Wilde en cage (bis)
Sur le site A Wildean World, nous avons pu lire entre autres choses la traduction par V. Wilkin de la lettre envoyée à des journaux irlandais par Jim Yates, auteur de ‘Oh Père Lachaise’, qui s’insurge contre l’accumulation de barrières, de fer comme de verre, autour de la tombe d’Oscar Wilde. La voici…
A l’attention du rédacteur en chef
Il y a quelques jours, j’étais à Paris, au Père Lachaise, où j’organisais des visites guidées en lien avec mon roman (Oh Père Lachaise). C’était la première fois que je revenais sur la tombe d’Oscar Wilde depuis la mise en place de la barrière de verre. Ce fut un véritable choc de voir ce que l’Irlande, par l’entremise du ministère des travaux publics, et Merlin Holland, le petit fils de Wilde, ont fait subir à la dernière demeure du pauvre Oscar. J’avais élevé la voix, dès les débuts du projet, pour prévenir que cette entreprise tournerait en une désastreuse pagaille ; de fait c’est un désastre.
Les traces de rouge à lèvres n’étaient pas une bonne chose, certes, mais au moins le résultat n’était pas vulgaire. Ce que nous voyons à présent est un monument de vulgarité qui porte haut l’absence d’appréciation esthétique de l’Irlande. L’esthétisme, pour les responsables de ce gâchis, doit plus s’apparenter à une maladie mentale contagieuse qu’à une appréciation de la beauté et du goût. Malheureusement, le sens de la Beauté est toujours perdu pour ceux qui regardent sans voir.
Merlin Holland, qui est le gardien de l’héritage d’Oscar, est pour beaucoup dans cette triste affaire car c’est lui qui a suggéré au gouvernement irlandais cette incursion dans la Ville Lumière. Il est mieux placé que quiconque pour connaitre l’histoire de l’incarcération d’Oscar à la prison de Reading et des souffrances dévastatrices qu’il y a endurées. Le voir à nouveau cerné de barreaux est une insulte à sa mémoire. Je ne peux répéter les mots des personnes qui m’accompagnaient alors que nous contemplions le résultat de ce vandalisme d’Etat à l’encontre d’un site iconique. Si Oscar pouvait s’exprimer, je suis sûr que lui aussi aurait beaucoup à dire et qu’il trouverait des mots choisis.
Les visiteurs ne peuvent pas lire son nom, même s’ils arrivent à franchir la première ligne de barrières. A l’arrière de la tombe, il y a une inscription sur la vie de Wilde ainsi que quelques lignes de la ballade de la geôle de Reading. La saleté de la barrière de verre rend ces dernières illisibles. Quel idiot voudrait que les mots d’un poète soient illisibles ?
Et qui paye pour cette stupidité ? Devinez …les pauvres contribuables irlandais. C’est de l’argent mal dépensé par un ministre d’état irresponsable. Que le ministre des travaux publics, Brian Hayes, rende publics les comptes de son aventure parisienne et qu’il voie s’il peut justifier l’engagement de l’Etat dans cet attentat anticulturel.
L’Irlande ne mérite pas de compter Oscar Wilde comme un de ses fils, une fois de plus il est insulté par les siens. Les parisiens n’apprécient pas que des vandales, sous l’égide du gouvernement irlandais, aient pris la liberté de venir profaner le beau site du Père Lachaise. Paris est lieu de beauté et doit le rester. Il est grand temps que le gouvernement irlandais paye pour le nettoyage de cette folie, s’excusent auprès des parisiens et mettent la plus grande distance possible entre eux et la Ville Lumière.
Les mots d’Oscar, masqués par la saleté de la barrière de verre, sont sonnent juste pour résumer cette lamentable affaire, ils sont aussi forts aujourd’hui que quand ils ont été écrits » Des larmes étrangères rempliront pour lui la longue urne brisée du chagrin. Car les parias le pleureront, et les parias sont ceux qui toujours pleurent »
Veuillez agréer mes salutations distinguées
Traduction V Wilkin
Laisser un commentaire
8/01/2013