LA LOI SUR LES VOLS DE BOIS
“Nous revendiquons, pour la foule pauvre et dépouillée politiquement et socialement, ce que les prétendus historiens, ces laquais savants et dociles, ont considéré comme la vraie pierre philosophale, afin de transformer en or juridique pur toute prétention impure. Nous réclamons pour les pauvres le droit coutumier, non pas un droit coutumier qui soit local, mais un droit coutumier qui soit le droit coutumier des pauvres dans tous les pays… Le droit coutumier ne peut être que le droit de cette classe la plus basse, de cette classe élémentaire qui ne possède rien.”
À l’automne 1842, Karl Marx — il avait alors vingt-quatre ans — rédigea trois articles à propos des discussions qui eurent lieu lors de la session de la Diète de Rhénanie. L’une des lois discutées stipulait que le ramassage de bois mort était un délit passible des travaux forcés, alors qu’il était considéré comme un droit d’usage. Ces “vols”, ainsi que des délits de chasse étaient très fréquents par suite de la misère croissante des paysans. Examinant les articles de cette loi et
les propositions des députés, Marx — se souvenant de ses solides études de droit — se démarque des deux théories générales du droit qui s’affrontent alors en Allemagne : celle de Friedrich Carl von Savigny et celle d’Eduard Gans.
Pour Marx, cette loi consacrait une conception moderne de la propriété. Comment donc critiquer une loi faite dans le seul intérêt du propriétaire de forêts sans apparaître comme le défenseur du droit coutumier? C’est ce que fait Marx dans ce texte d’une intelligence rare.
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14/07/2015