Sciences et Pataphysique
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Comment en matière d’origine des langues et des peuples, du milieu du XVIIIe siècle à nos jours, émerge un point de vue scientifique, des zones de savoirs et des zones de non-savoirs.
Le premier des deux tomes constituant cette publication porte sur l’histoire des origines et examine la manière dont la science (celle décrite au tome II) s’arrache de ce qui est aujourd’hui défini comme mythes.
Maylis de Kerangal : Une écriture nomade
Maylis de Kerangal : Une écriture nomade
Colloque international
9-10 octobre (Université Jean-Jaurès, Toulouse)
et 12-13 octobre 2015 (Université Paris 4-Sorbonne, Paris)
Première manifestation universitaire entièrement consacrée à Maylis de Kerangal, ce colloque en deux volets se propose d’examiner la place qu’occupe cet auteur dans le paysage littéraire contemporain. Ses romans Naissance d’un pont et Réparer les vivants ont été plébiscités par la presse et récompensés par des prix littéraires, mais on s’intéressera à l’œuvre dans son entier – récits à la première personne, nouvelles, textes brefs, essais…
[Vendredi 9 et samedi 10 octobre 2015, Toulouse]
Le volet toulousain, en deux temps, sera tout d’abord consacré à l’aspect littéraire de l’œuvre et s’attachera à situer Maylis de Kerangal par rapport à ses contemporains et/ou ses prédécesseurs, afin de dégager des courants littéraires, par affinité ou par opposition.
La seconde journée toulousaine aura lieu en présence de l’écrivaine et sera consacrée à l’activité de transmission de Maylis de Kerangal auprès des étudiants (elle intervient dans le Master de « Création littéraire » de Paris 8), en relation avec le Master toulousain « Métiers de l’Écriture ».
[Lundi 12 et mardi 13 octobre 2015, Paris]
Le volet parisien abordera l’écriture de Maylis de Kerangal dans une perspective résolument linguistique et interrogera ses choix syntaxiques, lexicologiques, énonciatifs, narratologiques ou stylistiques afin de définir cette langue « perméable [qui] prend la texture du monde, tente de lui être absolument contemporaine » (Devenirs du roman 2, Écritures et matériaux (Inculte, 2014).
Une publication est prévue, après évaluation, aux Éditions universitaires de Dijon dans la collection « Langages ».
Les propositions de communication, d’un paragraphe d’une vingtaine de lignes et de quatre mots-clefs, devront parvenir avant le 15 octobre 2014 par courrier électronique aux adresses suivantes :
Films fantômes
Films fantômes
Bertrand Bonello
Chez Les Prairies Ordinaires, 256 p.
Que fait-on d’un film que l’on n’a pas pu tourner ? Un film fantasmé, écrit, travaillé, rêvé jusqu’à l’épuisement… Rêvé au point qu’il en devienne un cauchemar, puisque que les nuits révèlent jour après jour les images qu’il devait produire. Que fait-on de ce fantôme pervers ? Se pose régulièrement la question de le reprendre tel quel.
S’y replonger chaque année, relire les notes, revoir les photos de repérages, se remémorer pourquoi le film ne s’est pas fait, penser au chemin qu’il faudrait reprendre, puis refermer le scénario, non sans en avoir corrigé quelques scènes. Ou le faire réapparaître dans d’autres films, par fragments peut-être. Mais il faut pour cela le démembrer, casser sa cohérence. Alors, parfois, un dialogue ressurgit, une scène, une musique, un geste… Ou le laisser comme un bloc de granit au fond de soi. Les films fantômes reviennent sans cesse. Ce sont évidemment les plus beaux parce qu’ils ne sont pas ratés.
Publié à l’occasion de l’événement que lui consacre le Centre Pompidou, ce livre regroupe trois projets inédits de Bertrand Bonello, La Mort de Laurie Markovitch, Madeleine d’entre les morts, American Music, ainsi que le texte du court métrageCindy, the Doll is Mine.
Le Roman de la bibliothèque
Introduction
Les livres sont le plus souvent disposés les uns à côté des autres, le long d’un mur ou d’une cloison, sur des supports rectilignes, parallèles entre eux, ni trop profonds, ni trop espacés. Les livres sont rangés – généralement – dans le sens de la hauteur et de telle façon que le titre imprimé sur le dos de l’ouvrage soit visible (parfois, comme dans les devantures des librairies, on montre la couverture des livres, mais ce qui, en tout cas, est inhabituel, proscrit, presque toujours considéré comme choquant, c’est un livre dont on ne voit que la tranche (1).
Voilà des lignes qui font honneur à l’humour de Georges Perec. Si par malheur, on les prenait au sérieux, il n’y aurait rien de plus morne que la pièce où se rassemblent les livres ainsi disposés et qu’on appelle une bibliothèque. À moins que, justement, il ne prenne fantaisie à un original de montrer la tranche de ses livres, comme c’est le cas pour l’excentrique Kien, le sinologue inventé par Elias Canetti dans son Auto-da-fé (2). La bibliothèque ne serait digne d’intérêt que dans les dérogations à un ordre quasi immuable.
Bien entendu, il n’en va pas ainsi. Les livres réclament toujours de la compagnie : quelques fauteuils moelleux, des lampes tamisées, une ou deux tables basses où traînent des revues, des cendriers pour les fumeurs, sans oublier l’échelle, bonheur des enfants qui s’aventurent dans l’antre du savoir… [Lire la suite en PDF – 8 pages]
1. Georges Perec, Penser, classer, Hachette, Paris, 1985, p. 35.
2. Elias Canetti, Auto-da-fé, trad. fr. P. Arhex, coll. « L’Imaginaire », Gallimard, Paris, [1968] 1991.
Daniel Ménager, Le Roman de la bibliothèque, Les Belles Lettres/essais, 2014, pages 9-16.
L’Être double
Renée Vivien (1877-1909) n’en finit pas de nous étonner. Par sa voracité littéraire, tout d’abord, qui traverse histoire et continents. Voici que, dans L’Être double, vient se mêler à de nombreux poètes d’Occident le large éventail de la littérature japonaise ! Au point que la lecture de ce roman de 1904 soulève la question : poème roman ou roman poème ?
Ici, la poésie, derrière ses paravents, cache et souligne à la fois une intrigue prosaïque et violente : à un mariage raté entre une femme fleur et un vaniteux taureau de mari, un ondoyant être double féminin, raffiné et sans argent, saphique mais ne reculant pas devant la trahison de ses goûts, vient porter le coup fatal… « … je suis un Être Double. Il y a en moi quelque chose de brutal et quelque chose de perfide, un mélange du tyran et de l’esclave. Le masculin despotique s’y heurte à une féminité en révolte. Cette dualité implacable explique peut-être mes cruautés qui sont un peu des inconsciences. Pourtant une aspiration confuse vers le Mieux survit encore aux laideurs de ma vie. Et cette aspiration monte jusqu’à Géraldine ainsi qu’une flamme. Je voudrais cacher mon abjection dans un pli de sa robe, et pleurer… pleurer… pleurer. »
Célébration ou condamnation de l’Être Double ?
La poésie, qu’incarne ici le personnage de Vivian Lindsay, Sappho américaine à la lyre nippone, ne peut qu’accompagner, impuissante, le crime monstrueux de la vie.
Journaliste et écrivain, Nicolas Berger, qui présente la première réédition de ce roman chez ErosOnyx depuis 1904, a consacré ses mémoires de maîtrise et de D.E.A. à la prose de Vivien.