Ryner chez Théolib
Après Le Cinquième évangile, Le Sphinx rouge et Les Paraboles cyniques, Théolib réédite l’opus magnum éthique de Han Ryner : le double volume de La Sagesse qui rit et Le Rire du sage.
Voici les couverture et présentation de l’éditeur Pierre-Yves Ruff pour chacun des deux ouvrages :
Vers une éthique philosophique
Ce livre, étroitement lié à celui que nous publions simultanément, Le Rire du Sage, présente en quelque sorte le regard panoramique de Han Ryner sur ses études des sages de la Grèce ancienne.
Parfois, l’auteur se montre déconcertant, y exposant comme aboutissement de recherches historiques et certitude ce qui, ailleurs, est présenté comme fiction. Mais comment mesurer ce qu’il en est, entre le probable, le pensable, le possible, dans la réalité parfois mouvante de la pensée ?
Là n’est toutefois pas l’essentiel. Fussent les ouvrages de Ryner emplis de pures créations, fussent les personnages de Socrate, de Jésus et tant d’autres entièrement réinventés, la fiction n’en serait pas moins parlante, la représentation – pour reprendre ici un terme de théâtre – n’en donnerait pas moins à penser.
A titre personnel, j’incline à préférer le poète qui écrit ailleurs : « Et, puisque le souvenir de Jésus, fluide et flottant comme un fantôme, a pris les formes successives de poètes qui se croyaient des historiens, Il prendra bien encore la forme d’un rêveur qui n’ignore point son rêve est un rêve. » – à l’historien qui affirme ici : « J’ai tenté dans Les Véritables Entretiens de Socrate de retrouver la vraie pensée de Socrate, comme j’ai tenté dans le Cinquième évangile de retrouver la vraie doctrine et la véritable évolution de Jésus.
Mais le « vrai » ne réside peut-être pas tant dans le fait avéré, que dans le regard qui le reconstitue. Ryner, en ce domaine, excelle.
Et cet essai restera un ouvrage majeur dans la quête d’une sagesse pratique, d’une éthique à la fois dégagée de la métaphysique tout en restant profondément humaine.
Han Ryner, La Sagesse qui rit, Théolib, collection Liber***, 2014, 142 p., 18 euros, ISBN 978-2-36500-076-5.
Le Rire du Sage
« En attendant la paix définitive, qui viendra ou ne viendra pas, en attendant la justice qui viendra ou ne viendra pas, en attendant que l’amour triomphe ou ne triomphe pas, je serai le Témoin des plus nobles désirs humains. Même si l’homme ne doit jamais avancer sur la route de Beauté et de Bonheur, il en faut comme Socrate, Epicure, Jésus et Epictète pour qu’il ne recule pas. Grâce à ces héros, je ne désespère point. Peut-être mon courage protégera contre le désespoir un homme lointain. Grâce à moi, il verra que le bonheur est possible à l’individu isolé ; et, si les individus affranchis devenaient assez nombreux, le bonheur, la paix, l’amour seraient les sublimes créations et les biens profonds de l’homme. Dans le désert d’où l’on sortira ou d’où l’on ne sortira pas, parmi tes ricanements et tes haussements d’épaules, laisse, Panther, que je sois l’Homme selon son rêve d’harmonie, de miséricorde et de douceur ; l’Homme qui, à cause de toi, Panther, ne se réalisera peut-être jamais au dehors dans la grâce des gestes libres, mais que rien, pas même toi, ne saurait empêcher de se réaliser intérieurement dans la ferveur et la joie d’une âme libre.< »
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Quels mots, mieux que ceux-ci de Han Ryner, pourraient indiquer le projet et l’horizon de cet ouvrage ?
Un autre livre de Ryner, un autre encore, en attente et en appel d’autres ouvrages de Ryner, l’ « ouvrage », ici, se faisant tout autant livre qu’Homme…
Han Ryner, Le Rire du Sage, Théolib, collection Liber***, 2014, 128 p., 18 euros, ISBN 978-2-36500-077-2.
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7/04/2014