Jean de La Ville de Mirmont.
les dimanches de Jean Dézert ; l’horizon chimérique (Preface De Francois Mauriac)
Né à Bordeaux en 1886 Jean de La Ville de Mirmont quitte sa ville natale en 1910 et retrouve son camarade François Mauriac à Paris. Quand vient la guerre de 1914, il est appelé au 57ème régiment d’infanterie. En novembre, le sergent de Mirmont est touché par un obus et meurt à 28 ans pour la France, sur le plateau du Chemin des Dames. À l’image de sa vie, l’œuvre de Jean de La Ville de Mirmont fut courte. Son roman, Les Dimanches de Jean Dézert, est publié quelques mois avant son départ pour le front. De ce récit autobiographique, il écrit à sa mère : » J’ai imaginé un petit roman qui m’amuserait beaucoup. Le héros de l’histoire serait absurde et tout à fait dans mes goûts… Ce sera désolant sous un aspect ridicule « . L’Horizon chimérique est un recueil de poèmes posthume. L’auteur y dévoile son cœur altier, celui d’un jeune homme de vingt ans que la vie appelle. On y trouve le lyrisme et l’étonnement d’un voyageur immobile, l’âme tournée vers la mer. Ces deux livres ont été publiés dans la collection Petite Vermillon en 1998. La sortie aux Éditions Gallimard du roman de Jérôme Garcin, Bleus horizons, est l’occasion de réunir en un volume l’œuvre de Jean de La Ville de Mirmont.
L’œuvre de Jean de La Ville de Mirmont, tué au front le 28 novembre 1914 à l’âge de 27 ans, se compose d’un court roman, Les Dimanches de Jean Dézert, de contes et de poèmes publiés après sa mort, sous le titre de L’Horizon chimérique. Né à Bordeaux en 1886, Jean de la Ville de Mirmont a passé sa jeunesse dans la capitale girondine. Il y a noué maintes amitiés fidèles, dont celle de François Mauriac qui a tout fait pour perpétuer son souvenir. Dans ses Nouveaux Mémoires intérieurs, il évoque » les amis qu’il a le plus aimés, presque tous partis à l’aurore de leur vie. Comment était leur voix ? Peut-on réentendre ces voix du temps que la cire ne les gardait pas ? Cet accent qui était le leur, un certain rire de ce Philippe, de ce Jean… » Ce Jean, Jean de la Ville, était poète. Avant de partir pour le front, il avait laissé sur son bureau un dernier poème, » Le Grand Voyage » : » Cette fois mon coeur, c’est le grand voyage, / Nous ne savons pas quand nous reviendrons. » Il n’est pas revenu. La littérature française était orpheline d’un grand talent. Les Dimanches de Jean Dézert, la seule oeuvre publiée de son vivant, est l’histoire du désenchantement. Jean Dézert est un employé de ministère qui » considère la vie comme une salle d’attente pour voyageurs de troisième classe. » Il n’arrive ni à atteindre le bonheur ni à se suicider. Il vit, comme tout un chacun. C’est un livre d’une modernité étonnante. On retrouve cette ironie désabusée dans des contes comme » Le piano droit « , tandis que les poèmes de L’Horizon chimérique, également recueillis dans ce volume, sont plein d’une mélancolie baudelairienne.
«Le 8 septembre 1914, Jean reçut sa feuille de route. Il la baisa, la caressa, la respira. Il pleura aussi, mais de joie en lisant et relisant sa convocation. Car il était attendu, deux jours plus tard, à la caserne de Libourne où il partit avec cette ferveur que mettent les pèlerins à rejoindre Saint-Jacques-de-Compostelle, cette naïveté des enfants qui rentrent chez eux après des vacances en colonie. Le garçon que je rencontrai pour la première fois était heureux et si plein d’idéal qu’on l’eût dit inconscient du danger. Il ressemblait plus à un chevalier des croisades qu’à un soldat et attribuait à la protection de Dieu son invincibilité. Pourtant, il n’avait plus que deux mois à vivre. C’est quoi, deux mois? Huit semaines, soixante jours, une broutille, un coup de vent, le temps d’un soupir, une éternité.»
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15/04/2013