Le Christ refiguré (1848-1949)
Le Christ refiguré (1848-1949)
11 avril 2015 à l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA), Paris.
« Jésus contre le Christ ? », cette formule permettrait de résumer les paradoxes des XIXe et XXe siècles à l’égard de la question religieuse. À mesure que le germe rationaliste, semé par les Lumières, tend à désacraliser la figure christique, Jésus refiguré par les théologiens, les penseurs, les écrivains et les artistes, à leur image et à l’image de leur siècle, exerce sur l’Europe intellectuelle une force d’attraction redoublée. Dans ce climat général complexe, rationaliste mais spirituel, historiciste mais mystique, positiviste mais religieux, nous comprenons que l’imagerie christique, en dehors du simple fait religieux, ne décline pas, mais évolue sous le signe de l’hybridation, du détournement, voire de la « survivance ».
Cette journée d’étude se propose d’analyser l’ensemble de ces « refigurations », et de définir comment les réécritures contemporaines des évangiles « transforment le monde du lecteur » (P. Ricœur) pour impliquer, dans les arts et dans l’historiographie de l’art, de multiples « refigurations » du Christ. Nous attendrons des intervenants qu’ils abordent les subversions, les réactualisations laïques de cette figure iconique de l’histoire de l’art dans sa dialectique avec les mutations de la pensée européenne, les transformations artistiques, littéraires, idéologiques et politiques de l’Europe entre 1848 et 1939. Nous retiendrons les communications à caractère transversal, et éviterons les approches monographiques.
Problématiques envisagées et non restrictives :
- Le Christ sécularisé : L’évolution de la représentation du Christ est indissociable de l’élan positiviste des XIXe et XXe siècles, et de ses éventuels prolongements dans les arts plastiques. Les actualisations figurées de cette iconographie doivent ainsi être replacées dans une entreprise européenne de réinterprétation des textes sacrés. Les interventions pourront donc concevoir la réinvention paradoxale de Jésus dans et par l’époque moderne, notamment à travers sa rencontre avec les différents « réalismes », du « naturalisme mystique » à la caricature blasphématoire. De telles refigurations, caractérisées par le syncrétisme et l’hybridation, se prêteront à des réflexions sur les frontières théoriques de la critique d’art et la nomenclature de l’historiographie de l’art.
- Le Christ politisé : Cette iconographie occidentale à vocation universelle prend également place dans l’élaboration des idéologies et la construction parallèle des différentes identités nationales en Europe. Les communications pourront donc interroger le réemploi et la déformation de cette « mémoire collective » à des fins politiques, identitaires et idéologiques, questionner la fonction d’une telle iconographie dans l’édification discursive et visuelle des nouveaux régimes et des utopies sociales qui s’affrontent sur la scène européenne des XIXe et XXe siècles. Muée en répertoire formel, l’imagerie christique ne subsisterait plus que sur le mode du détournement et de la « survivance ».
- L’artiste christifié : Ce Christ débaptisé, dans le contexte post-romantique du dernier XIXe siècle et du premier XXe siècle, revêt souvent les atours de l’artiste. Dans la continuité du deus artifex, les artistes et leurs exégètes posent en principe l’analogie entre la vocation prophétique et la vocation artistique, entre la Passion du Christ et la carrière de l’artiste. En un double mouvement, le Christ se métamorphose en figure identificatoire pour l’artiste et le Nouveau Testament en « schème », fournissant au critique et à l’historien de multiples « motifs stéréotypés » dans l’écriture de l’histoire de l’art. Nous invitons donc les intervenants à étudier ce devenir du Christ en prototype de l’artiste « moderne » et « maudit ».
Cette journée d’étude est organisée dans le cadre du LabEx EHNE « Écrire une Histoire Nouvelle de l’Europe » et développe l’axe « Traditions nationales, circulations et identités dans l’art européen » porté par le Centre André Chastel. Il se déroulera le 11 avril 2015 à l’Institut national d’histoire de l’art (INHA) Paris.
Notez que la remise des propositions d’intervention (350 mots maximum) devra s’effectuer par courriel avant le 31 janvier 2015, à l’adresse suivante : christ.journee.ehne@gmail.com
Organisation & responsabilité scientifique
Benjamin Foudral (Doctorant contractuel, Université Paris-Sorbonne – Centre André Chastel)
Thierry Laugée (Maître de conférences, Université Paris-Sorbonne – Centre André Chastel)
Olivier Schuwer (Doctorant contractuel, Université Paris I Panthéon-Sorbonne – HiCSA)
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26/01/2015