la façon dont ça a été traité dans les médias.
– 54% des Français disent qu’ils comprennent mais n’approuvent pas.
– Vous condamnez vous aussi ?
– Non. Non. Et je rends même hommage à la classe ouvrière qui depuis 2008… Il n’y a jamais eu un vrai drame. On serait aux États-Unis où tout le monde à des armes il y en aurait une paire qui se serait fait plomber, mais il n’y a jamais eu un vrai drame…
– Est-ce que cette violence elle va faire partie du paysage ?
– Quelle violence ?
– Ce type de situation…
– Il arrivera ce qui arrivera… Mais je pense que oui, je pense que… Malheureusement j’ai été un pacifiste, toute ma vie, j’ai été un non-violent toute ma vie, mais malheureusement je ne crois plus au pacifisme, je crois en la violence. Parce que vous voyez par exemple on a pété la sous-préfecture de Compiègne, ça faisait 6 semaines qu’on réclamait des négociations, aucune négociation ne nous a été accordée, on a pété la sous-préfecture de Compiègne, trois heures après on nous autorisait tripartite, tout ce qu’on voulait on l’avait. […] On est dans une société où il n’y a que ça… En face, les puissants n’ont peur que de ça, n’ont peur que de la violence.
– Pourtant ça dessert les syndicats là…
– Nous, je vais vous dire, quand on a été convoqués, quand j’ai été convoqué au commissariat de police, en garde-à-vue.. Les Contis ils sont descendus à 800, ils ont attendu pendant deux heures seulement devant le commissariat : on est entrés, on a signé un papier, on est sortis aussitôt. Pace qu’il n’y a que cela qui leur fait peur.
[…] Les gens de chez Continental ils ont accepté de baisser leur salaire, de baisser leurs primes, de perdre 1/3 de leurs primes de vacances de fin d’année, comme tous ces gens [d’Air France] ont fait, ils ont accepté de perdre du salaire, ils ont accepté les conditions.. Et le mec là qui leur a dit : « si vous faites des efforts l’entreprise elle est sauvée », c’est le même mec qui est venu leur annoncer qu’ils allaient en mettre 2900 dehors. Après, vous vous étonnez que les mecs se mettent en colère, essayent d’attraper le mec. Hé ! Dans la sidérurgie dans les années 80, quand ils attrapaient les patrons, les séquestrations, c’était pas… On leur distribuait pas la pizza, on leur laissait pas le téléphone pour prévenir papa et maman et pour répondre aux médias. C’était autre chose.. »
[…]
« On est dans un système pourri, il va falloir en sortir et malheureusement la violence sera inéluctable, et pour l’instant, rassurez vous que ce soient seulement des chemises arrachées, un jour ou l’autre ce sera bien pire que ça… »
Conclusion : « C’est un autre discours de vérité ».
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20/10/2015