Louis Veuillot par Larousse
« Il nous semble superflu de porter un jugement sur M. Veuillot, devenu le chef reconnu des catholiques de France. […]
Sans instruction, sans idées, sans aucune force d’esprit, il a conquis le rang qu’il occupe par son zèle dévorant et par son talent de polémiste.
Toutefois ce talent, si on l’examine de près, consiste surtout dans des raffinements de méchanceté. Sa préoccupation est de rendre l’injure aussi outrageante que possible, et comme il n’a aucune finesse de goût et n’est retenu par aucune des considérations qui arrêtent les hommes bien élevés, il tombe dans des grossièretés inouïes. Il reproche aux gens leur âge, leurs infirmités, leur tournure, leur laideur. Il entre dans leur vie privée ; il ne lui suffit pas d’assassiner, il faut qu’il souille, qu’il déshonore.
Quant à son style, il a de la verve, de l’éclat, d’heureuses trouvailles de mots, mais il tend de plus en plus à tomber dans l’afféterie, dans la recherche, et il abonde en incorrections d’autant plus frappantes que M. Veuillot parle des lettrés en cuistre et en pédant. […]
Ajoutons, en terminant, que nul homme de ce temps-ci n’a rendu plus de services à la libre pensée que le rédacteur de l’Univers. En exposant incessamment le divorce complet qui existe entre l’Église et la société moderne ; en s’attachant à prouver que le catholicisme condamne absolument les idées de liberté, de justice et de tolérance admises par toutes les nations civilisées ; que les peuples doivent retourner au moyen âge, se courber sous l’omnipotence papale et prendre pour règle unique le Syllabus ; enfin, en affirmant que « rien n’est plus naturel et plus nécessaire que de livrer au bras séculier et de punir de mort l’hérétique » M. Veuillot a déchiré tous les voiles, rendu toute illusion impossible et fourni à la libre pensée un de ses arguments les plus forts contre les doctrines romaines. »
Pierre Larousse, Grand Dictionnaire
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2/12/2013