Jours d’exil ; 1849 – 1855
jours d’exil ; 1849 – 1855 (préface : Marc Vuilleumier et Marianne Enckell)
Livre somme de 1500 pages dans l’édition originale, cette publication sera éditée sous la direction de Marc Vuilleumier et Marianne Enckell. Bien qu’unanimement considéré comme l’un des chefs-d’oeuvre de la littérature du XIXe, Jours d’exil fait partie des grandes lacunes éditoriales depuis près d’un siècle. Ernest Coeurderoy prit part à la Révolution de 1848. Condamné à l’exil, il mènera une vie d’errance à travers l’Europe. Durant ces longues années, Ernest Coeurderoy parcourt à de maintes reprises la Suisse romande pour s’établir à Genève où il meurt tragiquement en 1862. Ses nombreux séjours en Helvétie, riches en descriptions, ponctuent ce récit bouleversant. Il s’agit d’un document de première importance dans l’histoire de Genève et du canton de Vaud car il donne un éclairage unique sur la vie quotidienne des exilés politiques. Ernest Coeurderoy sera également une figure incontournable de l’époque car il entretiendra une importante correspondance avec ses pairs, notamment avec Herzen. L’oeuvre de Coeurderoy trouve sa place naturellement au sein de la collection géographie(s). L’expérience qui y est contée, celle de l’exil, met en perspective nos géographies vécues en les questionnant et en les modulant. Les frontières disparaissent ou se déplacent, rendant plus intimes mais aussi plus ouverts ces lieux qui, sous le regard de l’exilé, deviennent d’un coup si importants. Parties essentielles d’un tout qu’Élisée Reclus, un autre exilé politique, appellera plus tard dans le XIXe siècle la « Grande Patrie ». Initialement imprimé clandestinement en deux volumes à Londres, sous la censure, en 1854, Jours d’exil n’a bénéficié que d’une seule édition complète chez Stock en 1910. Depuis lors, uniquement des extraits de cette oeuvre ont circulé. C’est seulement en 2010, alors que nous étions studieusement en train de saisir le texte, que subitement et dans sa totalité, le livre est apparu sur le net (wikisource) puis dans une version en fac-similé disponible sur commande. Dépités par cette découverte, alors que nous étions en plein travail, nous avons tout d’abord hésité à renoncer. Rééditer un livre d’à-peu-près 1000 pages ce n’est pas rien. Réflexion faite, nous avons pris la décision d’aller jusqu’au bout. En voici les raisons : un tel ouvrage, au vu de son importance dans l’histoire de la pensée vaut un véritable livre papier. Faire de l’édition n’est donc pas seulement mettre à disposition un texte sur internet. Mais plutôt réaliser un nouvel objet avec et dans son temps, c’est-à-dire avec l’appui d’une communauté, dans une chaîne de collaboration. Que cela soit d’un point de vue formel ou de celui de l’établissement d’un texte, de son impression, puis sa circulation dans un réseau de librairies.
Dans la lutte solitaire qu’il mène contre toutes les formes d’oppression et contre la pusillanimité de ceux qui font métier de les combattre, Ernest Coeurderoy a des accents qui annoncent Lautréamont et Rimbaud. L’outrance est chez lui l’expression d’une poésie qui rêve de s’emparer du monde pour le bouleverser et le restituer à l’être véritablement humain, séculairement victime d’un mode de gouvernement absurde et cruel.
Jours d’exil n’est pas seulement la fresque d’une époque dont l’histoire des idéologies a masqué et édulcoré la violence historique, c’est la vocifération d’un homme mis en cage par la mesquinerie de son temps, c’est un cri de liberté qui résonne fortement dans nos sociétés où la nullité tonitruante favorise le silence de la résignation et les complaisances de la servitude volontaire. Raoul Vaneigem
Imprimé clandestinement en deux volumes à Londres en 1854, Jours d’exil, œuvre somme de Cœurderoy (1825 – 1862) n’a bénéficié que d’une seule édition complète chez Stock en 1910. C’est une lacune éditoriale de près d’un siècle qui est comblée avec cette réédition complète qui reprend les introductions de 1910. Deux postfaces livrent quant à elles les enjeux contemporains de cette œuvre à placer au panthéon du romantisme révolutionnaire.
Jours d’exil représente en outre un formidable témoignage sur sur la vie quotidienne des exilés politiques au 19e siècle en butte à des tracasseries administratives singulièrement proches de celles d’aujourd’hui…
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18/10/2015