Jean Streff sur l’Alamblog
C’est évidemment avec beaucoup de plaisir que nous lisons dans l’Alamblog la chronique d’Eric Dussert sur Théorème de l’assassinat de Jean Streff. Qu’il en soit chaudement remercié. L’article est intitulé « Streff sans tabou », et nous vous le livrons ici en intégralité, ce qui ne vous dispense pas de visiter l’Alamblog, sauf si vous êtes foncièrement contre le plaisir bistre des lectures troubles ou le charme subtil des découvertes troublantes… Dans tous les cas, nous vous savons non sans joie. Cela ne se discute pas.
» Il y a longtemps qu’un livre aussi potentiellement scandaleux n’avait pas poussé avec fracas les portes vitrées de la librairie françouaise. Un livre potentiellement scandaleux, nous voulons dire par là une fiction dépeignée, râblée, cousue d’injonctions et de trouble, soufrée, jaillissante en giclées acides ou en sanies écœurantes, un livre qu’on n’offre pas, en général, à sa mère.
A moins d’être l’enfant de Gabrielle Wittkop, de Genka ou de Bienvenu Merino.
Il y eut une histoire d’épi, le récit d’une diarrhée au Mexique ou de torture appliquée au jeune âge et puis, finalement, on s’était remis à Sade pour faire semblant de toucher l’inatteignable.
Un récit court et dense comme un galet vient cependant briser la sereine platitude de l’étang en y formant quelques cercles, c’est Théorème de l’assassinat de Jean Streff. Récit d’une solitude cauchemardesque, du huis-clos d’un esprit obsédé par l’égorgement au rasoir. Et au moment où est diffusé Le Challat de Tunis, film édifiant de Kaouther Ben Hania, ce projet laisse d’autant moins indifférent.
Claude Louis-Combet, qui signe la préface, a trouvé les mots pour décrire simplement ce livre qui pourrait aux âmes mal cuites paraître posé au-delà des possibles : « Le récit de Jean Streff n’est en rien une apologie du crime. C’est une mise en scène de cauchemars sanglants pour un théâtre nu et solitaire : celui de l’existence — là où se répète obstinément la terreur d’être né et où la violence demeure l’ultime invocation. »
Spécialiste du sadomasochiste, Jean Streff est (assez naturellement) allé jusqu’au bout de son inspiration, et il nous propose un livre-limite, à n’en pas douter. Nous n’allons pas en offrir d’extrait comblé d’effroi et de fantasmes. Nous nous contenterons de livrer cette piste que le Moi nu fait ici ce qui lui passe par la tête, sous les étoles mêlées de la folie et d’une certaine poésie.
Vous l’aurez compris, il faut désormais ajouter le nom de Streff à la liste des auteurs… singuliers. Les lecteurs du Nécrophile, par exemple, s’y retrouveront aisément. A ce titre, un entretien paraîtra dans le prochain numéro du Matricule des anges où sera exposée l’histoire chaotique du manuscrit de ce Théorème terrible. »
Eric Dussert
Jean Streff Théorème de l’assassinat. Préface de Claude Louis-Combet. – Lille, Les Âmes d’Atala, 2015, 124, 11 €
La couverture d’une édition avortée :
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24/04/2015