Eça de Queiroz
Les frappés de littérature finiséculaire connaissent sûrement déjà Eça de Queiroz, le Flaubert portugais et notamment l’excellent 202, Champs-Elysées dont nous vous avons déjà parlé à plusieurs reprises. La Correspondance de Fradique Mendes, moins connu peut-être, est également republié aux éditions La Différence. Vous trouverez chez le même éditeur Le mystère de la route de Sintra, roman, Son Excellence, le comte d’Abranhos, Contes et nouvelles et Le crime du padre Amaro, roman. Notez que Mille et Une nuits ont quant à eux sorti Les Anglais en Egypte.
Publié à titre posthume en 1900, La Correspondance de Fradique Mendes avait paru en livraisons éparses à partir de 1888 dans de grands journaux de Rio de Janeiro et de Lisbonne. Les lettres à des correspondants fictifs, signées Fradique, étaient précédées de la biographie tout aussi imaginaire de cet élégant et paradoxal dandy, prétendument rédigée après sa mort par son meilleur ami. Il y a donc un jeu plus que troublant entre le personnage, son supposé biographe, et Eça de Queiroz lui-même, qui a conduit récemment certains critiques à y voir des figures du double, et même, déjà, de l’hétéronymie.
On s’amuse en tout cas beaucoup à suivre ce dilettante très fin de siècle dans ses pittoresques aventures, à Paris ou à Lisbonne, ou encore au Caire… Ses lettres, brillantes et enjouées, complètent le tableau offenbachien d’une société cosmopolite au seuil du XXe siècle : chroniques légères, marivaudage, portraits au vitriol de «types» balzaciens, ou saynètes aussi cruelles qu’hilarantes, elles dénoncent déjà les abus du progrès, les ridicules de la politique, les ravages d’une presse partisane, ou les hypocrisies religieuses. La Correspondance de Fradique Mendes, d’une stupéfiante modernité et d’une irrésistible drôlerie, est à inscrire parmi les grandes œuvres du XIXe siècle.
Né à Póvoa de Varzim, petite ville du Nord du Portugal, en 1845, Eça de Queiroz fut consul à Paris de 1888 jusqu’à sa mort, en 1900, à Neuilly. L’œuvre de cet immense écrivain («un des plus grands de tous les temps», d’après Jorge Luis Borges), amoureux de la France, est de plus en plus prisée par les lecteurs français.
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10/04/2014