Léon Bloy
Léon Bloy
Journal inédit (1908-1911). Volume IV
Sous la direction de Michel Malicet et Pierre Glaudes .
Lausanne, L’Âge d’Homme, coll. Caryatides, 2013.
Présentation de l’éditeur :
Le Journal de Léon Bloy est un monument légendaire de la littérature française du début du XXe siècle.
Jamais, toutefois, il ne fut publié dans son intégralité avant cette édition dirigée par Michel Malicet et Pierre Glaudes du centre CNRS Jacques Petit. Le volume IV relate les années 1908-1911.
Il est temps de préciser brièvement les différentes sortes d’intérêt de ce Journal inédit : D’abord un intérêt documentaire : on trouve dans ce compte rendu haletant la description de la vie quotidienne d’une modeste famille à la fin du dernier siècle, cette peinture de l’état des lieux et des choses d’une époque. On trouve ensuite une peinture de la vie littéraire, évidemment centrée autour des activités de l’auteur. On y trouve encore des jugements, souvent cruels, sur ses contemporains : Bourget, Coppée, Zola, Huysmans mais aussi Zévaco, Leblanc, Gourmont, d’Esparbès…
Un document sur l’époque, un document sur le monde littéraire et l’œuvre, mais aussi un document unique sur la psychologie d’un homme plus fragile qu’on pourrait le croire, avec des alternances de dépression et d’excitation, prompt aux larmes, conscient de ne pouvoir toujours dompter « toutes les bêtes qui sont en lui » ; mieux encore, un document sur l’aventure spirituelle d’un être habité de la folle croyance d’avoir été choisi par Dieu pour une mission extraordinaire, celle de témoin de l’Absolu.
Certes, tout cela est bien connu et s’exprime dans le Journal publié de son vivant.
Mais le Journal inédit est beaucoup plus riche en détails sur la source de cet orgueil, de cette attitude de « mendiant ingrat » qu’on lui a tant reprochés et qui ont pour origine une certitude religieuse née d’expériences quasi mystiques.
Entreprise comme pur journal narrant dans le détail les événements quotidiens, cette œuvre est soustendue par un projet autobiographique dans la mesure où l’auteur est conscient de vivre une mission providentielle qui doit déboucher sur un triomphe.
Bloy n’a pas voulu proposer au lecteur son Journal tel qu’il l’écrivait au jour le jour. Il est passé ainsi, dans l’oeuvre qu’il a remaniée pour la publication, à une écriture plus proche de l’autobiographie. Quel dommage ! Quel massacre ! De la vie trépidante et anxieuse, du film haletant, on passe à une série de photos immobiles et glacées, de l’homme si humain et parfois si émouvant, à la statue du Prophète, à celle du moraliste juge de son siècle.
Ce Journal inédit le rétablit tel qu’en lui même. Gageons que personne ne sera indifférent à la rencontre de ce frère d’élection qui recueillit ses cris de colère, pansa ses blessures et lui permit de franchir l’épreuve de l’attente, en contant inlassablement les jours.
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5/08/2013